Il vous reste quoi comme argument?

Je sais que le titre est peut-être arrogant un brin. Je comprends. Mais honnêtement, après le week-end qu’on vient de vivre dans le monde du golf, la question se pose. Il vous reste quoi comme argument pour ne pas reconnaître la légitimité de la LIV sur l’échiquier du golf mondial? 

Pis le pire dans tout ça, c’est que le meilleur commentaire des derniers jours revient à James Hahn, un joueur de la PGA, qui se demandait sur Twitter, pourquoi on est obligé de choisir un camp, d’en aimer un au détriment de l’autre? Alors que c’est si facile d’apprécier le sport dans son ensemble et tout ce qui l’entoure.

Je l’ai dit, et je le redis, j’aime et j’adore le PGA Tour. Ils représentent l’histoire, la légende, l’émotion. Les plus grands moments du golf se sont TOUS ou presque produits pendant des évènements du PGA Tour, par des golfeurs du PGA Tour. Le PGA Tour, c’est la fondation et la pierre d’assise d’un sport qui nous passionne tous. 

Évidemment que c’est personnel d’aimer ou non quelque chose. Comme la musique. Tu peux aimer ou non la musique de Marc Hervieux, de Corneille, etc… Mais c’est quand la mauvaise foi opère que ça me titille. 

À un moment donné dans les 5 derniers trous du tournoi à Jeddah, les six premiers échelons du tableau des meneurs étaient constitués de Koepka, Uihlein, Garcia, Niemann, Casey et Dustin Johnson. À eux six, c’est 77 victoires professionnelles en carrière. C’est des dizaines et des dizaines de top 10 dans les tournois majeurs, des victoires historiques. C’était une fin de tournoi captivante, serrée. 

Et je lis encore des gens qui parlent d’exhibition. Ok. Parfait. Vous n’aimez pas le circuit. C’est votre droit le plus complet. Mais de grâce, regardez les chiffres et analysez les différents tournois en cours le même week-end avant de dire que cette victoire ne veut rien dire. 

Je le redis, gagner sur la LIV n’a rien à voir avec gagner sur le PGA Tour présentement. Rien. Pourquoi? Parce que tout est encore à construire. Parce que le circuit est vieux de sept tournois. Parce que les choses sont encore train de se placer. Parce qu’aucun circuit professionnel n’a écrit l’histoire en un an. 

Mais gagner, c’est gagner. Contre 48 gars, contre 156, contre 1000 gars. Gagner c’est gagner. Quand nous arpentons les routes du Québec et de l’Ontario avec l’émission Les Pros et le East Coast Pro Tour, et que les tournois se décident sur 2 jours, entre généralement 40 à 90 golfeurs et golfeuses, gagner c’est gagner. Tu n’as pas « moins gagné » le tournoi parce que c’est seulement deux jours. Parce qu’il n’y a que 45 gars. Tu as été le meilleur à ce moment-là, dans les conditions qui t’ont été proposées!

Quand la PGA du Québec présente un tournoi, le gagnant se trouve toujours dans le même groupe de 6 ou 7 golfeurs qui ont encore le niveau de jeu pour gagner en compétition. Yohann Benson, Dom Lalonde, Tim Alarie, PA Bédard, Francis Tanguay n’ont pas « moins gagné » parce que c’est un tournoi sur une seule journée, ou parce que la moitié de la liste de joueurs n’a pas touché à ses bâtons depuis 2 semaines voire un mois. 

Bref, une victoire est une victoire. Toujours. Pour Brooks Koepka, elle représente la fin de 2 ans d’incertitude, la confirmation que son choix de ramener Claude Harmon était le bon. Pour Koepka, cette victoire la c’est le début d’une nouvelle étape dans sa vie de golfeur pro. 

Et je vous dis ça, mais règle générale, je sais que vous appréciez le produit. Ça se traduit dans les cotes d’écoutes, dans les questions qu’on reçoit, dans les dizaines, voire centaines de discussions que j’ai eues avec plusieurs d’entre vous, soit en personne ou encore sur les plateformes. Ça se traduit par les discussions sur les différents groupes de golf, qui sont vives mais majoritairement respectueuses, à l’exception de trois ou quatre coucous qui passent assurément leur vie fâchés pour toute pis pour rien. 

Mais ça c’est dans le hockey, dans la boxe, dans le baseball. C’est partout. Parce que le sport c’est émotif. Le sport, ça nous prend aux tripes, et quand on vit une émotion qui nous bouscule, certains ne savent simplement pas comment la gérer. 

Dans un an, la LIV sera bien implantée, le PGA Tour aura ses « elevated events », les tournois majeurs opposeront les meilleurs joueurs au monde de partout. Les joueurs de la LIV auront accès à certains événements du DP World Tour. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. 

On vit présentement un tourbillon, causé par un géant qui est arrivé au village en arrachant quelques arbres et quelques maisons sur son passage. On vit le tumulte du changement qui s’opère à 200 miles à l’heure, et humainement, ce n’est pas tout le monde qui est équipé pour ce genre de « choc ». Et c’est très compréhensible. 

Bref. La première saison de la LIV Golf est déjà dans les livres, ou presque. Les moments forts s’accumulent, les joueurs de top qualité convergent de plus en plus vers le circuit. La période Novembre-Février sera cruciale pour le nouveau circuit. Attendez-vous à voir d’autres légendes de la «game» y apparaitre en février prochain. 

Attendez-vous à voir d’autre jeunes loups tenter de s’y faire une place. Des Eugenio Lopez-Chacarra, on en veut des tonnes. Ce jeune athlète est incroyable. Il sera bon, très bon, et très longtemps. 

Les discussions seront vives, et animées pour un moment encore, et c’est correct. C’est même nécessaire. Mais ne vous sentez pas obligé de choisir un camp. Ne vous sentez pas comme si vous étiez assis sur la clôture. De toute façon, peu importe vos doléances, les deux sont là pour rester, longtemps. Ils n’iront nulle part.

À bientôt. On vous attend fin octobre pour le championnat par équipe à Miami!