50 ans de l’AMH: un record impossible à battre
André Lacroix a connu une carrière exceptionnelle dans l’Association mondiale de hockey, terminant meilleur pointeur de l’histoire du «circuit maudit». Un record, lance-t-il, qui ne sera jamais battu.
«C’est sûr! ajoute l’ancien attaquant en riant. La ligue n’existe plus!»
Mais ce n’est pas ce qui rend Lacroix le plus heureux quand il repense à sept saisons passées dans l’AMH. C’est plutôt sa place dans l’histoire aux côtés de quelques-uns des plus noms les plus légendaires du hockey.
«En 1974-1975, j’ai connu une saison exceptionnelle [avec les Mariners de San Diego], raconte l’homme de 77 ans, qui vit aux États-Unis depuis de nombreuses années. J’étais un joueur de centre alors le plus important pour moi, c’était d’être un bon passeur.»
«Cette année-là, j’ai récolté 106 passes, ajoute-t-il fièrement. Dans l’histoire du hockey professionnel, il n’y a que quatre joueurs qui ont obtenu plus de 100 aides en une saison : Wayne Gretzky, Bobby Orr, Mario Lemieux et… moi!»
Malheureux chez les Black Hawks
André Lacroix jouait dans la Ligue nationale depuis cinq ans quand il a reçu en 1972 un appel de l’un des propriétaires des Blazers de Philadelphie, une concession qui allait se joindre à la nouvelle Association mondiale.
«À l’époque, j’étais à Chicago, avec les Black Hawks, explique le natif de Lauzon, une ville désormais annexée à Lévis. Je n’étais pas heureux avec l’équipe. Il m’a dit qu’il m’avait vu jouer avec les Flyers pendant trois ans et qu’il me voulait à Philadelphie.»
Comme bien de ses coéquipiers de l’AMH, Lacroix n’a pas hésité longtemps. La proposition des Blazers était particulièrement alléchante : le club lui offrait un pacte de cinq ans et doublait le salaire que lui avaient consenti les Black Hawks.
Il fallait rester
Bien sûr, Lacroix en a vu des vertes et des pas mûres dans l’Association mondiale. Car si plusieurs anciens estiment que la ligue n’était pas si loin de la LNH, il y avait ces nombreuses équipes qui déclaraient faillite, ces arénas étranges…
Mais rien pour faire naître des regrets chez ce pionnier du «circuit rebelle», qui joue encore au hockey chaque dimanche.
«On est six ou sept au départ qui avons fait le choix de quitter la Ligue nationale pour aller dans l’AMH, en espérant que ça marcherait, pointe-t-il. Quand j’avais de bonnes années, certaines personnes me demandaient si j’aimerais retourner dans la LNH. Je répondais : “Jamais”.»
«J’ai été l’un des fondateurs de cette ligue, poursuit Lacroix. Je voulais qu’elle survive et la seule manière pour que ça fonctionne, c’était de rester. […] Quand on a accepté d’aller jouer dans l’AMH, on savait tous qu’il y aurait de bons et de mauvais moments.»
Mais finalement, les bons moments ont eu le dessus sur les plus difficiles pour André Lacroix, qui demeure ravi de son pari plutôt réussi, 50 ans plus tard.
«Je voulais que quelqu’un me donne la chance de jouer le hockey que j’étais capable de jouer. C’est pour ça que j’ai fait le saut», sourit-il.