L’importance du premier discours de St-Louis
Il y a pratiquement un an jour pour jour, Martin St-Louis roulait du Connecticut vers Montréal. En chemin, il avait téléphoné à l’un de ses mentors, John Tortorella, pour obtenir des conseils.
En route vers Montréal à la veille de l’annonce qu’il devenait le nouvel entraîneur en chef du Canadien, ce qui représentait une surprise à ce moment, St-Louis n’avait qu’une seule chose en tête.
«Quand j’étais en chemin, je savais que j’avais la job. Je me préparais pour rencontrer mon équipe. Je ne me souciais pas des stratégies, des X et des O et de mes concepts. On n’était pas là. Je pognais une équipe qui était à terre émotionnellement. Je voulais juste les faire aimer le hockey encore.»
«Je me souviens que j’étais préoccupé à savoir comment j’étais pour parler à l’équipe. Je voulais préparer mon premier discours. Après le discours, je pouvais passer à une autre étape.»
Paroles marquantes
De Nick Suzuki à Cole Caufield à Josh Anderson à Jake Allen ou à Tyler Toffoli, tous les joueurs de cette édition 2021-2022 ont reparlé de ce premier discours.
Ils ont dit plus d’une fois qu’ils avaient eu des frissons en écoutant parler le membre du Temple de la renommée.
«Si tu penses à trop de choses, tu oublies la tâche la plus importante, a dit l’ancien numéro 26. Je me concentrais sur mon discours. On a commencé à bâtir tranquillement, à se relever.
«C’était une situation difficile. Je savais ce qui m’attendait aussi. On approchait de la date limite, je savais que nous étions pour perdre des gars et obtenir des espoirs ou des choix. J’avais besoin d’un plan et je voulais le suivre.»
Heureux dans la marmite montréalaise
«Si je peux tuer deux oiseaux avec une seule roche, c’est encore mieux.»
Martin St-Louis arrive pour une entrevue avec Jonathan Bernier et l’auteur de ces lignes en déposant un bol blanc, où se cache une salade aux œufs, sur ses immenses cuisses, découpées comme deux troncs d’arbre. Il aime mieux parler et manger en même temps. Il gagne du temps puisqu’il a encore de la préparation à la veille de la visite des Sénateurs d’Ottawa, mardi, au Centre Bell.
Dans son langage coloré, il sort une référence anglophone qu’on traduirait ainsi : «Faire d’une pierre deux coups».
Sans le vouloir, il offrait du contenu pour une autre parodie d’Infoman, l’une des scènes fortes de l’émission du jour de l’An.
À quelques jours de son premier anniversaire (9 février) comme entraîneur en chef du Canadien, St-Louis parle des changements dans sa vie de tous les jours, de son éloignement familial et de son évolution derrière le banc.
Pour la portion humaine, il a fait un virage à 180 degrés en acceptant l’offre de Kent Hughes et de Jeff Gorton l’hiver dernier. D’un quotidien relativement tranquille au Connecticut avec sa femme, ses trois garçons et son rôle d’entraîneur au niveau mineur, il est probablement devenu la personne qu’on aperçoit le plus souvent dans les bulletins de nouvelles après François Legault.
«Je le savais quand j’ai pris la job, j’ai grandi ici, rappelle-t-il en riant. Je savais ce que le Canadien représente pour la province. Ce n’est pas juste la province. On a beaucoup de partisans à l’extérieur. Habituellement, les gens quand ils te voient, ils sont contents. C’est spécial pour eux. Ce n’est pas comme si je vais rester chez moi pour éviter ces situations-là. J’aime ça changer la journée de quelqu’un.»
Bien zen et calme
St-Louis nage bien dans cette réalité où il ne peut marcher deux coins de rue au centre-ville de Montréal sans se faire reconnaître. S’il sort pour regarder un match des séries de la NFL et boire une bière dans un pub, il recevra plusieurs demandes de photo ou d’autographe.
«Oui, ça ne me dérange pas, réplique-t-il. Je ne suis pas le gars qui va rester chez lui parce qu’il a peur du public et ne veut pas interagir. Ma famille n’est pas avec moi, donc les soirées peuvent être longues. Je vais souper souvent pour éviter d’avoir le sentiment d’être seul. Parfois, tu as besoin de ça parce que, durant une saison, tu as des hauts et des bas. Surtout dans les bas. Quand tu es tout seul, ça ne débarque jamais. Ça prend ces pauses mentales. Juste aller souper, ça te donne une pause du hockey.»
Différent de New York
À ses jours avec le Lightning de Tampa Bay ou les Rangers de New York, où il était l’une des grandes étoiles de la LNH, St-Louis se faisait reconnaître. Mais ce n’était jamais au même niveau qu’aujourd’hui, dans son rôle d’entraîneur du CH. Il offre une anecdote de ses dernières saisons avec les Rangers.
«Je vivais au Connecticut et je sautais dans le train vers Manhattan. Si je tombais sur un train express, c’était 52 minutes jusqu’à Grand Central. Et durant cette heure, je restais incognito.
«À New York, les gens sont tous dans leur routine. Ils sont dans leur monde. En plus, à New York, tu as les Giants, les Jets, les Knicks, les Nets, les Rangers, les Islanders, les Devils, les Mets et les Yankees. C’est tellement diversifié. À Montréal, tu mets tout ça en un. Ça démontre à quel point c’est gros le Canadien. Tu essaies d’expliquer ça au monde à New York. Ils ne comprennent pas parce qu’ils ont tellement d’affaires. Ils ont les Yankees qui sont immenses, mais ils partagent la tarte avec d’autres équipes. Quand vous mettez ça dans une seule équipe, ça grossit l’attention.»