Alain Bonnamie continue le combat
Aux prises avec la maladie de Parkinson depuis plus de huit ans, l’ancien boxeur Alain Bonnamie traverse une période plus difficile, se relevant d’un divorce et d’une faillite professionnelle, mais il en faudrait davantage pour l’envoyer au tapis pour de bon.
«Mon rêve est de vivre longtemps en m’occupant de moi du mieux possible. Si tu arrêtes de rêver, tu t’approches du cercueil», résume celui qui, jusqu’en 2019, dirigeait avec son ex-femme trois studios offrant yoga, méditation et arts martiaux à Montréal, à Sherbrooke et à Magog.
Bonnamie, 57 ans, ne s’en cache pas: il souffre d’une maladie dégénérative, mais en prenant soin de son alimentation et en demeurant actif, il met les chances de son bord. Il désire prolonger son existence, malgré les tremblements qui ne cessent que rarement.
Parmi ses plus récents rêves, il a réalisé celui d’écrire un livre qui relate une carrière bien remplie dans le monde du karaté, du kickboxing et de la boxe. Le titre est évocateur: Ma vie est un combat.
«J’ai fait ce livre pour mes enfants, ils sont ma raison de vivre, résume celui qui est le père de trois garçons, soit Daven, 27 ans, Roian, 14 ans, et Dylan, 12 ans. Je veux qu’on se souvienne de moi comme quelqu’un de travaillant, quelqu’un qui a du cœur.»
Un saut dans le temps
C’est au Déli Beaubien qu’avait lieu, mardi après-midi, le lancement du livre. Il s’agit là du restaurant qui a longtemps été le bureau du défunt promoteur de boxe Régis Lévesque.
«Je suis aussi nerveux qu’avant un combat», a alors souri Bonnamie, coauteur du bouquin avec son complice Luc Bertrand.
L’événement de mardi offrait d’ailleurs un saut dans le temps, à une époque où les combats entre athlètes locaux attiraient les projecteurs.
Le jour du lancement, un 25 octobre, n’était d’ailleurs pas un hasard. C’est à cette date, en 1990, que Bonnamie savourait sa plus grande victoire en carrière sur un ring de boxe, contre Davey Hilton. C’était au Forum de Montréal.
«Je venais du monde des arts martiaux et quand le moment était arrivé de promouvoir le combat, Régis Lévesque n’était pas content parce que j’avais tendance à vanter l’adversaire. Il me disait: “Arrête de lui dire qu’il est bon! Dis-lui que tu vas lui arracher la tête!”»
Plus chanceux qu’heureux
Bonnamie sourit en replongeant dans ses vieux souvenirs, mais derrière le combattant se cache un homme fragile. Ses raideurs musculaires et ses pertes d’équilibre en témoignent, tout comme sa vision floue provenant de son œil droit.
«Heureux n’est pas un mot que je choisirais pour me décrire présentement, mais je me considère chanceux, a-t-il formulé. Et quand tu te considères chanceux, tu es déjà un peu plus heureux.»
En septembre 2023, Bonnamie soulignera son 50e anniversaire sur les tatamis. Malgré la maladie, il prévoit célébrer le tout en voyageant au Japon pour l’obtention de son sixième dan en karaté.
«Je veux inciter les gens à relever des défis, mais pour y arriver, il faut que tu t’acharnes, que tu croies en toi et il faut que tu fasses ce que t’aimes, a-t-il conclu. Mes enfants, je n’ai jamais voulu qu’ils boxent. Il y a trop de risques de blessures. Mais dans mon cas, je referais le même parcours. Je suis fier de qui je suis.»