Funk et Wyatt: hommage à deux lutteurs créatifs – TVA Sports
On dit souvent qu’un malheur n’arrive jamais seul. Eh bien, le monde de la lutte professionnelle est en deuil et il l’est deux fois plutôt qu’une.
En effet, en l’espace d’un peu plus de 24 heures, nous avons appris le décès de deux lutteurs très créatifs, reconnus pour leur charisme, qui ont baigné dans ce milieu toute leur vie, soit Terry Funk et Bray Wyatt.
Bray Wyatt: le personnage le plus créatif depuis l’Undertaker
Sister Abigail. Firefly Fun House. Yowie Wowie. He’s got the whole world in his hands. Follow the buzzards. Let me in.
Tous des mots ou des phrases qui nous font penser à Bray Wyatt. Tous des mots ou des phrases qu’on ne verra plus jamais associés à un lutteur.
Bray Wyatt n’avait pas lutté depuis le mois de février. En fait, sa dernière apparition en personne lors d’un enregistrement télévisé avait eu lieu le 17 février au Centre Bell de Montréal, lors du SmackDown qui avait précédé Elimination Chamber.
Il avait interrompu le segment du trio Hit Row, alors que lui et son frère Bo Dallas (sous le déguisement de Uncle Howdy) avaient fait le ménage dans l’arène sous les applaudissements de la foule. Voyant l’effet que cela avait eu sur les amateurs, Wyatt avait pris le micro et avait dit : «Bienvenue Montréal!»
Il avait par la suite déclaré vouloir affronter le vainqueur du match entre Bobby Lashley et Brock Lesnar qui allait avoir lieu le lendemain. Toujours à Montréal, il avait affronté LA Knight, mais dans un combat non télévisé.
Sans le savoir, nous venions d’assister au dernier moment de Wyatt, en personne, à la télévision, dans une arène de lutte.
La semaine suivante à SmackDown, on présentait une vidéo de Wyatt, alors que son dernier match allait avoir lieu quelques jours plus tard dans un spectacle non télévisé à Rockford en Illinois.
Puis, le néant total.
Celui qui devait lutter à WrestleMania contre Lashley n’a plus été vu par la suite. Plusieurs rumeurs courraient au sujet de sa santé, dont la plus récente à l’effet qu’il était atteint d’une maladie qui aurait pu mettre fin non seulement à sa carrière, mais également à ses jours. Toutefois, ses proches étaient sûrs que le pire était derrière lui et qu’il ferait retour dans l’arène très bientôt.
Cinq jours plus tard, on nous annonçait son décès.
Quelques heures après cette annonce, le journaliste Sean Ross Sapp dévoilait la cause de ce mystérieux décès.
Wyatt avait attrapé le virus de la COVID-19, ce qui a eu pour effet d’aggraver des problèmes reliés au cœur. Son état s’était amélioré, mais jeudi, il a subi une crise cardiaque qui lui a été fatale.
Il n’avait que 36 ans.
Un lutteur de troisième génération
De son vrai nom Windham Rotunda, il avait grandi dans le monde de la lutte. Son grand-père était Blackjack Mulligan (Bob Windham), un des deux membres de la célèbre équipe des Blackjacks.
Son père est Mike Rotunda, qui a marié Stephanie Windham, la fille de Mulligan, et qui a lui-même connu une longue carrière dans le monde de la lutte, en équipe avec son beau-frère Barry Windham et par la suite avec Ted DiBiase sous le sobriquet de Irwin R. Schyster (IRS).
En plus d’avoir un grand-père, un père et deux oncles (le frère de Barry, Kendall, étant l’autre) dans le métier, son jeune frère, Taylor, mieux connu sous le nom de Bo Dallas, est également lutteur et est un ancien champion du côté de NXT.
Bref, une famille de lutte, une vraie.
Né le 23 mai 1987 à Brooksville en Floride, près de Tampa, c’est au début de la vingtaine que Rotunda fait ses débuts comme lutteur, du côté du territoire de développement de la WWE, FCW, à Tampa.
Faisant partie de la première mouture de NXT, c’est sous le nom de Husky Harris qu’il se fait d’abord connaître. Malgré qu’il soit doté d’un bon physique avec ses 6 pieds 3 et quelque 280 livres, il n’arrive pas à bien s’établir. Même une visite dans l’alignement principal avec le clan Nexus n’est pas suffisante.
L’arrivée de la famille Wyatt
De retour en Floride et après l’échec d’un autre personnage, sa carrière prend vraiment forme lorsqu’il adopte le personnage de Bray Wyatt. Chemise hawaïenne, feutre, barbe garnie, il avait l’air d’un psychopathe tout droit sorti d’un suspense ou d’un film d’horreur.
Puis, on lui donne une famille, la famille Wyatt, en Luke Harper et Rowan (et plus tard Braun Strowman, Daniel Bryan et Randy Orton) deux autres lutteurs dotés d’un fort gabarit. S’inspirant des nombreuses sectes dans l’histoire de l’humanité, il devient le chef de celle-ci, un Charles Manson des temps modernes. Assis dans sa chaise berçante, dans ce qui semble être un chalet dans le fond des bois, il nous raconte des histoires à faire frissonner.
Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne fasse son retour à Raw ou à SmackDown.
De mai 2013 lorsqu’on a débuté les vignettes afin de promouvoir l’arrivée de la famille Wyatt, jusqu’à la toute fin de sa carrière, Wyatt aura été perçu comme l’un des lutteurs les plus créatifs de l’histoire.
Une arrivée dans le noir avec seulement une lampe à l’huile, les masques de moutons, les messages cryptés, les promos à faire frémir, une démarche lente, toujours jouant entre le surnaturel et la réalité, la WWE n’était pas prête à ça!
Et c’est ce qui faisait le génie de Wyatt. Il avait un personnage si unique entre les mains; même les scripteurs de la WWE étaient déstabilisés.
Il avait également un style peu orthodoxe dans l’arène. Il se tenait sur le troisième câble et se penchait par en arrière si bien qu’on voyait sa tête à l’envers, une image aussi impressionnante que terrifiante. Puis, à la renverse, il marchait sur ses mains et ses pieds, à quatre pattes comme une bibite tout droit sortie de Stranger Things. Il embrassait aussi la tête de son adversaire avant de le renverser face première sur le matelas avec la manœuvre qu’il appelait Sister Abigail. Vraiment unique dans tout ce qu’il faisait.
Le Fiend et le Firefly Fun House : un héritage complexe
Plusieurs surnoms lui ont été donnés au fil des années: le mangeur et l’effaceur de mondes, l’homme aux 1000 vérités, et le nouveau visage de la peur.
Mais c’est sous le surnom du «Fiend» qu’il connaîtra le sommet de sa créativité avec les émissions pour enfants, mais pas tant pour enfants, intitulées Firefly Fun House, un genre de Passe-Partout qui rencontre Chucky!
Ce n’était pas toujours bon, ça n’a jamais été mes segments préférés, mais je dois avouer qu’il y avait tout un effort créatif en arrière des différents personnages et des textes. Rien n’était présenté pour rien.
Le Fiend nous a aussi donné le match cinématographique face à John Cena à WrestleMania 36, en 2020 en pleine pandémie, un match où Cena s’est retrouvé pris dans le monde tordu du Fiend. Il s’agissait d’un vrai chef-d’œuvre et je persiste à croire que c’est ce genre de matchs qu’il aurait dû continuer à faire, même après le retour des amateurs dans les amphithéâtres.
Mais comme le génie est souvent près de la folie, la façon de présenter Wyatt n’était pas toujours un succès, le match House of Horrors en étant une belle preuve.
D’ailleurs, son match contre Randy Orton à WrestleMania 37 se doit d’être considéré comme l’un des pires de l’histoire de WrestleMania. Orton et Alexa Bliss sont probablement les deux personnes qui ont le plus souffert de cette créativité, avec un Seth Rollins pas très loin derrière.
Wyatt n’était pas toujours le plus discipliné et après avoir été congédié en juillet 2022, on a décidé de le ramener à l’automne dans, encore une fois, l’un des segments les plus géniaux jamais réalisés par la WWE.
La musique de White Rabbit de Jefferson Airplane, une série d’images saccadées ont commençant à apparaître à l’écran pendant les émissions, des codes QR donnant des indices, de même que des marionnettes de son FireFly Fun House, mais en vrai, comme si son monde prenait vie.
On avait tous hâte à son retour.
Mais comme à plusieurs reprises au cours de sa carrière, le ballon s’est rapidement dégonflé après son retour. Comme si un artiste écrivait la meilleure chanson de tous les temps, mais était incapable de livrer un concert à la hauteur des attentes. Après son retour, il n’a d’ailleurs lutté que dans un seul match télévisé, soit au Royal Rumble 2023.
Chercher le coupable n’est pas une mince tâche ici.
Est-ce que Wyatt était trop créatif pour la WWE? Est-ce que l’équipe créative n’arrivait juste pas à le comprendre? Est-ce que Vince McMahon voyait tout son potentiel? Est-ce que les amateurs étaient trop demandant? Toutes ces réponses?
Difficile à dire.
Autant les amateurs voyaient la créativité derrière le personnage, l’exécution dans l’arène ou dans l’histoire qu’on tentait de raconter n’était pas aussi appréciée.
C’est pourquoi le personnage de Bray Wyatt ou du Fiend a été voté meilleur personnage en 2013 et 2019, mais, aussi, pire personnage en 2020 dans les prix du Wrestling Observer Newsletter.
C’est ce qui fait aussi que ses rivalités avec Randy Orton (2017 et 2021), Seth Rollins (2019) et Braun Strowman (2020) et que ses matchs contre John Cena (2014), Orton (2017), Rollins (2019) et Strowman (2020) aient été votés les pires dans leurs catégories respectives.
Était-il incompris ou simplement un visionnaire trop en avant de son temps?
Lors de sa dernière conférence de presse dans le cadre du Royal Rumble en janvier 2023, Wyatt avait ceci à dire à ce sujet :
«Je pense qu’il y a des gens qui aiment les nouveaux concepts et qui prennent des risques et ce genre de trucs, et puis il y a des gens qui ne le font pas simplement parce qu’ils ne le font pas. C’est un sport pour certains et c’est un spectacle pour d’autres. Mais je pense que ce qu’il y a de beau dans la lutte et cette industrie, c’est qu’il y en a pour tous les goûts. J’ai toujours été fier du fait que j’étais prêt à prendre des risques et à faire des choses que personne n’a jamais faites. Parce qu’à mon avis, si vous n’êtes pas prêt à le faire, alors que faites-vous ici? Il s’agit en quelque sorte de laisser un héritage pour moi et je ferais à peu près n’importe quoi, surtout si personne ne l’a jamais fait auparavant parce que je saurais que les gens le remarqueraient. C’est amusant pour moi.»
De l’Undertaker au Fiend
Dans un moment d’anthologie, au 30e anniversaire de Raw en janvier dernier, l’Undertaker et Wyatt se sont croisés dans l’arène alors que l’homme d’outre-tombe lui a dit quelque chose à l’oreille avant de quitter les lieux.
Le segment avait été vu comme le passage du flambeau d’un personnage surhumain à un autre. En fait, Undertaker, Kane et Bray Wyatt sont certainement les plus beaux personnages de ce genre dans l’histoire de la lutte professionnelle.
Il a été révélé par la suite que l’Undertaker avait dit à Wyatt que ce dernier pouvait l’appeler quand il voulait, s’il désirait discuter avec lui ou avoir son avis. Il s’agissait vraiment de la passation du flambeau.
À travers tout cet univers parallèle, Wyatt a quand même été champion par équipe et champion Universel à deux reprises, ainsi que champion de la WWE. Il aura été le dernier champion Universel avant que Roman Reigns s’empare du titre pour toujours en août 2020.
La perte de son bon ami Jon Huber (Luke Harper, Brodie Lee), décédé en décembre 2020 à l’âge de 41 ans avait grandement affecté Wyatt. Ironiquement, il est décédé un peu comme lui, à la suite d’une maladie gardée secrète par la famille et en prenant la planète lutte par surprise.
Pour vous dire à quel point la famille Wyatt était un clan tissé serré, non seulement s’était-il lié d’amitié avec Huber, mais Braun Strowman est le parrain de son garçon.
Il laisse dans le deuil sa conjointe et ancienne annonceuse maison à la WWE, Jojo Offerman, son frère Taylor, sa sœur Mika, son père Mike, sa mère Stephanie, ainsi que ses quatre enfants.
Terry Funk: le génie de toujours se réinventer
-Morgan, t’es viré.
-Tu te fous de ma gueule, ma parole!
-T’as pas le profil de l’emploi.
-Sale p’tit con. Qu’est-ce que j’vais devenir, moi?
-Recycles-toi dans la coiffure!
-T’es un homme mort.
Cet échange a eu lieu dans sa version originale anglophone entre Dalton et Morgan, deux portiers dans un bar qu’on peut voir dans le film, Road House, sorti en mai 1989.
En français, vous le connaissez sûrement sous le nom de Bar Routier. Un film qui n’a généré que 61 millions de dollars américains au box-office, mais qui est devenu culte par la suite.
Dalton, c’était Patrick Swayze, décédé en 2009 à l’âge de 57 ans.
Morgan, c’était Terry Funk, décédé mercredi dernier à l’âge de 79 ans.
Terry Funk n’a pas connu la carrière de Dwayne « The Rock » Johnson ou même celle de John Cena au grand écran. Mais dans le monde de la lutte, il n’a rien à leur envier.
L’année 1989 en a particulièrement été une bonne pour Funk.
Il n’avait pas lutté l’année précédente justement afin de pouvoir tourner ce film. Mais peu de temps après sa sortie, Funk s’alignait avec la WCW, tout d’abord dans une rivalité avec Sting, puis avec nulle autre que le champion de la NWA, Ric Flair.
Et quelle rivalité ce fut!
Leur premier match d’importance, au Great American Bash, avait reçu quatre étoiles et demie par le journaliste Dave Meltzer. Quelques mois plus tard, à Clash of the Champions, leur « I quit » match avait reçu l’honneur ultime de cinq étoiles. Un match où la lutte, la psychologie et la brutalité s’étaient mariées à merveille et sans l’ombre d’un doute, un des meilleurs combats des années 1980.
Cette rivalité entre Funk et Flair avait été votée la meilleure dans le monde de la lutte professionnelle en 1989 par le Wrestling Observer Newsletter. Funk avait aussi été voté le plus détesté, le meilleur au micro et le meilleur bagarreur. De plus, il avait terminé troisième dans la catégorie du meilleur lutteur et les deux matchs contre Flair avaient été votés dans le top-10 des meilleurs matchs de l’année.
Même son de cloche du côté du Pro Wrestling Illustrated. Rivalité de l’année, devançant même celle entre Hulk Hogan et Randy Savage, ainsi que deuxième lutteur le plus détesté derrière « Macho Man ».
Et tout ça à l’âge de 45 ans et après plus de 20 ans de métier!
C’est d’ailleurs l’une des choses qui caractérise Funk. Il a toujours trouvé une façon de se réinventer et de rester dans le coup malgré les années. Un peu comme le fait en ce moment Chris Jericho. Comme me disait l’historien Bertrand Hébert en entrevue, il a probablement inventé cette façon de se réinventer chez un lutteur.
Un vrai cowboy du Texas!
Après avoir joué au football à l’université West Texas State, il a débuté sa carrière de lutteur professionnel à la fin de l’année 1965 pour la promotion de son père, Dory Funk, à Amarillo au Texas. Terry et son frère aîné Dory Jr. sont vites devenus une équipe très populaire.
Les deux frères vont également travailler ensemble pour le compte de la All Japan Pro Wrestling et auront des matchs mémorables et sanglants avec l’équipe composée d’Abdullah the Butcher et du Sheik (l’original). Ils s’aligneront aux côtés du promoteur Giant Baba pendant près de 20 ans, s’occupant entre autres de faire venir des lutteurs américains à All Japan.
C’est en Floride que Terry connaîtra beaucoup de succès dans les années 1970. En 1975, à Miami, Terry remporte le prestigieux titre mondial de la NWA en défaisant Jack Brisco, devenant avec son frère, la seule paire de frangins ayant été champion mondial de la NWA. En effet, en 1969, Dory avait battu le Canadien Gene Kiniski et débutait un règne de plus de quatre ans, avant de perdre face à Harley Race. C’est aussi Race qui mettra fin au règne de 14 mois de Terry.
Le lutteur québécois Paul Leduc a bien connu Terry Funk lorsqu’il luttait en Floride. Mais ce ne sont pas pour ses prouesses dans l’arène qu’il se souvient de lui, mais plutôt pour son côté, comment dire, Texan!
« On roulait vers Albuquerque et il y a beaucoup de lapins sauvages dans ce coin-là. Et à un moment donné Terry se met à tirer du gun vers les lapins, sans se soucier qu’il y avait des maisons en arrière. C’est la dernière fois que j’ai embarqué avec lui! »
Des propos qui font échos chez un autre lutteur québécois, Gino Brito.
« Je l’ai connu dans les années 1960, quand je me promenais avec les lutteurs nains de mon père et je me souviens qu’on était dans une chambre d’hôtel et Terry s’ennuyait. Il a pris son gun et s’est mis à tirer dans la chambre pour aucune bonne raison! »
C’était une autre époque, mais Terry Funk était un gars du Texas, un vrai!
La naissance de la légende du hardcore
Si les frères Funk luttent majoritairement au Texas, en Floride et au Japon dans les années 1960 et 1970, Terry et Dory font leurs débuts pour la puissante WWF au milieu des années 1980, mais le tout n’est que de courte durée. Dory avait été renommé Hoss Funk et les deux faisaient équipe avec un faux frère, Jimmy Jack Funk (Jesse Barr de Portland en Oregon). En simple, Funk lutte et perd quelques fois contre Hulk Hogan pour le titre de la WWF. Faire perdre un ancien champion de la NWA était une obsession pour Vince. Peu de temps après WrestleMania 2, l’aventure est déjà terminée.
Si ce n’est pas dans l’empire McMahon que Funk allait se réinventer, le tout allait être bien différent dans la décennie qui suivra.
En effet, dans les années 1990, le style de Funk change, passant d’un style de bagarreur du Texas à un style plus extrême.
D’ailleurs, en mai 1993, pour le compte de la FMW au Japon, il fait les frais d’une finale face à Atsushi Onita dans un « no rope exploding barbed wire time bomb deathmatch », ou si vous préférez, un match où on remplace les câbles par du barbelé explosif, rien de moins!
Puis quelques mois plus tard, Terry fait ses débuts à la ECW, luttant dans des matchs extrêmes, la plupart du temps ensanglantés, contre les Cactus Jack, Sandman, Sabu et Tommy Dreamer. En avril 1997, lors du tout premier PPV de l’histoire de la compagnie, il lutte à deux reprises. La première fois, dans un match triple menace contre Stevie Richards et Sandman, match dont il sort victorieux, pour ensuite affronter et vaincre Raven pour le titre mondial d’ECW.
Le tout à l’âge 52 ans!
Il deviendra une légende du hardcore et amènera de la crédibilité et de la légitimité à une promotion qui en avait grandement besoin. Il se met également à faire un moonsault, une manœuvre de haute voltige qui gagne en popularité à l’époque, s’assurant ainsi de demeurer au goût du jour.
Chainsaw Charlie et Cactus Jack: bang, bang!
Les amateurs qui ont suivi l’ère attitude se rappellent certainement de Funk à la WWF, alors qu’il y fait un retour en décembre 1997 à la suite d’une très courte retraite.
Ce n’était pas la première fois que Funk se retirait. Il avait déjà pris sa retraite en 1983, avant de revenir peu de temps après. D’ailleurs, il sera reconnu pour ses nombreuses retraites.
C’est sous le nom de Chainsaw Charlie qu’il y travaille, faisant équipe avec l’un des trois personnages de Mick Foley, Cactus Jack. Ils débutent une rivalité avec Billy Gunn et Roaddog, les New Age Outlaws et remportent même les titres par équipe de la WWF à WrestleMania 14, dans un match où les gagnants devaient jeter leurs adversaires dans une benne à ordures, un « dumpster match » comme on l’appelle!
Il s’agira du seul et unique titre de Funk à la WWF et son règne sera d’une plus courte durée encore que ses retraites.
En effet, le lendemain, alors qu’on voit Triple H prendre les rênes de la D-Generation X à la suite de la défaite (et de la retraite) de Shawn Michaels la veille face à Steve Austin, ainsi que le retour de Sean Waltman (X-Pac, 1-2-3 Kid), Funk et Foley perdent les titres dans un match de cage face aux New Age Outlaws, qui deviennent par le fait même des membres officiels de la DX.
Le voir deux fois en personne…avec Kevin Owens!
La fin des années 1990, les années 2000 et les années 2010 seront plus tranquilles pour Funk.
Il revisitera la ECW, ainsi que la WCW où il deviendra champion hardcore et champion des États-Unis, il luttera pour la TNA de même que pour plusieurs promotions du circuit indépendant.
C’est en 2006 et en 2013 que j’aurai la chance de le voir à l’œuvre en personne.
À ECW One Night Stand, Il fait équipe avec Tommy Dreamer et Beulah McGillicutty face au trio composé de Mick Foley, Edge et Lita. Après qu’on l’ait envoyé en arrière-scène pour simuler une blessure, Funk revient dans l’arène avec un deux par quatre en feu, entouré de barbelés, dans un moment gravé dans la mémoire de plusieurs.
J’étais au Hammerstein Ballroom pour l’événement avec entre autres un certain Kevin Steen, huit ans avant qu’il ne devienne Kevin Owens, qui était uniquement venu voir le spectacle.
C’est donc particulier que la seule autre fois que j’ai vu Funk se battre devant mes yeux soit en mai 2013, justement face à Steen, alors que j’assistais à un spectacle de lutte indépendante organisé par la 2CW dans l’état de New York.
En fait, ce n’était pas un combat comme tel.
Steen était dans le coin de Jason Axe alors que Funk était dans celui de Spike Dudley. Et pendant le match, les deux se sont mis à se battre l’un contre l’autre dans l’arène, mais aussi à l’extérieur, dans la foule et jusqu’à la sortie d’urgence de la salle, au grand plaisir des amateurs présents.
Kevin Owens a d’ailleurs déclaré ceci sur la plateforme X à la suite du décès de Funk :
«Je ne viens plus vraiment ici, mais j’ai dû aujourd’hui pour dire que Terry Funk était le meilleur d’entre nous et que le fait d’avoir été dans le ring avec lui il y a 10 ans est et sera toujours l’un des meilleurs moments de ma carrière, sans aucun doute. À ce jour, je repense encore souvent à cette soirée-là et je me secoue la tête avec incrédulité devant le privilège absolu et la chance incroyable que j’ai eus d’être là avec lui. L’énergie et l’aura que Terry Funk a portées avec lui dans le ring ce soir-là sont quelque chose que je n’avais jamais connu auparavant et que je n’ai pas connu depuis, et j’ai été dans un ring avec des noms assez incroyables … Je ne l’oublierai jamais. Terry Funk. Pour toujours.»
Un grand, sur plus d’une décennie
Intronisé au temple de la renommée du Wrestling Observer Newsletter en 1996, à celui de la WWE en 2009, Funk a continué à lutter jusqu’en 2017, alors qu’il était âgé de 73 ans.
Sa santé a souvent été hypothéquée dans les dernières années et vers la fin de sa vie, il commençait à souffrir de démence.
Plus que n’importe quel titre ou n’importe quel hommage, Terry Funk a été l’un des rares lutteurs à avoir été important et significatif dans les années 1970, dans les années 1980 et dans les années 1990, tout en ayant lutté dans six décennies différentes.
Il laisse dans le deuil son frère Dory, ses deux filles, ainsi que de nombreux amateurs de lutte…et du film Bar Routier.