Un autre revers pour le patineur artistique Anthony Paradis

Du haut de ses 15 ans, le jeune patineur artistique Anthony Paradis pourra dire que sa première expérience sur la scène internationale lui aura fait vivre des hauts et des bas, notamment avec l’annulation du Grand Prix junior d’Erevan qui devait avoir lieu cette semaine en Arménie.

C’est la deuxième fois qu’Anthony Paradis manque sa chance de représenter le Canada lors d’une compétition internationale.

Au printemps dernier, il a dû se retirer d’une compétition en Italie en raison d’une fracture à la cheville. Or, cette fois, ce sont les conflits armés qui ont joué un rôle.

Le 16 septembre dernier, l’Union internationale de patinage (ISU) a indiqué dans un communiqué que le Grand Prix d’Erevan prévu du 21 au 24 septembre était annulé de la violence à la frontière de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.

«Compte tenu de l’incertitude qui prévaut avec des implications de sécurité impossibles à prévoir, considérant qu’il s’agit d’un événement junior impliquant des mineurs et conscient que la sécurité est la priorité absolue, le conseil de l’ISU a conclu que l’événement ne peut pas avoir lieu comme prévu», avait alors indiqué l’organisation.

Cette nouvelle fut bien décevante pour Anthony, ce dernier ayant été sacré champion canadien junior en janvier dernier. «Il y a eu plein de sentiments. Il a eu de la frustration, de la déception, de la peine parce que ça faisait déjà deux fois. […] Donc je me disais “Je vais-tu y aller un jour?”», a-t-il raconté quelques jours après avoir appris la nouvelle.

Pour son entraineur, Yvan Desjardins, il était important d’agir de façon proactive. Rapidement, il a communiqué avec Patinage Canada afin qu’une nouvelle compétition internationale soit assignée au jeune patineur.

«C’est un athlète en développement», a-t-il expliqué, rappelant l’importance de telles compétitions pour son cheminement.

«C’est plate parce que c’est une autre claque en pleine face», a ajouté M. Desjardins.

Réassignation

La nouvelle est tombée jeudi: Anthony a été réassigné au Grand Prix de Pologne qui se tiendra à Gdansk du 5 au 8 octobre prochain. Après cette déception, le jeune patineur était très heureux d’apprendre cette nouvelle.

«J’étais surpris que ce soit aussi rapide, ça m’a pris comme un petit moment pour me dire “OK c’est plus proche que je pensais”. Mais c’est vraiment le fun», a dit Paradis dont les yeux se sont illuminés en apprenant la nouvelle.

Pour Patinage Canada, il était primordial que les athlètes ne soient pas affectés par cette situation qui est hors de leur contrôle. «Nous voulions immédiatement être sûrs que les athlètes qui ne pourraient pas compétitionner ne soient pas [privés d’une] opportunité», a ainsi expliqué la directrice générale de la fédération, Debra Armstrong.

L’ISU ayant agi rapidement, tous les patineurs canadiens devant participer au Grand Prix d’Erevan ont ainsi été relocalisés dans d’autres événements du circuit.

Tous ces bouleversements ont mené Anthony Paradis à changer sa façon de voir les choses.

«À cause de tous les bouleversements, je le vois plus comme une opportunité. Je le vois plus comme un apprentissage qu’une compétition», a dit l’athlète qui voyait initialement son premier Grand Prix comme une occasion de marquer des points.

Malgré tout, ces changements de dernière minute demeurent une bonne chose. «C’est un mal pour un bien. En Pologne, le décalage horaire est moins grand et la culture ressemble plus à la nôtre, donc ça va être plus facile pour Anthony de s’adapter», a expliqué Yvan Desjardins.

Plutôt que ne rien faire en raison de cette annulation, Anthony prendra part à la compétition provinciale Souvenir George-Éthier ce week-end. Il s’agira d’une bonne préparation pour le Grand Prix pour celui qui souhaite faire sa place parmi les meilleurs au Canada.

Annulation d’une compétition: des impacts à plusieurs niveaux

L’annulation du Grand Prix junior d’Erevan en Arménie aura eu des impacts importants sur la préparation physique et mentale d’Anthony Paradis, qui devra s’adapter et se préparer pour une nouvelle compétition, le Grand Prix de Gdansk en Pologne.

«C’est sûr que j’ai passé beaucoup de temps physiquement, mais aussi hors glace, avec ma nutritionniste et mon préparateur mental à me préparer pour l’Arménie, mais là on va devoir s’adapter et se préparer pour la Pologne dans deux semaines», a expliqué le patineur de 15 ans.

Bien qu’il soit soulagé de pouvoir participer à une compétition internationale, il a remarqué certains effets sur son moral. Environ deux semaines avant une compétition, les patineurs artistiques augmentent l’intensité de leurs entrainements afin de pratiquer la constance dans l’exécution de leurs programmes.

«Devoir rallonger cette intensité, c’est vraiment difficile moralement et physiquement», a-t-il mentionné après avoir reçu sa nouvelle assignation.

Bien que l’aspect financier soit important pour les athlètes de niveau international, l’annulation du Grand Prix d’Erevan n’aura pas eu d’impact à ce niveau pour le jeune patineur.

«Il n’y avait pas d’enjeux au niveau du pointage et des bourses pour Anthony puisqu’on est dans un objectif d’apprentissage», a expliqué son entraineur, Yvan Desjardins, qui estime que c’est un stress en moins pour l’athlète.

Des impacts en temps de pandémie

La pandémie a été le théâtre de plusieurs annulations de compétition sur le circuit de l’Union internationale de patinage (ISU), en commençant par l’annulation des Championnats du monde de patinage artistique à Montréal en 2020.

Pour le couple de danseurs sur glace Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, ceci a été un mal pour un bien. Alors que les Mondiaux seront de retour dans la métropole québécoise en 2024, c’est maintenant une chance pour eux d’obtenir un meilleur classement à la maison.

Touché par d’autres annulations dans l’année qui a suivi, le couple de danseurs en a profité pour s’améliorer. «Il faut prendre l’opportunité. Quand tu te prépares pour une compétition, tu arrêtes de t’améliorer pendant une ou deux semaines avant. Tu maintiens ce que tu as et tu essaies de travailler sur ta constance», estime Lagha.

Pour Marjorie Lajoie, la pandémie lui a non seulement permis de s’améliorer sur la glace, mais aussi en dehors. «On dirait que ça a calmé mon stress parce qu’il y en avait moins […] Ça m’a permis de beaucoup retravailler justement sur ce qui me stresse en compétition et pourquoi je suis autant stressée ou non», a-t-elle dit.

Bien que les patineurs cherchent à voir le positif lorsqu’une chose du genre se produit, il y a des impacts à bien des niveaux. «Quand il y a une annulation de compétition, surtout quand c’est sur un circuit qui permet de faire des points, des classements mondiaux, des bourses […] c’est sûr que ç’a des conséquences à plusieurs niveaux», a expliqué Marie-France Dubreuil, entraineuse de danse sur glace de renom.

Qu’en est-il des organisations?

Bien que la décision d’annuler les Championnats du monde de patinage artistique à Montréal ne venait pas de Patinage Canada, l’organisation comprenait pourquoi le gouvernement du Québec en était venu à cette décision.

«La santé et la sécurité sont les choses les plus importantes», a d’ailleurs expliqué la directrice générale de la fédération, Debra Armstrong.

Cependant, on ne peut nier l’impact sur Patinage Canada, qui n’a pas pu avoir les bénéfices liés à l’organisation de cet événement.

«Pour Patinage Canada, c’était une opportunité de bâtir un futur financier afin que le Québec, Montréal et le patinage artistique au pays puissent en bénéficier», a mentionné Mme Armstrong.

Heureusement, Montréal aura finalement la chance d’accueillir les Mondiaux de patinage artistique en 2024, une joie non seulement pour Patinage Canada, mais aussi pour Marjorie Lajoie et Zachary Lagha qui espèrent ainsi vivre l’expérience qu’ils ont ratée en 2020.