De retour à Melbourne, Novak Djokovic ne garde aucune rancœur

Novak Djokovic est de retour en Australie. Un an après avoir été déporté du pays à la suite de l’annulation de son visa, le Serbe dit ne conserver aucune rancœur. « Si j’en avais, si je n’étais pas capable de passer par-dessus, je ne serais pas ici », a pointé le grand champion, samedi. 

Petit retour en arrière. En janvier 2022, « Djoko », non inoculé contre la COVID-19, se présente en Australie dans le but de disputer le premier tournoi majeur de la saison. Il affirme détenir un visa spécial, car la vaccination contre le virus est alors obligatoire pour entrer au pays.

Son visa est toutefois annulé par le gouvernement, car il est jugé non conforme. Djokovic est placé à deux occasions en rétention, dans un centre de Melbourne destiné aux immigrants illégaux.

À la veille du tournoi, où il est en quête d’un neuvième sacre, le « Djoker » est finalement expulsé du pays.

Le « méchant Djoker »

Dans une entrevue récente à la chaîne télévisée australienne Channel 9, Djokovic a confié qu’il avait peiné à sortir de chez lui dans les semaines qui ont suivi cette saga.

L’ancien numéro 1 mondial a aussi blâmé certains médias qui, selon lui, l’ont dépeint comme « un méchant ».

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Mais voilà, fini la rancœur. Djokovic avait hâte de revenir à Melbourne. On ne sait pas si ce sont les terrains du Melbourne Park, l’ambiance ou le soleil, mais l’Australie va si bien au quatrième favori. Ses neuf triomphes constituent un record. Un record qu’il compte bien améliorer cette année.

« Toutes les expériences positives que j’ai vécues en Australie supplantent ce qui est arrivé l’an dernier », a soulevé un Djokovic détendu, samedi.

« J’avais vraiment hâte de revenir ici et de jouer au tennis, car en fin de compte, c’est ce que je fais le mieux. C’est ce que j’ai toujours voulu faire et c’est ce que je souhaitais faire l’année passée », a-t-il poursuivi.

Un peu de nervosité

S’il était impatient de renouer avec le tournoi – et surtout, avec le Rod Laver Arena, le plus grand stade à Melbourne -, Djokovic reconnaît cependant qu’il craignait un peu l’accueil du public après les événements de l’an dernier.

Son anxiété s’est vite dissipée, vendredi, quand il a reçu un accueil chaleureux lors du match d’exhibition pour une œuvre caritative qu’il a disputé contre le favori local Nick Kyrgios. 

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« J’étais très émotif avec de mettre les pieds sur le terrain, a-t-il admis. [Mais] je suis très reconnaissant de l’accueil, de l’amour et du support que j’ai eus des fans. »

Les Grands Chelems, le but ultime

Djokovic ne s’en cache pas : il est à Melbourne pour remporter un 10e titre et du même coup, mettre la main sur un 22e trophée majeur. Il égalerait ainsi son plus grand rival, l’Espagnol Rafael Nadal, champion en son absence l’an dernier.

Car à presque 36 ans (un chiffre qu’il n’aime pas trop se faire rappeler, s’est-il moqué devant les journalistes), les titres en Grand Chelem, ce sont maintenant son principal objectif.

« C’est la raison pour laquelle je continue à jouer au tennis, a pointé le champion. Je veux être le meilleur. Je veux être gagner les plus grands tournois sur la planète. Et il n’y a pas plus grand qu’un tournoi majeur. »

Son statut vaccinal l’a empêché de disputer bon nombre de tournois d’envergure l’an dernier. Pas seulement l’Australie : Djokovic était notamment absent à Indian Wells, Miami, Montréal, Cincinnati et au US Open.

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Mais quand il a joué, le Serbe a gagné. Il a remporté la Finale de l’ATP, qui réunit les huit meilleurs joueurs de la saison, sans perdre un match. Et la semaine passée, à Adélaïde, « Djoko » s’est adjugé le trophée en n’échappant qu’une seule manche.

« Je suis en très bonne forme, a-t-il déclaré. J’ai conclu la dernière campagne de la meilleure façon possible. Je crois en mes chances. Je crois toujours en mes chances. »

Fait saillant : Djokovic amorcera son tournoi mardi aux environs de 5 h du matin, au Québec, contre l’Espagnol Roberto Carballes Baena, classé 75e au monde.

Après avoir critiqué Djokovic, Kyrgios est devenu son ami 

Dans les premières années de sa carrière, Nick Kyrgios, « l’enfant terrible du tennis », a multiplié les critiques envers Novak Djokovic et Rafael Nadal.

De Djokovic, Kyrgios avait dit, dans un balado diffusé en 2019, qu’il « avait un besoin maladif d’être aimé ».

« J’ai l’impression qu’il veut tellement être aimé et je trouve cela insupportable. Je trouve aussi ses célébrations [quand il envoie des baisers à la foule] insupportables », avait ajouté l’Australien. 

« Important pour le tennis »

Trois années ont passé et voilà que Kyrgios a foulé le terrain en compagnie de « Djoko », vendredi, pour un match caritatif disputé à Melbourne.

Les billets coûtaient quelque 20 $ et les sommes amassées ont été versées à la Fondation de tennis australienne, qui aide les enfants défavorisés à pratiquer le tennis. 

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Les anciens rivaux ne se sont pas seulement affrontés. Kyrgios a aussi lancé des fleurs au Serbe, quatrième favori à Melbourne. 

« C’est important de l’avoir avec nous, a déclaré l’Australien. Il est l’une des personnes de notre sport. L’un des plus grands [Roger Federer] a annoncé sa retraite l’an dernier et je crois que nous ne réalisons pas à quel point ils sont importants pour le tennis. » 

La saga les a rapprochés

Samedi, en conférence de presse, le « bad boy » – désormais légèrement assagi – est revenu sur le moment qui a rapproché les deux joueurs. 

« Durant le défi auquel il a fait face l’an dernier, l’histoire de la COVID-19, personne ne l’a vraiment soutenu. C’était un moment qui allait au-delà du tennis, pendant lequel les gens qui ont votre bien-être à coeur vont vous défendre, a soutenu Kyrgios. Et je l’ai fait. Je sentais que c’était nécessaire. »

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« Ce que j’ai fait, c’était plus important que tout ce que j’avais pu dire par le passé, a-t-il poursuivi. Je l’ai défendu devant mon pays. Ça n’a pas été facile pour moi, j’ai reçu beaucoup de critiques. Mais il l’a apprécié et nous avons commencé à nous parler. »

L’un des favoris?

Finaliste à Wimbledon l’an dernier – contre Djokovic, d’ailleurs –, quart de finaliste à New York, Kyrgios amorcera son tournoi vers mardi vers 3 h du matin au Québec, contre le Russe Roman Safiullin, 98e mondial. 

À 27 ans, pour la première fois de sa carrière, l’Australien a l’impression d’être parmi les favoris pour gagner un tournoi du Grand Chelem. 

Certes, il n’est que la 19e tête de série à Melbourne, mais ses résultats de la seconde moitié de 2022 en Grand Chelem laissent présager qu’il pourrait se rendre loin. 

La photo du meilleur joueur australien n’est pas placardée partout dans le Melbourne Park, mais Kyrgios dit « sentir que son pays souhaite qu’il gagne ».

« C’est un privilège, a-t-il pointé. C’est un bon sentiment. »