«Federer n’a pas de meilleure façon de partir»
La retraite à 41 ans de Roger Federer confronte ses rivaux et coéquipiers trentenaires de l’équipe Europe, Rafael Nadal, Andy Murray, Novak Djokovic, à la question de leur propre avenir.
«Étant assis ici, je trouve ça bien d’être le premier de ces gars à partir. Cela me semble approprié», avait expliqué le Suisse, jeudi, lors de la conférence de presse collective.
Aîné d’une génération dorée qui a enchanté pendant plus de 15 ans le circuit, Federer a tour à tour été la référence absolue, puis un roi à la couronne vacillante, avant de devenir lui-même challenger.
Il a même réussi il y a quelques années un retour au premier plan dont peu le croyaient capable.
Mais l’état de son genou droit a fini par anéantir ses espoirs de dernier rappel sur la scène et l’annonce de sa retraite imminente, il y a une semaine, a renvoyé ses rivaux à leur propre finitude sportive.
«Je n’avais pas besoin d’apprendre cette nouvelle pour savoir que la fin approche. C’est le cycle normal de la vie, non?», a avancé jeudi Nadal (36 ans), philosophe.
«Le premier d’entre nous qui part»
«Mais cette fois, c’est notre tour, et là, c’est probablement l’un des joueurs les plus importants, si ce n’est le plus important, de l’histoire de ce sport qui s’en va», a-t-il souligné.
«Et, c’est vrai, quand le premier d’entre nous part, dans la tête il y a un truc qui vous manque. Sur un plan personnel, oui, ça a été une très, très, très triste nouvelle et une journée difficile», a reconnu le Majorquin.
«Quand on vieillit comme sportif, avec quelques pépins physiques, on se demande forcément si on doit dire stop, quand et comment on voudrait que ça arrive», a admis Murray, du haut de ses 35 printemps.
En même temps qu’un adversaire, ces joueurs perdent aussi un stimulant.
«Je sais la chance que j’ai eue d’avoir fait partie de cette génération. On voulait toujours gagner les uns contre les autres, toujours être meilleurs les uns que les autres», a ainsi raconté Djokovic, lui aussi âgé de 35 ans.
«J’ai été incroyablement content d’être dans cette équipe, sachant que ce serait sans doute la première et la dernière fois qu’on serait tous ensemble, même si à ce moment-là je ne savais pas encore qu’il allait prendre sa retraite», a-t-il précisé.
«Son annonce n’a fait que rendre cela encore plus spécial», a-t-il complété.
Plusieurs fois, le couperet a déjà failli tomber pour certains d’entre eux.
Un vide à combler
Interrogé sur ses matchs les plus mémorables avec Federer, Nadal a notamment mentionné la finale de l’Open d’Australie en 2017.
«Quelques mois avant, on était ensemble, blessés, à parler de la façon dont ça allait se passer, si on allait être capables de revenir sur le circuit à ce niveau, et quelques mois plus tard, nous voilà à jouer la finale en Australie, en cinq set », avait narré l’Espagnol, pendant qu’à ses côtés Federer glissait un «ouais, c’est vrai» avec nostalgie.
Pour les fans aussi, le vide sera immense, mais la jeune génération espère bien le combler.
«Ce sera dur pour un paquet de fans, parce que Serena (Williams, qui a pris sa retraite lors du dernier US Open) et Roger ont sans doute plus de supporters que quiconque dans le tennis», a relevé l’Américain Taylor Fritz, 24 ans.
«Mais je pense que le tennis devient d’autant plus amusant parce qu’à chaque tournoi il y a 10 joueurs qui peuvent potentiellement gagner. J’espère que les fans continueront à suivre le tennis», a-t-il plaidé.
Avant cela, il reste un double à vivre, point final que tout le monde espère inoubliable pour une carrière de légende.
«Je trouve que le voir lui et Rafa, du même côté du filet, avec Bjorn (Borg au bord du court, en présence de John McEnroe, avec Rod Laver dans les tribunes, c’est une façon très cool de terminer sa carrière. Je ne vois pas de meilleure façon de partir que ça», a jugé Murray.