Martin St-Louis a besoin d’aide

Je comprends très bien ce que vit Martin St-Louis et comment il se sent ces jours-ci parce que je suis déjà passé par là. J’en ai fait moi aussi des sautes d’humeur devant les journalistes! 

Les médias en ont fait un gros plat, mais je les comprends, il y a de la viande autour de l’os! 

Les gens ne réalisent peut-être pas à quel point le travail de l’entraîneur ne se limite pas à «coacher» en tant que tel. Je dirais que c’est 50% de la tâche. L’autre moitié est consacrée à la gestion : que ce soit la communication avec les joueurs, régler les conflits internes, interagir avec les médias et adresser des messages aux partisans. 

C’est encore plus important dans un marché comme Montréal ou Toronto. Pour avoir dirigé à Pittsburgh et à Philadelphie, ce n’est vraiment pas pareil. Dans les grandes villes américaines, le hockey ne vient pas en haut de la liste. À Montréal, 90% de l’attention médiatique est axée sur les Canadiens.

Au Québec, ça n’a pas du tout la même ampleur qu’aux États-Unis. Ici, c’est multiplié par 10 en raison de la passion des partisans et des médias qui parlent du club 24 heures sur 24. En tant qu’entraîneur québécois, tu en es bien conscient, et ton entourage aussi. C’est exigeant, mais également passionnant. 

Il commence à y avoir des distractions chez le CH avec Jonathan Drouin et Mike Hoffman, mais surtout avec Evgenii Dadonov. St-Louis a besoin de l’aide de Kent Hughes pour se sortir de cette délicate situation. Quand ce genre d’événement arrive, ça devient une épine sous le pied du «coach» et le directeur général doit alors trouver des solutions pour que les deux parties en sortent gagnantes. Il faut que le DG facilite les décisions de l’entraîneur pour créer une bonne atmosphère, qui est un élément primordial pour accumuler des victoires.

St-Louis a besoin de Hughes pour qu’il prenne une décision au sujet de Dadonov. La situation actuelle ne peut pas durer éternellement. Plus le temps passe, plus ça devient un irritant.

Il y a toujours des joueurs malheureux dans une équipe, mais il ne doit pas y en avoir trop. Ce n’est jamais agréable de se faire tasser. Les athlètes de haut niveau comme Dadonov, qui ont obtenu du succès par le passé, ont tous leur fierté. C’est ce qui leur a permis de s’établir dans la LNH, en plus de leurs talents, évidemment. C’est donc normal que Dadonov soit frustré. 

Mais on ne «coache» pas pour être fin avec tout le monde. Si tu penses ça, tu n’es pas dans la bonne «business»! Tu sais très bien que certaines décisions ne plairont pas à tous, comme c’est le cas avec les trois joueurs que j’ai identifiés. C’est toujours plus difficile de laisser de côté des joueurs établis comme eux que des «employés de soutien» comme Rem Pitlick ou Michael Pezzetta. 

Des parallèles avec Scott Gomez

Tous les entraîneurs sont passés par là. Par expérience, je l’avais vu venir de loin celle-là.

Ça me rappelle ce que j’ai vécu avec Scott Gomez à mon deuxième passage à Montréal. J’avais appris de mon premier séjour. En plus d’avoir gagné en expérience en ayant dirigé à Wilkes-Barre et à Pittsburgh, j’avais travaillé dans les médias avant mon embauche.

J’avais anticipé le «pattern» avec Gomez. Si tu veux bâtir quelque chose de solide, il faut avoir le moins de distractions possibles. Je me doutais qu’il allait être une distraction pendant la saison écourtée par le lock-out, en 2012-2013. J’étais donc allé en parler avec le directeur général de l’époque, Marc Bergevin, qui avait bien géré le dossier. Comme j’en étais venu à la conclusion que Gomez allait jouer sur le quatrième trio et que je ne voulais pas qu’un vétéran respecté comme Gomez devienne une patate chaude, je suis allé voir Marc pour lui demander de trouver une solution. 

Ce n’était rien de personnel contre Gomez. C’est juste que ça ne marchait plus pour lui avec les Canadiens. En plus, les médias et les partisans étaient sur son dos depuis la saison précédente, ce qui nuisait à l’ambiance dans le vestiaire. Heureusement pour lui, il a pu poursuivre sa carrière ailleurs. 

En constante évolution

Lorsque je dirigeais, je n’étais pas parfait, loin de là. On m’a souvent reproché d’être en maudit en conférence de presse. Tu ne peux pas être plus mauvais perdant que moi! Les émotions entrent souvent en ligne de compte. Après tout, nous sommes des humains et non des robots. 

Avec les réseaux sociaux, il faut faire plus attention qu’avant à tout ce qu’on dit. Ce n’était pas comme ça à mes débuts. 

Tout évolue. Le hockey est juste la continuité de l’évolution de la société en général. Et c’est tant mieux. 

Par contre, ce qui ne change pas, c’est que gérer les problèmes et les médias accapare 50% du temps de l’entraîneur. 

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