Tournoi pee-wee: scénario digne d’Hollywood pour les Ukrainiens

Patrick Dom s’était imaginé plusieurs scénarios, pour le premier match de l’équipe ukrainienne au Tournoi international de hockey pee-wee, mais aucun d’eux n’aurait été aussi magique que celui qui s’est déroulé, devant ses yeux, samedi. «On n’aurait pas mieux fait si on l’avait écrit», disait-il, ce matin.

«On dirait que ça se passe toujours comme on veut. C’était un scénario d’Hollywood. On est les James Cameron du Tournoi pee-wee !», rigolait-il, moins de 24 h après cette journée historique.

Il faut le reconnaître, il n’avait pas tort.

La scène était frappante. Bras dessus, bras dessous, les joueurs de Team Ukraine Select et des petits Bruins de Boston écoutaient, solennels, les hymnes nationaux de leurs deux pays respectifs. Déjà, on savait que ce match tant attendu de samedi, au Tournoi pee-wee, allait bien au-delà du hockey.

Dans les gradins d’un Centre Vidéotron presque bondé, la grande majorité des amateurs étaient vêtus de blanc en signe de soutien à l’Ukraine et ont réservé un bel et bruyant accueil aux jeunes Ukrainiens – tout comme aux Bruins de Boston d’ailleurs.

Une fois les hymnes nationaux terminés, les amateurs dans les gradins ont tous allumé la lumière de leur cellulaire afin de démontrer, à nouveau, qu’ils étaient derrière l’Ukraine.

Victoire enlevante

Puis, le spectacle est passé d’émouvant à enlevant. Toute la semaine, on chuchotait après chacun de leurs matchs préparatoires que les petits Ukrainiens avaient une équipe bien meilleure que ce à quoi on s’attendait au départ. Ils ont eu du fil à retordre, gracieuseté du gardien James Boccuzzi qui a semblé se plaire à freiner chacune des attaques des Ukrainiens lors des deux premières périodes et demie, mais, finalement, sont parvenus à revenir de l’arrière et l’emporter 3 à 1, grâce à trois buts coup sur coup, ceux de Yehor Kosenko et Denys Lupandin (deux fois).

«C’est une grande journée pour le hockey, a résumé l’entraîneur adjoint des Bruins Michael Cashman. J’espère que ces jeunes Ukrainiens ont vécu l’expérience de leur vie parce que c’est ce que nos joueurs ont vécu. On ne sait pas ce que l’avenir leur réserve mais j’espère qu’ils en ont profité aujourd’hui.»

L’Ukraine en vie

Après des semaines à entendre parler de l’atmosphère et de l’accueil qui les attendait pour leur premier match, les Ukrainiens ont finalement vécu cette énorme dose d’amour des gens de Québec.

«Au début, c’était épeurant ! Quand j’ai regardé en l’air, il y avait beaucoup trop de gens qui nous regardaient. La première période a été difficile et ensuite, ç’a mieux été. Je veux remercier tous les partisans qui sont venus nous voir», reconnaissait Denys Lupandin.

«Ce n’était pas facile, même pour les entraîneurs, enchaînait le pilote des Ukrainiens Yevgeny Pysarenko. C’est plus que du hockey. Nous sommes ici pour représenter notre pays et lancer un message que l’Ukraine est en vie et forte. On veut gagner cette guerre et nos jeunes le savent. On voulait démontrer de la dignité et de la solidarité.»

Cette victoire, c’était celle de mois de travail, afin d’assembler une équipe de jeunes répartis aux quatre coins de l’Europe, dont cinq toujours en Ukraine, et de les amener à Québec.

«Ce matin, on s’est assis et on s’est mis à réaliser à tout ce qui s’était passé dans les derniers mois et tout le travail qui avait été fait. Nous apprécions tout ce qui se passe et c’est un miracle si nous sommes ici.»

La paix et rien d’autre

Au-delà du hockey, de la victoire de son équipe ou même du brio du gardien de Boston qui «m’a rendu nerveux», Pysarenko se disait surtout reconnaissant du soutien des gens de Québec.

«Ça fait chaud au cœur de voir que les gens soutiennent notre pays. Tout le monde veut la paix et personne ne la veut plus que ces jeunes. Vous ne connaissez pas tous leur histoire mais je peux vous le dire, ils vivent des moments terribles chez eux.»

Cette paix qu’ils souhaitent n’aurait probablement pu être mieux illustrée qu’à la fin du match lorsque, sur l’émotion du moment, Bruins et Ukrainiens se sont réunis pour un tour de patinoire afin de saluer la foule. Un geste spontané qui, contrairement à l’hymne national, n’avait pas été planifié.

«Je n’étais pas très content du résultat du match, mais on a beaucoup de sympathie pour eux puisqu’ils sont partis de l’Ukraine pour venir jouer à ce tournoi. Ç’a été un honneur de patiner avec eux», résumait le gardien Boccuzzi.

«C’était super de voir que tout le monde peut être ami. Tout le monde devrait être ami. La paix, c’est tout ce qui compte», concluait ensuite Denys Lupandin.

Finalement, c’est probablement ça, la vraie victoire.

Le problème du stationnement a gâché la magie

Patrick Dom hésite à affirmer que la journée de samedi aura été sa plus belle depuis qu’il est directeur général du Tournoi international de hockey pee-wee de Québec. Et ça n’a absolument rien à voir avec le match de l’Ukraine.

Comme prévu, l’accès au stationnement du centre Vidéotron a été grandement compliqué. À 10 h 47, soit une heure avant le début du match entre l’Ukraine et les Bruins de Boston, le Tournoi pee-wee annonçait sur son compte Twitter que tous les espaces de stationnement, gratuits et payants, étaient complets et demandait aux amateurs qui n’étaient toujours pas sur place de se trouver une alternative pour garer leur voiture.

Ce casse-tête a donc fait en sorte que, même si les 18 289 billets avaient été vendus, environ 2300 spectateurs ne se sont pas présentés.

«C’était une journée magique, mais la seule chose qui me déçoit, ce sont les gens qui ne se sont pas présentés même s’ils avaient acheté leur billet parce qu’ils n’avaient pas de place.»

Le Tournoi pee-wee a donc dû gérer plusieurs clients insatisfaits, dont certains qui leur assuraient qu’ils ne reviendraient jamais à l’événement.

«Je trouve ça plate parce que les critiques, c’est nous qui les recevons alors que le stationnement est la responsabilité d’ExpoCité. Les gens ne font pas la différence entre nous et eux.»

Scénario semblable ?

Il ne faut pas s’attendre à un engouement similaire pour la prochaine partie de l’Ukraine, lundi soir, à 18 h, même si Dom s’attend à ce que «ce soit plus achalandé qu’un lundi normal.»

Mais la problématique pourrait se répéter samedi et dimanche, advenant le cas où l’Ukraine poursuive son chemin jusqu’en demi-finale samedi, et en finale le lendemain. Surtout que, samedi, Carey Price sera présent pour rencontrer les amateurs.

Dom espère que, si c’est le cas, des mesures additionnelles seront prises par ExpoCité pour éviter de répéter une situation similaire.

Ce n’est pas la première fois qu’ExpoCité est critiquée pour sa gestion. Lors du bilan de fin d’année des Remparts de Québec, en juin dernier, le président de l’équipe, Jacques Tanguay, avait lui aussi lancé une flèche à l’organisation.

«Il faudra de loin améliorer la façon dont on entre dans l’amphithéâtre, nos stationnements, entre autres. Voir des gens arriver quand il y a cinq ou six minutes de jouées, je ne suis pas capable. Je n’endure pas ça», avait-il déploré.

-Au total, 26 944 spectateurs ont franchi les portes du centre Vidéotron, samedi.