Bobby Hull: pour le meilleur et pour le pire

Le «Golden Jet» a rendu l’âme à l’âge de 84 ans lundi et une certitude demeurera : Bobby Hull n’a laissé personne indifférent au cours de sa vie.

Voici quatre moments qui ont défini la carrière du natif de Point Anne, en Ontario.

Les Hawks de retour au sommet

Une vingtaine d’années s’étaient écoulées depuis le dernier sacre des Blackhawks de Chicago lorsque Bobby Hull a fait son arrivée avec l’équipe, en 1957. Il a fallu quatre saisons pour qu’il parvienne à redorer le blason de l’équipe de l’Illinois, aidé par Stan Mikita, Pierre Pilote et Glenn Hall. Après deux éliminations hâtives consécutives aux mains du Canadien de Montréal, les Hawks sont finalement venus à bout du Tricolore, en 1961, avant de défaire les Red Wings de Detroit en grande finale de la Coupe Stanley. Hull s’était fait plutôt discret à ses neuf premiers matchs éliminatoires en carrière, avec trois points en neuf duels. Il a levé son jeu d’un cran au printemps 1961 : seul Pilote (15 points) avait été plus productif que Hull (14) en 12 matchs.

Suivre les pas du Rocket

Les célébrations entourant le troisième sacre de l’histoire des Hawks n’ont pas empêché Hull de mettre les bouchées doubles en vue de la saison 1961-1962. Le robuste ailier gauche passait ses étés à travailler à sa ferme de Belleville, en Ontario, lui permettant de prendre du coffre pendant que la plupart des vedettes de l’époque se la coulaient douce pendant la saison morte. Moins d’un an plus tard, Hull devenait le troisième joueur de l’histoire de la Ligue nationale de hockey (LNH), après Maurice Richard et Bernard Geoffrion, à atteindre le plateau des 50 buts en une campagne.

Le «Golden Jet» ne s’est pas toutefois contenté de suivre les pas du «Rocket». Le 12 mars 1966, il a déjoué le gardien des Rangers de New York Cesare Maniago pour obtenir son 51e filet de la saison et établir un nouveau record de la LNH. Il a dépassé sa propre marque deux saisons plus tard en inscrivant 58 filets. Au total, Hull a connu cinq campagnes de 50 buts et plus. Seuls six joueurs dans l’histoire du circuit ont réussi ce fait d’armes plus souvent.

Une nouvelle ère

En 1972, Hull était une des plus grandes vedettes de la LNH. Il avait exprimé à plusieurs reprises son mécontentement à l’égard des conditions salariales des joueurs de hockey professionnels, mais il est passé de la parole aux actes à la fin du mois de juin de 1972. En quête de crédibilité, l’Association mondiale de hockey (AMH) tentait par tous les moyens d’usurper des joueurs étoiles à son grand compétiteur, la LNH. Propriétaire des Jets de Winnipeg, Ben Hatskin a convaincu Hull de changer d’allégeance en lui soumettant une offre comportant une prime de 1 million $ – une somme faramineuse à l’époque.

«Je croyais que c’était une blague, a plus tard raconté Hull au réseau ESPN. Au début, je faisais semblant d’y croire pour faire peur aux Blackhawks.» Le futur membre du Temple de la renommée a pourtant bel et bien joint l’équipe du Manitoba, avec qui il a récolté 638 points en 411 matchs dans l’AMH et remporté deux coupes Avco.

De héros à zéro

Il ne fait aucun doute que Bobby Hull est un des joueurs les plus marquants de l’histoire de la LNH. En plus de ses 610 buts, 1170 points et nombreux trophées, il fait partie du tandem père-fils le plus prolifique du hockey. Brett et Bobby Hull ont accumulé à eux deux 1351 buts et 2561 points. Celui-ci a toutefois entaché, et ce, à plusieurs reprises, son héritage en raison de son comportement violent et de ses sorties controversées. En plus d’avoir été accusé d’abus par deux de ses ex-femmes, Hull aurait avancé qu’Adolf Hitler «avait certaines bonnes idées, mais est allé un peu trop loin» dans une entrevue avec le «Moscow Times», en 1998. Les Blackhawks ont longtemps attendu avant de couper les ponts avec le meilleur buteur de leur histoire. Le 21 février 2022, ils ont finalement annoncé que Hull n’allait plus être dans l’entourage de l’équipe, lui qui occupait un rôle d’ambassadeur.