Kent Hughes a les mains liées

Les prochains jours seront cruciaux pour toutes les équipes de la Ligue nationale de hockey, alors qu’il reste à peine une semaine avant la date limite des transactions, fixée cette année au 3 mars. 

Qu’ils soient ou non dans la course aux séries, la prochaine semaine est très importante pour les 32 clubs. Particulièrement pour ceux en haut du peloton, comme les Islanders, les Rangers et les Maple Leafs.  

Ces trois équipes ont d’ailleurs déjà annoncé leurs couleurs en faisant l’acquisition de trois des joueurs les plus convoités, respectivement Bo Horvat, Vladimir Tarasenko et Ryan O’Reilly. Elles n’ont pas attendu à la dernière minute avant de bouger.  

Les formations en meilleure position, comme les Bruins, risquent de frapper moins fort, préférant ajouter de la profondeur pour ne pas risquer de nuire à la chimie actuelle. 

Le classement est tellement serré dans l’Association de l’Est que plusieurs équipes, dont les Panthers, les Penguins, les Capitals et les Red Wings, tenteront elles aussi de s’améliorer pour augmenter leurs chances de participer aux séries.  

En ajoutant les Islanders, seulement deux d’entre elles y accéderont. Ça démontre à quel point c’est un exploit de se qualifier pour les éliminatoires. Pour y arriver, ça demande beaucoup de constance. Et une fois les séries commencées, tout peut arriver.  

La prochaine semaine sera déterminante pour la suite des choses chez les clubs qui se trouvent au plus fort de la lutte. Ceux-ci doivent continuer d’accumuler les victoires. Si une équipe casse, ça met le directeur général dans une position délicate. Lou Lamoriello doit prier pour que les Islanders gardent la même cadence malgré l’énorme perte de Mathew Barzal, sinon il s’arrachera les cheveux d’ici le jour J. 

Qui en veut?

Enfin, il y a le groupe des vendeurs, dont font évidemment partie les Canadiens.  

Malheureusement pour Kent Hughes, la blessure à Sean Monahan fait très mal. Si l’attaquant n’était pas encore sur la touche, Hughes aurait pu obtenir quelque chose d’intéressant en échange de ses services, ce qui l’aurait grandement aidé dans le processus de reconstruction en cours. Il aurait pu garnir encore davantage sa banque de choix et d’espoirs. On n’a jamais trop d’atouts pour conclure des transactions.  

En raison du fragile état de santé de Monahan, je serais très surpris que des clubs démontrent de l’intérêt pour lui.  

Je fais le même constat avec le défenseur Joel Edmundson, qui traîne également une blessure depuis longtemps. Avec ses problèmes récurrents au dos, il me fait penser à Sean Couturier, que j’ai dirigé avec les Flyers.  

Les autres clubs auront donc de la retenue envers Monahan et Edmundson. C’est dommage. 

Jonathan Drouin, Evgenii Dadonov et Mike Hoffman sont eux aussi disponibles sur le marché, mais ils ne sont pas très attrayants, c’est le moins qu’on puisse dire.  

Peut-être que Hughes aura des offres à la dernière seconde pour eux, mais il ne recevra certainement pas grand-chose en retour puisque leurs noms figurent en bas de la liste des autres DG. Je ne m’attends pas à mieux qu’un choix de quatrième tour au repêchage.  

Un travail d’équipe  

Toute la pression ne repose pas uniquement sur les épaules de Hughes. C’est un travail d’équipe.  

Hughes est aidé par le vice-président aux opérations hockey, Jeff Gorton, par les responsables du recrutement amateur, Martin Lapointe et Nick Bobrov, et par ses dépisteurs professionnels. L’entraîneur a aussi son mot à dire.  

Je ne veux pas dénigrer Hughes, mais ça prend de l’expérience, ce qu’amène Gorton, pour s’assurer de faire les bons choix.  

Le DG doit être bien entouré et conseillé puisqu’il ne peut pas connaître tous les joueurs de la LNH et de la Ligue américaine, en plus de tous les «prospects». C’est tout simplement impossible.  

C’est encore plus vrai pour le «coach», je peux le confirmer! Tu en as assez dans ton assiette avec tes propres joueurs!  

Attention au désintérêt  

Par ailleurs, l’ancienne équipe de Gorton, les Rangers, représente le modèle à suivre en matière de reconstruction. Ils peuvent même rêver à la coupe Stanley dès cette année.  

Si les Rangers ont pu accélérer le processus, c’est notamment grâce au marché dans lequel ils évoluent. New York a toujours été un endroit prisé par les joueurs autonomes, comme Artemi Panarin. 

Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas le cas à Montréal. Depuis des années, les Canadiens ont de la misère à attirer ceux de catégorie A. Ça fait une éternité que les joueurs autonomes d’élite ne choisissent pas de s’établir ici.  

Ça complique donc la tâche des dirigeants. La réussite de la reconstruction passera par conséquent par le repêchage, le développement des jeunes et des transactions. Et il n’y a pas de place à l’erreur. Hughes et son équipe doivent s’assurer de prendre les bonnes décisions pour passer rapidement à l’étape suivante.  

Malgré l’amour inconditionnel des partisans, les Canadiens ne peuvent pas se permettre que ça dure encore longtemps. Il ne faut surtout pas en arriver à un désintérêt des amateurs. Ils méritent le respect.  

D’un point de vue «business», l’organisation a besoin de revenus. Une participation aux séries est payante. Chaque match à domicile rapporte environ trois millions de dollars. Ce n’est pas à négliger. Lorsque j’étais entraîneur-chef du CH, je me souviens que c’était même inclus dans le budget d’opération qu’on fasse les séries. Espérons que le vent tournera dès la saison prochaine.  

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