Le week-end de Sami Zayn

De Stevie McFly à El Generico, il s’en est passé des choses pour que Rami Sebei devienne le lutteur Sami Zayn, grande vedette de deux galas de la WWE présentés au Centre Bell ce week-end.

Né à Laval, l’homme de 38 ans est très fier de ses racines montréalaises. Il portait d’ailleurs un t-shirt orné du logo de la ville lors d’une rencontre de presse vendredi matin.

«C’est malade, c’est vraiment difficile de comprendre tout ça parce que je suis dans la lutte toute la semaine, alors je perds un peu de perspective.

«Quand je reviens à Montréal et que je me dis : oh, mon Dieu, c’est ici que j’ai commencé, je comprends que ça n’arrive pas souvent un week-end comme ça.»

Boucler la boucle

Pour Zayn, c’est un peu l’occasion de boucler la boucle. Voyez-vous, Pat Laprade nous mentionnait plus tôt cette semaine qu’il s’agissait du plus gros événement de lutte en ville depuis Survivor Series, en 1997. Or, c’est le premier gala auquel Sami Zayn a assisté quand il était jeune adolescent.

Il est bien sûr revenu lutter à la maison, et c’était avec son grand ami Kevin Owens qui occupe souvent plus d’espace dans les médias. Cette fois-ci, c’est sa fin de semaine. Il est la tête d’affiche des deux galas.

«Je suis très fier. Ç’a toujours été un de mes rêves quand j’ai commencé d’être le gars de Montréal. Ça, c’est même avant que Kev signe avec WWE.

«Là, on est pas mal chanceux parce qu’il y a deux gars de Montréal et deux gars pas mal talentueux, selon moi, pour bien représenter la ville.»

Pour la ville

On l’a déjà dit, son cœur bat pour Montréal et il n’a pas raté une occasion de parler de la ville tout au long de l’entretien qui a duré un peu moins de dix minutes.

Même s’il réside aux États-Unis pour des raisons professionnelles, on sent très bien que son cœur est blotti dans la neige.

«C’est un honneur que la ville fasse partie de l’histoire de la lutte en raison de ma présence. Le fait que ce combat-là soit présenté à Montréal, c’est une belle note dans l’histoire.

«C’est rare que la ville où est présenté ce genre de gala ait sa place dans l’histoire du week-end et je suis très fier que Montréal puisse avoir la lumière pour que les gens voient que c’est une ville spéciale.»

Forme d’art

Avec l’immense succès de la WWE, on a accordé beaucoup de place à l’aspect théâtral de la lutte, mais c’est bien plus que ça.

Sami le dit sans détour, c’est une force gravitationnelle qui l’a attiré vers ce sport, qui offre beaucoup plus de subtilité qu’on veut bien le croire.

«C’est une des plus belles formes d’art, parce que [c’est] quatre ou cinq disciplines en une. Il y a la dimension athlétique et technique, mais il y a aussi le drame, la comédie et le jeu. Il faut exceller à plusieurs niveaux pour être un bon lutteur.

«Quand j’étais jeune, c’était plus le côté spectacle qui m’attirait comme Hulk Hogan, il y avait un aspect grandiose à tout ça, mais j’aime aussi le sport.»

Changement

Ce qui frappe quand on se retrouve à côté de l’homme très sympathique et affable, c’est sa taille. Ce n’est pas une montagne de muscles. On lui fait remarquer qu’il a plutôt l’air d’un défenseur des Canadiens de Montréal, équipe qu’il adore par ailleurs.

«La lutte, particulièrement dans les années 1980 et 1990, a une histoire où les lutteurs étaient vraiment gros. Dans les quinze dernières années, le physique des lutteurs a changé, mais on le voit aussi au cinéma, il n’y a plus de corps comme celui d’Arnold Schwarzenegger. Maintenant, on regarde un gars comme Jason Statham et il a un physique athlétique, mais il ne fait pas 300 livres non plus.

«C’est la même chose dans l’UFC. Les meilleurs combattants ne sont pas chez les poids lourds. Georges St-Pierre par exemple se battait à 170 livres et ç’a été l’une des plus grosses vedettes de ce milieu.»

La tête en Syrie

Sami Zayn est né à Laval de parents ayant immigré de Syrie dans les années 1970. Évidemment, le tremblement de terre qui a secoué le pays l’interpelle, d’autant plus qu’il est personnellement impliqué dans l’aide humanitaire.

«J’ai des cliniques mobiles en Syrie avec la fondation Sami 4 Syria. Elles vont à la rencontre des gens qui n’ont pas de voiture ou qui vivent dans des camps de réfugiés. On leur achemine directement les médicaments.

«Je suis chanceux de ne pas avoir de famille dans cette partie du pays, mais c’est là où nos cliniques sont à l’œuvre, alors évidemment, c’est sûr que ça me trotte dans la tête.»

Son seul regret : ne pas avoir assez de temps pour s’impliquer davantage.

«Depuis le tremblement de terre, je voulais en faire plus, mais je suis tellement occupé avec cette grosse fin de semaine que c’est difficile de conjuguer les deux.»

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Une affaire de famille

Natalya vit à Tampa Bay pour le travail, mais c’est au Canada que commence son histoire. Elle possède d’ailleurs toujours une propriété à Calgary, d’où elle est originaire.

De son vrai nom, Nathalie Katherine Neidhart, elle est la fille de l’ancien lutteur Jim Neidhart et la nièce d’Owen et Bret Hart, les frères de sa mère. Le père de la famille Hart, Stu, a lui aussi connu une brillante carrière dans le monde de la lutte.

«J’ai mis le pied dans le donjon pour la première fois à 18 ans et à compter de ce jour, j’ai toujours su que je voulais être une lutteuse.

«Je n’ai jamais eu de plan B parce que je savais que le plan A fonctionnerait. Je suis une Hart», assure la femme de 40 ans.

Week-end spécial

Pour elle, c’est particulier de passer quelques jours à Montréal où elle se sent à la maison.

«C’est tellement spécial pour moi d’être ici parce que Montréal occupe une place importante dans l’histoire de ma famille.

«Il y a évidemment cet incident de 1997, le Montreal Screwjob, qui a impliqué mon oncle Bret et a changé le visage de la lutte.»

Elle parle ici de ce combat où son oncle, juste avant de partir vers la WCW, s’est fait «enfirouaper» avec un scénario bidon qu’il était le seul à avoir tandis que tous les autres lutteurs impliqués en avaient un autre.

C’est l’équivalent dans le monde de la lutte de la nuit des longs couteaux dans la sphère politique.

Épreuves

Le Canada est très significatif pour la famille Hart alors c’est comme revenir à la maison que je peux lutter ici. Nous avons un profond respect pour les gens qui nous ont permis d’atteindre ces sommets.

«J’ai l’impression que les gens ici comprennent notre aventure avec ce qui est arrivé à Bret et Owen de même qu’à mon mari et ils ont toujours été de notre côté.»

Il faut dire que la famille n’a pas été épargnée par les épreuves au fil des années.

Owen Hart est décédé en 1999 en plein gala à la suite d’une chute de plusieurs mètres alors que l’époux de Natalya, le lutteur canadien Tyson Kidd, a été forcé à la retraite en raison d’une sérieuse blessure à la moelle épinière dans un combat.

Espèce rare

Tout comme Sami Zayn, elle insiste pour dire que la lutte est faite de nombreuses couches de subtilité.

«C’est un mélange d’athlétisme et de jeu c’est pourquoi très peu de gens dans le monde peuvent faire ce que nous faisons. Nous devons être de bons acteurs, de bons athlètes.

«On doit porter plusieurs chapeaux en étant représentants de la marque, mais aussi de nous-mêmes. C’est quelque chose que j’adore faire et je suis passionnée de la lutte, surtout féminine.»

Seulement lors de la rencontre de presse de vendredi matin, on pouvait voir les lutteurs présents passer du personnage à la personne en un claquement de doigts dès que la caméra tournait.

«Nous sommes des pros. Ce n’est pas comme sur un plateau de tournage de Hollywood. On n’a qu’une seule prise quand on est dans le ring. Nous devons être bons pour improviser par moment.»