Allégations d’intimidation : «Je ne suis pas hypocrite», assure Richard Martel

Le député conservateur Richard Martel, un ancien entraîneur-chef vedette dans le hockey junior, est mêlé à des allégations d’intimidation et d’incitation à la violence, portées par l’un de ses anciens joueurs, Joël Perrault.

Reconnu comme un instructeur bouillant dans les années 1990 et 2000, l’homme de 62 ans soutient que s’il se retrouvait derrière le banc d’une équipe, il ferait les choses différemment.

«On ne peut plus faire ce qu’on faisait dans ces années-là. C’est bien sûr. La culture doit changer et on est bien conscient. On travaille sur ça aussi», a-t-il reconnu lors d’une entrevue à TVA Nouvelles de midi, vendredi.

Sans présenter d’excuses aux athlètes qu’il a pu brimer lorsqu’il dirigeait, celui qui a été derrière le banc pendant 1171 matchs de saison régulière dans la LHJMQ entre 1990 et 2011, plaide que les entraîneurs étaient «laissés à eux-mêmes» et qu’ils ne suivaient pas de formation pour travailler avec les jeunes.

«À ce moment, on n’avait pas de cours pour “coacher”. Ça fonctionnait avec “tu gagnes, t’es un bon coach. Tu ne gagnes pas, t’es pas bon et t’es dehors”», s’est-il défendu.

«Juste pour vous dire, on ne savait pas si on faisait bien les choses ou pas bien les choses, car on n’avait jamais de réprimande. On était laissé à nous-mêmes», a plaidé Martel.

Dans son récit des faits, Perrault a confié que des «ventes aux enchères» avaient parfois lieu pour inciter ses joueurs à se battre.

«Il y avait beaucoup d’intimidation à ce moment-là. Les équipes devaient démontrer du caractère. On allait à Laval, où c’était (surnommé) “The House of Pain”. La maison de la douleur. On allait jouer là et on savait que ça n’allait pas être drôle.»

Le mot d’ordre de Martel à ses joueurs : «on n’aura pas le choix. Pour avoir de la crédibilité, il va falloir se défendre».

«Aujourd’hui, il n’y en a presque plus de bagarres. Ce n’est plus comme ça. La Ligue junior majeure du Québec les empêche», a rappelé l’ex-entraîneur.

«Laissés à nous-mêmes»

Richard Martel se targue néanmoins d’avoir aidé des joueurs comme Perrault, un attaquant qui a roulé sa bosse entre la Ligue nationale et la Ligue américaine avant de se tourner vers l’Europe, d’avoir eu des carrières dans les rangs professionnels.

«J’ai fait 18 ans dans la LHJMQ, j’ai eu beaucoup de victoires. Beaucoup de joueurs ont eu des carrières, s’est-il félicité. Il y en a qui étaient heureux et d’autres qui ne l’étaient pas. Le gros problème à ce moment-là, c’est qu’on n’était pas capable de savoir, si telle ou telle chose, ça leur faisait mal.»

À savoir dans quel contexte inciter des jeunes à se battre est une bonne méthode de développer des joueurs, Martel admet que les temps changent pour le mieux et que l’éducation, voire la sensibilisation, permettent une évolution positive dans le junior.

«On était laissé à nous-mêmes. Ce ne sont pas des excuses, c’était la situation, rappelle-t-il. On n’était pas conscient. Dans la LNH, ça se battait. Aujourd’hui avec la maturité, l’évolution, le changement de culture… les professeurs ne sont plus non plus comme ils étaient à l’époque non plus.»

Perrault a exprimé un ras-le-bol face au mutisme d’anciens entraîneurs «hypocrites» et qui se cachent. À preuve, le commissaire Gilles Courteau a quitté ses fonctions après avoir déclaré qu’il n’était au courant d’aucune pratique néfaste dans le milieu et lors de laquelle il a joué son honneur.

Il veut «absolument» demeurer critique en matière de sport

Richard Martel est député fédéral conservateur de la région de Chicoutimi-Le Fjord, et est critique en matière de sport du Parti conservateur du Canada. Il n’a jamais pris position sur le sujet, mais affirme qu’il n’a rien à cacher.

«Je ne suis pas un hypocrite. Il faut prendre position sur ça. Il faut que les entraîneurs soient mieux encadrés, répète-t-il. On parle d’il y a 30 ans. Ça jouait beaucoup comme ça. Aujourd’hui, on réalise que ça ne fait aucun sens.»

Malgré tout, Martel n’exprime aucun remords à l’égard de joueurs qui n’ont pas eu de carrière ou qui ont simplement délaissé le sport?

«C’était peut-être une situation malheureuse, mais que voulez-vous. Les jeunes qui n’ont pas passé leurs mathématiques à cause du prof. C’est quoi? Si vous me dites qu’on ouvre la page à savoir comment on a été enseigné. Il y a un changement et une évolution de la société. On était dans des années de violence.»

Enfin, Martel a fait savoir qu’il a «absolument» l’intention de demeurer critique en matière de sport du PCC.