Tennis: Félix Auger-Aliassime raconte ce qui l’a le plus marqué chez Milos Raonic la première fois qu’il l’a rencontré – TVA Sports

TORONTO | Si Milos Raonic laisse planer des doutes sur la suite de sa carrière, une chose demeure presque certaine: sa présence à l’Omnium Banque Nationale de Toronto risque fort d’être sa dernière, à 32 ans, et après avoir raté presque deux années sur le circuit en raison de sérieuses blessures.

À Wimbledon, le vétéran avait dit qu’il serait présent à Toronto, devant famille et amis, puis au US Open. Et ensuite, il devra avoir «une grande conversation» avec lui-même, avait-il mentionné, tout en affirmant que sa présence au All England Club serait très probablement sa dernière en tant que joueur

Bref, on comprend entre les lignes que les prochains matchs du puissant serveur seront en quelque sorte sa tournée d’adieu, 12 ans après qu’il eut commencé à paver la voie à toute une génération de talents canadiens, en devenant le premier représentant de l’unifolié à percer le… top 40. 

Crédit photo : Photo AFP

Disons que le tennis canadien en a fait du chemin depuis. Raonic a ensuite atteint le top 3, puis Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov ont tous les deux occupé une place parmi les 10 meilleurs joueurs au monde. 

«Ça représente beaucoup pour moi de voir cette nouvelle génération avoir du succès, a convenu Milos en conférence de presse, dimanche. Je crois qu’il y a quoi, presque 10 ans qui nous séparent, Félix et moi? Il y a beaucoup de joueurs qui jouent très bien en ce moment, et j’espère que cela va se poursuivre longtemps.»

Un gros test dès son premier match

Voilà qui fait le tour pour la portion nostalgique de l’entrevue. Car Raonic a encore du tennis à jouer: il amorcera le tournoi lundi soir, contre l’Américain Frances Tiafoe, qui est ironiquement le dernier joueur à l’avoir battu à Toronto. 

Crédit photo : Photo AFP

C’était il y a cinq ans, alors bien des choses ont changé depuis. 

Tiafoe était alors 41e au monde; il est cette semaine le neuvième favori dans la Ville Reine. Quant au Canadien, sa longue absence du circuit l’a fait chuter au 546e échelon, lui qui a disputé deux tournois depuis son retour (il a atteint la deuxième ronde à Bois-le-Duc et à Wimbledon). 

Ce qui lui manquait le plus

Afin de se préparer, Raonic a passé les derniers jours à s’entraîner au Stade Sobeys en compagnie de certains membres du top 10, dont les Russes Daniil Medvedev et Andrey Rublev. Avec bonheur, d’ailleurs.

«C’est ce qui me manquait depuis deux ans, a-t-il souligné. La vitesse, la constance… Je me sentais très bien sur le terrain, par ailleurs. Je n’étais pas trop loin de mon niveau d’il y a deux ou trois ans.»

Le pragmatique Raonic n’a toutefois pas promis que ces bonnes sensations se transposeraient sur le central lundi, contre Tiafoe. Un central sur lequel la foule devrait être exaltée. 

À Toronto, son retour, c’est pour le moment la grande histoire de la semaine. Déjà à l’entraînement, dimanche, les gens assis dans les gradins ont poussé un grand cri de joie quand ils l’ont vu poser le pied sur le court.

«[Tiafoe] est dans le top 10 depuis plusieurs mois, il est constant, a souligné le Canadien. C’est l’un des affrontements les plus difficiles que j’aurais pu avoir.» 

«Mais je me sens prêt. Et je suis fébrile.»

L’inspiration d’une génération

Il y aurait sans doute eu Félix, Denis, Gabriel Diallo et Alexis Galarneau même sans les succès de Milos Raonic sur l’ATP, mais certaines des meilleures raquettes canadiennes au pays ont tout de même parlé de l’influence qu’a eue «Missile Milos» sur leur carrière… et de leur première rencontre avec lui. 

Les jambes d’un géant

Du haut de ses 6 pi 5 po, disons que Milos Raonic impressionne. Surtout de jeunes joueurs de 11 ou 12 ans, comme s’est souvenu Félix Auger-Aliassime, samedi. «La première fois que j’ai croisé Milos, c’était au gym, ici à Toronto, a raconté le Québécois. Alexis était là aussi, on participait à un camp. C’était en 2011 ou en 2012. Je me rappelle ses grandes jambes. Il avait l’air de venir d’une autre planète!»

«On écoutait ses conseils. Pour nous, c’est un pionnier, a-t-il poursuivi. Dommage qu’il n’était pas là en Coupe Davis [lors de la victoire du Canada, l’an dernier], il aurait mérité ça. Il a été tellement important pour le tennis ici.»

Un moment qui l’a inspiré pour la suite

Gabriel Diallo avait 12 ans quand Milos Raonic a disputé la finale à Montréal, où il avait été battu par un Rafael Nadal au sommet de son art. Le Québécois n’a pas assisté au match ultime, mais il était là la veille, lorsque le Canadien a triomphé de son compatriote Vasek Pospisil en demi-finale. «J’avais les yeux grands ouverts, s’est remémoré Diallo. C’est ce qui m’a donné l’envie de performer dans de grands stades.»

Une rivalité marquante

Vasek Pospisil n’a pas la même relation avec Raonic que ses jeunes compatriotes qui le voient comme une inspiration. Comme les deux joueurs sont de la même génération, ils se sont souvent croisés sur les courts. Il y a eu cette demi-finale toute canadienne à Montréal, en 2013, mais aussi, une finale à Washington, également remportée par Raonic. 

Crédit photo : Photo d’archives

Pospisil a toutefois gagné les deux affrontements les plus récents entre les deux joueurs, en 2018, en Belgique, puis il y a trois ans, au US Open. 

«Ce qui me vient en tête c’est… beaucoup de tension, a déclaré Pospisil, avant de partir à rire. Nous avons beaucoup de respect l’un pour l’autre, mais comme nous avons grandi tous les deux au Canada, que nous avons été les deux meilleurs joueurs au pays à un moment, il y a toujours eu cette rivalité.»

«Je suis certain qu’il vous dirait la même chose, à moins qu’il mente! a-t-il continué. Mais les années ont passé, et je pense qu’avec le temps, on se concentre davantage sur notre propre jeu [que sur celui des autres].»