«FAA» résiste à la «malédiction Netflix»

L’effet néfaste de la «malédiction de Netflix» sur les Internationaux d’Australie semble encore plus prononcé que les peines d’amour, la chaleur ou les blessures. Mais pour le moment, Félix Auger-Aliassime s’en sort assez bien, merci.

Le Québécois a passé son troisième tour vendredi sans trop de drame, 6-1, 3-6, 6-1, 6-4 en 2h35 contre la 28e tête de série, l’Argentin Francisco Cerundolo.

Il s’est hissé, comme le langage du tennis le veut, dans la «deuxième semaine» du tournoi du Grand Chelem – c’est-à-dire, aux huitièmes de finale et parmi les 16 survivants.

Ce n’est certainement pas le cas pour ses collègues de la série télé-réalité «Break Point», donc les cinq premiers épisodes sont sortis sur Netflix à l’aube du tournoi.

Les Australiens Nick Kyrgios et Ajla Tomljanovic ont dû se retirer avant de frapper une seule balle pour blessure. L’Espagnole Paula Badosa également. Taylor Fritz, le No. 8, fut éliminé au deuxième tour. Casper Ruud, tête de série No. 2, fut éliminé par l’américain Jenson Brooksby. Ons Jabeur, aussi tête de série No. 2 du côté des femmes: éliminée au 2e tour. Matteo Berrettini: éliminé en cinq manches dramatiques par Andy Murray. Thanasi Kokkinakis: (voir le cas Berrettini, sauf à 4h du matin de façon assez crève-coeur).

Il ne reste, en fait, qu’Auger-Aliassime et la Grecque Maria Sakkari parmi les joueurs et joueuses mises en vedette jusqu’à maintenant dans la série.

Est-ce coïncidence, ou catastrophe?

Auger-Aliassime, presque devenu une autre victime de la malédiction alors qu’il frôlait l’élimination au deuxième tour contre le slovaque Alex Molcan, pense que c’est coïncidence.

Il n’était même pas au courant avant vendredi, lorsque sa copine Nina Ghaibi (qui est du voyage en Australie), lui a montré.

«J’étais au courant que des joueurs perdaient, mais ça ne m’est pas venu à l’esprit avant qu’elle ne me le montre ce matin. J’ai trouvé ça drôle, racontait Auger-Aliassime. Je ne pense pas qu’il y a un lien. Par contre, peut-être les joueurs qui ont perdu le pensent. J’en doute, mais c’est drôle, la manière que les choses s’arrangent parfois. »

Auger-Aliassime est loin d’être serein depuis le début du tournoi.

Et il est loin d’être le seul; les sautes d’humeur sur le terrain sont partout – et les joueurs ne peuvent même pas blâmer la chaleur intense typique de l’été australien. Mis à part une journée, la température a été printanière, parfaite pour le tennis.

Les arbitres de chaise en ont entendu parler à vive voix de Djokovic, Murray, et on en passe.

Mais Auger-Aliassime, qui s’est déclaré … non-preneur sur les balles officielles du tournoi après sa victoire contre Molcan, avoue que si son manque de sérénité à cette occasion lui a nui, ses moments plus compliqués sur le terrain contre Cerundolo étaient beaucoup plus positifs.

«Je n’étais pas content de la façon dont le deuxième set s’est déroulé, puis ça s’est un peu prolongé par la suite. J’étais comme dans un état d’esprit où est ce que… je ne sais pas, c’est venu un peu toucher les fibres de mon ego. Je ne suis pas content de la façon dont je jouais par rapport à comment j’avais commencé. Un peu fâché avec moi-même», a dit Auger-Aliassime. Puis après, j’étais plutôt dans un état d’esprit très concentré, dans une zone très calme avec des fois, oui, une certaine frustration quand ça n’allait pas comme je voulais.»

Auger-Aliassime pensait que c’était une «bonne frustration».

«Des fois, pour moi, il y a une différence entre cette frustration et une frustration qui est juste du fait de se plaindre, ou de chialer, comme on dit. Pour moi, c’est un peu la différence. Aujourd’hui, c’était la bonne chose, je pense, pour moi.»

Le Québécois a fait un ajustement aux cordages dans ses raquettes, diminuant la tension quelque peu pour ajouter un peu de piquant aux coups de fond neutralisés par les balles du tournoi.

«Ça m’a aidé un peu au service, notamment. Donc ça, c’est une bonne chose. Puis après, j’accepte les conditions, a dit Auger-Aliassime, dont l’avis sur la qualité des balles n’a pas changé, même si la victoire était plus facilement acquise vendredi. Même si je gagne le tournoi, mon avis sera toujours le même. Mais j’essaie de faire mon mieux dans les conditions où je me trouve», a-t-il ajouté.

Auger-Aliassime s’attendant fort probablement de rencontrer la tête de série No. 11, le gaucher britannique Caméron Norrie, dans la ronde des 16, dimanche.

Norrie est, en toute probabilité, le joueur que le Québécois a rencontré le plus souvent sur le circuit professionnel – six fois, avec cinq victoires dont une plus que convaincante à l’Omnium Banque Nationale à Montréal l’été dernier.

Mais le Tchèque Jiri Lehecka, 21 ans, a causé la grande surprise vendredi en éliminant Norrie en cinq manches.

(A-t-on vu Norrie dans la série Netflix? Si oui, c’était seulement en passant. Il avait d’autres problèmes contre Lehecka, dont un problème de genou).

Ce sera la première rencontre entre les deux joueurs.

S’il parvient à passer à travers Lehecka, il jouerait le gagnant entre la troisième tête de série, Stefanos Tsitsipas, ou le No. 15, Jannik Sinner.

La commande devient passablement plus compliquée.

Tsitsipas est en vedette dans la série Netflix. Mais l’épisode où on le découvre ne sera pas diffusé avant le mois de juin – cela lui donne amplement le temps de faire son maximum avant de se trouver victime de la malédiction.