Touchant témoignage sur la dépression et l’anxiété

Même si c’est de moins en moins tabou, il est rare qu’un athlète professionnel se confie sur sa santé mentale avec une totale transparence.

Le receveur de passes des Jaguars de Jacksonville Calvin Ridley a pris son courage à deux mains et s’est ouvert sur ses problèmes de dépression et d’anxiété mercredi. Il l’a fait dans une longue lettre publiée sur le site web «The Players’ Tribune».

L’athlète de 28 ans a fait les manchettes cette semaine, après que la NFL ait levé sa suspension. Il a été contraint de rater l’entièreté de la campagne 2022 pour avoir parié sur le résultat d’un match des Falcons d’Atlanta l’année précédente. À l’époque, il évoluait pour la formation de la Géorgie.

D’entrée de jeu, Ridley a déclaré qu’il acceptait la responsabilité de ses actions et qu’il «avait merdé». Il a toutefois tenu à expliquer le contexte des événements. En 2021, il était devenu le receveur de passes numéro 1 des Falcons et jouait depuis quelques saisons avec une grave blessure à un pied. Il prenait des antidouleurs constamment pour pouvoir jouer et l’anxiété faisait partie de son quotidien. C’est cependant un vol à sa résidence, effectué pendant qu’il disputait le premier match de sa saison, qui a fait déborder le vase.

«C’est à ce moment que j’ai commencé à ressentir énormément de pression, a raconté Ridley. Je n’avais pas encore les mots pour exprimer ce que je ressentais. J’avais l’impression de me faire attaquer par quelque chose d’invisible. C’est comme si quelqu’un que je ne voyais pas me frappait dans le torse 24 h sur 24 et sept jours sur sept.»

Une pause

Au bout du rouleau, Ridley a décidé de prendre un moment pour lui et de quitter l’entourage de son équipe.

«J’ai commencé à parler à un thérapeute presque immédiatement. Je lui ai dit ce que je ressentais et nous sommes allés assez loin. Je lui ai dit des choses dont je ne peux même pas parler à ma propre famille, parce que c’est trop.»

C’est pendant cette pause qu’il a fait l’erreur de parier sur son équipe.

«Dans un moment sombre, j’ai fait une erreur stupide, a-t-il indiqué. […] À l’époque, j’étais loin de l’équipe depuis environ un mois. J’étais toujours tellement déprimé et en colère, et les journées étaient si longues. Je cherchais n’importe quoi pour me changer les idées et faire passer la journée plus vite. Un jour, j’ai vu une publicité pour une application de paris, et pour une raison quelconque, je l’ai téléchargée sur mon téléphone. J’ai déposé environ 1 500 $ au total, juste pour avoir quelque chose à faire. J’allais parier environ 200 $ sur certains matchs de la NBA ce soir-là, mais j’ai juste ajouté un tas d’autres matchs supplémentaires à un pari. J’ai mis les Falcons. Je l’ai essentiellement fait juste pour encourager mes coéquipiers. Je n’avais aucune information privilégiée. Je ne parlais à personne dans l’équipe à l’époque.»

«Chaque fois que les gens demandent : “À quoi pensais-tu ?”, la seule réponse que je peux donner est : “Je ne pensais pas”.»

Le «pire jour» de sa vie

Quelques mois plus tard, Ridley a reçu un appel d’un enquêteur de la NFL et il a qualifié cette journée comme étant «la pire» de sa vie. Le footballeur a cependant l’impression qu’il avait besoin d’atteindre le fond du baril pour éventuellement s’en sortir.

«Honnêtement, je devais peut-être traverser tout cela. Peut-être que je devais toucher le fond pour retrouver la santé. Dieu merci, avec l’aide de mon thérapeute, j’ai pu comprendre ce qui m’arrivait. J’ai appris les noms des choses que je ressentais – stress, dépression, anxiété – et comment faire face à ces émotions.»

«Je sais que j’ai une dette à rembourser à mon sport. Mais quand vous évoquerez le nom de Calvin Ridley dans 10, 20 ou 30 ans… je vais m’assurer qu’il soit mentionné pour les bonnes raisons.»