Domination américaine à la Coupe des Présidents

Ç’aurait pu être un massacre dès la première journée. Woo Kim et Cameron Davis ont sauvé la face de l’équipe internationale, jeudi, en lever de rideau de la Coupe des Présidents, en Caroline du Nord. 

Une journée suffocante dominée par les Américains menant déjà 4 à 1.

Durant une bonne partie de l’après-midi aux quatre coins du prestigieux club de golf Quail Hollow, les représentants de la bannière étoilée menaient les cinq matchs à l’horaire. Ceux du « reste du monde » peinaient à s’inscrire au tableau. 

Ils ont trimé dur sans toutefois réussir à enrayer la machine américaine menée par le duo composé de Xander Schauffele et de Patrick Cantlay. Ceux-ci ont détruit les vétérans Adam Scott et Hideki Matsuyama. 

En route vers ce qui aurait pu devenir le sixième balayage d’une session de l’histoire de cette compétition remontant à 1994, quelques duos américains ont trébuché et ouvert la porte à un retour des internationaux. Mais ce fut de courte durée. 

Cameron Young et Collin Morikawa sont venus à bout de Tom Kim et K.H. Lee tandis que Tony Finau et Max Homa ont levé les bras au 18e trou dans un duel serré face à Taylor Pendrith et Mito Pereira. Et les inséparables amis, Jordan Spieth et Justin Thomas, ont vaincu le Canadien Corey Conners flanqué du Sud-Coréen Sungjae Im au 17e fanion.

«Je fais ce travail depuis assez longtemps pour savoir que cette journée aurait aussi pu basculer de l’autre côté, a rappelé le capitaine américain, Davis Love III. Le rouge a dominé toute la journée et à un certain moment, j’ai entendu que nous étions en avance d’un seul trou dans trois des cinq matchs. Cela aurait pu virer très rapidement.

«Il reste encore une longue route à faire, bien que nous soyons très satisfaits de notre départ, a-t-il enchaîné. Il faut poursuivre notre plan et gagner chaque session.»

Points ratés

En fait, les deux Canadiens étaient en voie d’amasser des points avant que l’opportunité ne leur glisse entre les doigts. En ratant de merveilleuses occasions sur les verts, Conners a prouvé qu’il avait encore des croûtes à manger pour dompter son fer droit. Pendrith a quant à lui dû récupérer une bourde fatale de son coéquipier au 18e. 

«Nous n’avons pas livré notre meilleure performance, mais nous nous sommes battus», a plaidé Pendrith, les yeux pétillants à la fin de son premier match en carrière à la Coupe des Présidents. 

«Nous avons pu mettre de la pression sur eux en milieu de ronde. Les cinq ou six derniers trous auraient bien pu aller d’un côté comme de l’autre. J’ai eu beaucoup de plaisir et j’ai cette envie de gagner.»

Occasions en or

Conners, quant à lui, s’en voulait d’avoir raté des occasions en or alors qu’il avait Spieth et Thomas dans les câbles sur le retour, notamment au 11e et au 15e. Depuis la fosse à une centaine de verges du 11e vert, il a envoyé sa balle à l’eau. Et suivant deux spectaculaires coups de Thomas au 15e en fin de « Green Mile », Conners a raté le roulé de 7 pieds qui aurait pu ramener l’égalité dans le match. 

Les Américains en sont alors sortis avec une avance de deux trous. 

«Justin a effectué un coup incroyable dans une position précaire depuis l’herbe longue et il a calé un roulé tout aussi incroyable, a rappelé Spieth à propos du coup de 202 verges et du roulé de 27 pieds réussis par son complice. 

«Il a fait la différence dans ce match», a souligné le Texan qui aurait souhaité mieux performer, mais qui reste invaincu dans ce format en six duels à la Coupe des Présidents. 

Retour important

Les internationaux doivent maintenant rebondir dans une formule qui leur convient beaucoup mieux, aujourd’hui. Depuis 1994, ils présentent un dossier de 62 victoires, 59 défaites et 12 matchs nuls en format 4-balles, soit le meilleur des deux pointages sur chaque trou.

«Nous sommes capables de sortir en force et de gagner quelques points, a souhaité Pendrith qui retrouvera son compatriote Conners. Nous pourrions orchestrer notre remontée après avoir traversé cette première journée.»

Nul autre choix, car si les Américains devaient encore dominer, l’avance serait insurmontable ce week-end.

Quail Hollow Express 

Duo explosif

En formule quatuors (coups alternatifs), Patrick Cantlay et Xander Schauffele sont imbattables. Parlez en à Hideki Matsuyama et Adam Scott qui ont passé un long après-midi jeudi. Varlopés, ils ont finalement agité le drapeau blanc au 13e fanion. Bien peu de matchs s’y terminent d’ordinaire puisque 95,5 % des duels se rendent au 14e. Bref, la paire Patrick et Xander roulent à un train d’enfer dans ce format de jeu depuis qu’ils ont été réunis à la Coupe des Présidents 2019 au club de golf Royal Melbourne. Ils sont parfaits alors qu’ils ont remporté les cinq matchs disputés si l’on compile aussi leurs exploits à la Coupe Ryder à Whistling Straits, l’an dernier. 

«Nous sommes très motivés. Nous nous plaisons à jouer ensemble dans ce format de jeu. Nous sommes de bons amis et nous aimons la compétition, a indiqué Schauffele. Nous sommes confortables l’un avec l’autre.»

«Nous sommes aussi très confiants, a renchéri Cantlay. Nous avons vraiment connu une bonne journée. Car nous n’avons commis aucun boguey. » En effet, ils ont débuté leur travail de destruction au cinquième drapeau en remportant ensuite trois trous de suite grâce à des oiselets. Et sur le retour, quand Matsuyama et Scott ont continué de s’enfarger, ils ont tenu leur cadence en complétant rapidement le travail.

Visites présidentielles

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Crédit photo : Photo AFP

Il y a aura de la grande visite à Charlotte ce week-end. Les anciens présidents Georges W. Bush et Bill Clinton débarqueront à Quail Hollow pour assister à la compétition. En 2000, Clinton avait été le président d’honneur alors que Bush avait fait pareil en 2005. Aux deux occasions, l’évènement avait lieu au club de golf Robert Trent Jones, en Virginie. La visite présidentielle est une coutume dans cette compétition. Ainsi, Joe Biden devrait se pointer dimanche, selon ce qu’a annoncé le gouverneur de la Caroline du Nord, le démocrate Roy Cooper. En 2007, à Montréal, Stephen Harper avait occupé le poste de président d’honneur. Reste maintenant à savoir qui le sera en 2024 lors du retour au prestigieux club Royal Montréal. S’il résiste encore deux ans, Justin Trudeau pourrait bien y être… et livrer une performance en chantant l’hymne national en lever de rideau du tournoi. Il chantait si bien à Londres ! 

Du plaisir et des mets latins

Après une journée difficile sur les verts où il a raté de nombreux roulés, Corey Conners a bûché sur le vert de pratique avant la tombée de la noirceur. Pour rassembler ses hommes qui ont trimé dur durant la première session, le capitaine de la formation internationale, Trevor Immelman, les a conviés à une soirée festive avec de la bouffe latine pour retrouver le plaisir. « Ç’a été une très longue journée. Il faut se regrouper et retrouver le sourire. Je garde le même message. Il faut jouer sans pression. Personne ne croit qu’on peut gagner. Il faut vraiment croire en nous jusque dans nos tripes et se battre sur le parcours. Il faut continuer de croire au destin. »

Young en relève

Collin Morikawa a trouvé son nouveau complice : Cameron Young. Ce dernier ressemble en plusieurs points à son fidèle compagnon à Whistling Straits il y a 12 mois, soit Dustin Johnson.

Il est quasi aussi grand, il porte la barbe et il est aussi sinon plus puissant que le vétéran de 38 ans qui a décidé de joindre LIV Golf. Plusieurs observateurs se demandaient comment la jeune étoile Morikawa réagirait à la perte de son compatriote avec qui il avait gagné trois matchs l’an dernier à la Coupe Ryder. Cette première sortie avec Young fut un tour de montagnes russes, mais ils ont réussi à vaincre Tom Kim et K.H. Lee au 17e trou en se tirant d’embarras l’un et l’autre. 

« Je me suis occupé des coups de fer et il s’est chargé des coups de départ et des roulés, a expliqué, tout souriant, Morikawa. Nous formons une bonne paire, surtout quand Cam assomme la balle à l’autre bout du monde en plein centre de l’allée et que je peux attaquer le fanion avec un fer 8 sur une normale 5. » En 2022, Young a terminé au troisième rang des plus longs cogneurs avec une moyenne de 319,3 verges.