Grand Prix de F1: de grandes initiatives pour réduire le gaspillage alimentaire – TVA Sports
Pour subvenir aux besoins des amateurs de Formule 1 venant au Grand Prix de Montréal chaque année, ça prend une montagne de nourriture. Évidemment, tout n’est pas consommé, mais au lieu de se retrouver à la poubelle, ces denrées ont une deuxième fonction.
Pour une deuxième édition consécutive du week-end de course automobile, La Tablée des Chefs mène la charge en s’assurant que les surplus trouvent des bouches à nourrir.
C’est une équipe chevronnée de sept employés de l’organisme et d’une dizaine de bénévoles qui récupéreront la nourriture afin de la redistribuer à des banques alimentaires. En 2022, on estime à 15 tonnes la quantité d’aliments ayant évité l’aller simple vers les ordures.
«Au début de la journée, les équipes arrivent sur le site et vont faire le tour des installations alimentaires dans les paddocks et les espaces VIP où il y a de la nourriture. Elles vont rencontrer les équipes des services alimentaires ou des concessions et les aviser qu’elles sont sur le site. On se fait prêter une voiturette pour se déplacer avec les contenants», a expliqué vendredi au bout du fil le fondateur et directeur général de La Tablée des Chefs, Jean-François Archambault.
«C’est amené à un camion réfrigéré qui est sur le site en permanence pendant quatre jours, puisqu’on déborde sur lundi, a-t-il précisé. À la fin complètement, il y a une récupération plus grande. Quand le Grand Prix se termine, on va chercher tout ce qui reste. Souvent, les traiteurs sur place ne repartiront pas avec leurs choses.»
Réconciliation
Au fur et à mesure, d’autres organismes viennent vider le camion pour concocter leurs paniers à distribuer à des familles dans le besoin. Chez Provisions Communautaires, c’est vers 1200 foyers de la Rive-Sud que la nourriture sera envoyée, chaque semaine.
Le Grand Prix de F1 n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de dons nécessaires pour que tous les ventres soient remplis. Les denrées ou les plats récupérés sont toutefois plus spéciaux, puisqu’ils sont souvent passés par des services de traiteurs de luxe.
«Ce qui est bien avec le Grand Prix, c’est qu’il s’agit d’articles qu’on a en moins grande quantité ou d’articles différents qu’on ne remet pas souvent aux familles dans les paniers. Par exemple, des liqueurs ou des grands formats de fromage. […] Ça met des sourires sur le visage des familles», a noté le directeur des opérations de Provisions Communautaires, Emmanuel Dallaire.
Très heureux du travail de La Tablée des Chefs – des gens serviables avec le cœur sur la main, selon ses dires –, il s’estime quelque peu réconcilié avec le Grand Prix.
«Je ne dirais pas que je n’aimais pas ça, mais on avait entendu à travers les branches qu’il y avait beaucoup de gaspillage, jadis, a avoué M. Dallaire. Maintenant, qu’ils aient ouvert les portes à La Tablée des Chefs et qu’ils nous permettent de ramasser, je trouve ça extraordinaire.»
Réduire à la source
Quinze tonnes de nourriture récupérée, c’est immense, pratiquement aberrant. Or, les besoins sont énormes et il faut s’adapter aux conditions.
«C’est l’un des plus gros événements à Montréal quand on regarde l’ampleur et l’amplitude du site. Ce sont presque 80 000 personnes qui entrent sur le site. Il est vaste, ce n’est pas évident de s’y rendre. Quelqu’un qui est venu porter des choses, c’est rare qu’il veuille revenir. Ils vont livrer une fois et ils s’assurent de ne pas se tromper. Ils estiment à la hausse les besoins», a analysé M. Archambault.
Disons que la crème glacée et les boissons froides s’écouleront moins bien en cas de pluie et ainsi, plus de nourriture peut être laissée à l’abandon en fonction de la température.
Du côté des organismes, il y a un certain malaise entre le fait de récupérer des denrées pour nourrir les gens dans le besoin, mais aussi de voir le gaspillage alimentaire demeurer d’actualité. Un sert l’autre, mais le but est d’en discuter à l’échelle du Grand Prix afin de réduire les quantités à la source.
«Cette nourriture-là est bienvenue, surtout que nous sommes dans une période où l’insécurité alimentaire est haute, a rappelé Jean-François Archambault. Récupérer ces aliments-là permet à des gens de manger, mais ça ne règle pas le problème du gaspillage alimentaire.»