Kingsbury domine à la maison

SAINT-CÔME | Devant une foule conquise, Mikaël Kingsbury a souligné de belle façon son retour à la station de ski Val Saint-Côme en signant une victoire sans équivoque à l’occasion de la première Coupe du monde de bosses disputée en soirée au Canada.

Avec 85,37 points, Kingsbury a devancé le Suédois Walter Wallberg (81,69) et le Japonais Ikuma Horishima (81,36) pour signer sa 77e victoire en Coupe du monde.

Premier après les qualifications et la finale, la fierté de Deux-Montagnes s’est élancée dernier en super finale (top 6) et il s’est assuré de ne pas trop pousser la note étant donné que ses principaux adversaires n’avaient pas obtenu de gros pointages.

«Avant de prendre le départ, j’ai parlé à mon coach [Michel Hamelin] et on s’est rappelé que nous étions à la maison et de l’importance de ne pas vouloir trop en faire, a souligné Kingsbury. Les pointages étaient plus bas et je me suis dit : “ce n’est pas le temps de pousser la machine au maximum. Tu peux être propre et tu te mets dans les temps.” J’ai été un peu plus lent, mais je savais que ça allait être suffisant avec la vitesse que j’ai skié.»

«Avec mon préparateur mental [Jean-François Ménard], qui était présent, et mon entraîneur, on a fait un bon travail d’équipe, de poursuivre Kingsbury. Cette victoire fait du bien. C’est facile dans ce genre de moment quand tu pars dernier et que tu as la foule dernière toi de vouloir en mettre un peu trop. C’était important d’être intelligent.»

Crédit photo : Martin Chevalier / JdeM

En confiance

Le Québécois de 30 ans était confiant quand il a franchi la ligne d’arrivée en super finale.

«J’ai fait une meilleure descente qu’en finale et personne n’avait réussi un pointage de 83, a-t-il expliqué. Je me suis dit que j’allais être correct si les juges étaient constants. Je m’attendais à un 84 d’au moins un adversaire.»

Kingsbury a pleinement apprécié ce retour à la maison devant une foule partisane.

«Je voulais bien performer, surtout à la maison, et effacer ma contre-performance [29e place] à l’Alpe d’Huez [en France] lors de la dernière Coupe du monde, a-t-il souligné. C’était cool et spécial devant la foule. Les deux dernières fois au Québec, nous étions à huis clos. Nous sommes à 250 mètres au départ, mais on entend la foule et ça donne le petit extra de savoir que les gens sont de ton bord.»

Le champion a savouré sa victoire notamment avec sa plus jeune nièce et les jeunes skieurs venus l’encourager.

«J’ai une photo avec chacune de mes trois nièces à leur première course et j’ai gagné chaque fois, a-t-il raconté. C’est une belle histoire. Ça me fait tellement plaisir de voir les jeunes. Je me souviens que j’étais le premier à aller voir Jean-Luc Brassard et mes idoles quand j’étais jeune.»

Revanche en duel

Kingsbury tentera de savourer sa revanche en parallèle, samedi.

«Je vise de prendre ma rédemption. Dernièrement, j’ai été vraiment bon en duel. J’ai gagné en Suède et j’ai gagné presque tous les duels des deux dernières années sauf lors de mon accrochage en ronde des 32 en France. C’est un peu ma force et je deviens un autre skieur quand il y a quelqu’un à côté de moi. J’adore le simple, mais le duel vient me chercher encore plus. J’ai plus de plaisir.»

Le dernier duel de Kingsbury au Québec remonte en 2012 quand il s’était imposé au mont Gabriel.

Crédit photo : Martin Chevalier / JdeM

Première finale pour trois Québécois

Pour la première fois depuis des lunes, quatre Canadiens ont atteint la finale masculine, vendredi.

En plus du triple médaillé olympique Mikaël Kingsbury, Elliot Vaillancourt (9e), Louis-David Chalifoux (10e) et Julien Viel (12e) ont percé le top 16. Pour les trois derniers, il s’agissait d’une première en Coupe du monde.

L’histoire de Vaillancourt est plutôt inusitée. Écarté de la finale, il a profité d’une révision des juges.

«Ils ont jugé un de mes sauts avec un coefficient de difficulté trop bas, a-t-il expliqué. En changeant le degré de difficulté, j’ai obtenu 1,5 point de plus, ce qui m’a permis de passer en finale. Ça change la qualité de mon sommeil ce soir.»

Après les qualifications, Vaillancourt était furieux, mais il ne savait pas encore que les juges avaient erré.

«J’étais frustré parce que je n’avais pas réussi une descente à la hauteur de mes attentes surtout lors du saut du bas. Je me disais que ça allait me coûter cher. C’est effectivement ce qui est arrivé, mais la révision de notes a tout changé.»

Après la finale, Vaillancourt affichait son sourire des grandes occasions.

«C’est la première fois que j’arrive en bas d’un parcours de Coupe du monde et que je suis content de ma descente, a affirmé le natif de Drummondville. C’est immense comme sentiment. Je vais sortir d’ici très heureux et ça pourrait me servir de tremplin pour la suite.»

Attentes dépassées

Chalifoux a terminé tout juste derrière Vaillancourt, en 10e position.

«Je suis très content et ce résultat dépasse mes attentes. L’an dernier à Tremblant, j’ai contracté la COVID-19 dans les jours précédents les courses et je n’avais pas pu m’entraîner. Le résultat de ma course n’avait pas été bon.»

Champion de la Coupe NorAm l’an dernier et régulier de la Coupe du monde cette saison, Viel a brillé en qualifications avec une quatrième place.

De bon augure

Chez les femmes, Maïa Schwinghammer a obtenu le meilleur résultat de sa carrière, terminant cinquième. Il s’agissait de sa première présence en super finale (top 6), exploit qu’elle a réalisé devant ses parents qui avaient fait le voyage depuis Saskatoon.

«C’est vraiment incroyable. Je ne pourrais pas être plus heureuse. J’ai fait beaucoup d’efforts pour me rendre ici et je suis contente d’avoir performé à la hauteur de mon potentiel.»

Kingsbury avait de bons mots pour ses coéquipiers.

«Ça faisait longtemps que le Canada n’avait pas eu autant de skieurs en finale. Quatre gars et quatre filles et un gros bravo à Maïa, qui a fait la super finale. J’ai hâte qu’ils fassent ça plus souvent et je sais que ça s’en vient.»