Terry Osias: mettre le cancer K.-O.
Dans un ring de boxe, Terry Osias a l’habitude de venir à bout de ses adversaires, comme en témoigne sa fiche parfaite. Son nouvel adversaire est toutefois d’un tout autre genre, puisqu’il a été diagnostiqué pour un cancer.
Vers la fin de l’année 2020, deux ganglions, de la forme de balles de golf, ont poussé au niveau de son cou et de l’aine. Après avoir passé des tests, le diagnostic est tombé : il était atteint d’un lymphome non hodgkinien de type T.
«J’étais seul à mon gymnase. Il faisait froid, c’était l’une des premières tempêtes de l’hiver, quand j’ai reçu l’appel de ma médecin. J’ai pleuré. Surtout quand elle m’a dit que je risquerai d’être stérile et que ça allait être dur sur mon corps. C’est là que j’ai réalisé que c’était vrai», se remémore-t-il.
Le diagnostic a été un choc pour lui, qui paraissait irréel sur le coup.
«Après ça, tout ce que je faisais était comme la dernière fois pour moi. Je me disais que c’était peut-être le dernier droit, mentionne-t-il. On n’est jamais à l’abri de rien. Quand les choses arrivent, il faut garder espoir. Peu importe que ce soit un cancer, des problèmes familiaux ou au travail, il y a toujours une solution. Il faut aussi s’amuser et profiter de la vie pendant qu’on peut.»
Malgré tout, Osias a obtenu l’autorisation de se battre dans un dernier combat avant de commencer ses traitements, en décembre 2021. De longs mois pendant lesquels, à chaque trois semaines, il a dû aller à l’hôpital pour recevoir un total de six traitements de chimiothérapie ont suivi.
«Pour chaque traitement, j’allais à l’hôpital pendant quatre heures. Je me retrouvais avec de la fatigue, des vomissements et maux de tête», se souvient-il.
Persévérance
Le pugiliste ayant accédé aux rangs professionnels à l’âge de 30 ans en 2017 a toutefois persévéré, s’accrochant tant bien que mal pour remporter le premier round contre la maladie. Depuis trois mois, il a repris l’entraînement de façon progressive, jusqu’à renouer, depuis les dernières semaines, avec la même intensité qu’avant.
«À chaque combat, j’y vais toujours de la même façon. Je me suis toujours trouvé une façon de m’ajuster. C’était la même chose pour ce combat contre le cancer. Je n’ai jamais abandonné», a illustré celui souhaitant remonter dans le ring une dernière fois avant de recevoir, en février, une greffe de moelle osseuse qui le tiendra à l’écart du gymnase pour minimalement trois mois.
Cette greffe devrait lui permettre d’éviter tout risque de récidive du cancer. D’ici là, son entraîneur Vincent Auclair ne ferme pas la porte à l’idée d’un dernier combat pour son protégé invaincu en 10 affrontements.
«Il faudrait mettre les bouchées doubles et il faudra voir en sparring comment il va. Je serais prêt à le prévoir, mais il faudrait voir quel type d’adversaire il affronterait, précise-t-il. C’est un boxeur très intelligent, un gars qui sait bien s’adapter et qui a beaucoup progressé dans les dernières années.»
Bien actif
En parallèle de sa carrière, Osias est à la tête d’un gymnase, à Longueuil, où il entraîne le grand public dans des cours de remise en forme. À la suite de son diagnostic, il a également organisé deux activités de financement pour l’Hôpital Charles-Le Moyne, où il a été traité. Sa contribution au sein de la communauté a d’ailleurs été soulignée par la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, qui lui a remis un certificat honorifique à l’hôtel de ville le 5 juillet.
Le boxeur veut aussi que les gens ne l’oublient pas, surtout entre les câbles.
«Ce serait comme une rédemption pour moi. Je veux faire un combat de retour et montrer aux gens que je suis toujours là», espère Osias.