Poursuite de 5,5 M$ contre Water Polo Canada

Le sport olympique canadien vit la pire crise de son histoire avec des histoires d’horreur qui s’accumulent dans de nombreuses disciplines au gré des semaines et des mois.

Après le hockey, la gymnastique, le bobsleigh, la natation artistique, le rugby, la boxe, le patinage de vitesse courte piste et le ski alpin, c’est maintenant au tour du water-polo d’être sous les feux de la rampe pour les mauvaises raisons.

Quatre anciennes joueuses de l’équipe canadienne ont déposé une poursuite au civil de 5,5 millions $ en Cour supérieure de l’Ontario le 29 avril à l’endroit de Water Polo Canada qui a reçu la déclaration, jeudi.

Les allégations n’ont pas été prouvées en cour et la défenderesse n’a déposé aucune défense concernant les faits reprochés.

Les détails de la poursuite ont été dévoilés par TSN et Radio-Canada jeudi midi.

Les plaignantes Stephanie Valin, Katrina Monton, Sophie Baron La Salle et une quatrième identifiée comme AA ont porté les couleurs de l’équipe canadienne entre les années 2004 et 2016.

Les quatre anciennes joueuses soutiennent que l’organisme a été négligent et n’a pas assuré leur sécurité. Elles soutiennent avoir été victimes d’abus physiques, psychologiques et émotionnels en plus de harcèlement sexuel.

Les actes reprochés auraient été commis par les entraîneurs Daniel Berthelette, Patrick Oaten, Guy Baker et Baher El Sakkary. La poursuite touche uniquement Water Polo Canada et non les individus.

Menaces physiques

Berthelette aurait menacé de s’en prendre physiquement aux athlètes dans une citation que l’on retrouve dans la déclaration.

«Daniel Berthelette aurait prévenu ses joueuses qu’il apporterait une carabine ou un bâton de baseball à la piscine pour les tirer ou les battre lorsqu’elles livraient une mauvaise performance.»

Les quatre plaignantes reprochent aussi à Berthelette, qui a longtemps dirigé le club CAMO, d’avoir menacé de s’en prendre à leurs familles et soutiennent qu’il a décrit son passé violent et ses relations avec la mafia et les Hells Angels pour asseoir son autorité et démontrer le sérieux de ses menaces.

La déclaration fait également mention de la dépendance à l’alcool de Berthelette et de ses encouragements aux beuveries et l’incitation à consommer pour les joueuses d’âge mineur.

Water Polo Canada n’a pas répondu à notre demande d’entrevue, mais nous a fait parvenir une déclaration écrite en fin de journée.

«Water Polo Canada croit que tous les athlètes de water-polo canadien ont le droit d’évoluer dans des milieux sportifs sécuritaires et inclusifs, de la piscine municipale jusqu’à la piscine olympique. Nous demeurons fermement engagés envers la formation sur la sécurité dans le sport. Nous examinerons en profondeur la procédure judiciaire reçue aujourd’hui, dans les jours et les semaines à venir.»

Berthelette et le harcèlement

À la tête de l’équipe canadienne aux Jeux de Sydney en 2000 alors que le water-polo féminin faisait son entrée dans le giron olympique, Berthelette a été congédié en décembre 2001 suite au rapport de Rachel Corbett qui lui reprochait de faire preuve de harcèlement psychologique. Il est revenu à la barre de l’équipe en 2003 comme adjoint avant de quitter en 2011.

Quant à Baker et El Sakkary, on leur reproche d’avoir lancé des bouteilles d’eau aux athlètes dans le cas du premier et des chaises, des clés et des ballons pour le second.

Les plaignantes prétendent avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part de Oaten qui leur aurait parlé de sa vie sexuelle et fait part de ses standards de beauté en leur mentionnant qu’il était attiré par les faux seins. Oaten dirige actuellement la formation senior masculine.

Manque de soutien alarmant

Le personnel de soutien est aussi pointé du doigt. On reproche au physiothérapeute Félix Croteau et au préparateur physique Alain Delorme d’avoir contribué à l’environnement toxique, et à la consultante Danièle Sauvageau de ne pas avoir proposé une aide psychologique à Valin qui lui avait fait part de sa détresse.

On reproche aussi au directeur général actuel Martin Goulet, dont Water Polo Canada a annoncé le départ le 14 octobre et qui sera effectif en mars, et l’ancien directeur de la haute performance Justin Oliveira d’avoir observé une culture du silence et d’avoir manqué à leur obligation de protéger les athlètes.