«Salut mon Ti-Gilles…»

 En route vers Trois-Rivières, nous avons fait une petite escale dans un restaurant de Berthierville mercredi pour avoir des nouvelles de Jacques Villeneuve qui, après quelques problèmes de santé ces dernières années, se porte mieux.

Après un cancer à l’abdomen, qu’il a réussi à contrôler, c’est le cœur qui a récemment démontré des signes de faiblesse. Heureusement, son état de santé s’est amélioré avec la médication.

Même si le vétéran pilote de 69 ans, à la retraite de la compétition de motoneige depuis 2016, n’accorde pas beaucoup d’importance aux dates, celle du 18 janvier occupe néanmoins une place privilégiée dans ses souvenirs.

Son illustre frère Gilles aurait célébré ses 73 ans s’il était encore de ce monde.

«Quand je me suis levé mercredi, j’ai rappelé à mon épouse Céline que c’était l’anniversaire de mon frère et je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour lui. Je me suis dit “Salut mon Ti-Gilles” », a-t-il raconté en entrevue au Journal.

«Je le vois tous les jours quand je me déplace dans mon garage, poursuit-il. Moi, je n’ai pas besoin d’une image pour y penser. Mon frère est toujours là.»

Quand Gilles est décédé tragiquement à bord de sa Ferrari, lors de la séance de qualifications du Grand Prix de Belgique de Formule 1 le 8 mai 1982, Villeneuve a non seulement perdu un frère, mais surtout son meilleur ami. 

«Ce qui me manque le plus, c’est de parler de courses avec lui. Nous avions cette même passion de rouler en avant et de mener chaque tour, peu importe le résultat final», enchaîne-t-il.

Le projet de créer son écurie

Que ferait Gilles aujourd’hui selon lui?

«Je n’ai aucune idée et, évidemment, on ne le saura jamais, répond Jacques. Avant son décès, il avait manifesté le désir de créer une écurie canadienne en Formule 1 et je pense que j’aurais été associé à son projet.»

«Aurait-il les cheveux gris ou pas de cheveux pantoute?, s’est interrogé Villeneuve. Mais je suis pas mal convaincu qu’il s’amuserait encore avec ses… bébelles [lire sa camionnette tout-terrain, son bateau ou son hélicoptère].»

À cette période de l’année, surtout à l’approche du Grand Prix de Valcourt où il a fait courir les foules et connu ses moments de gloire, Jacques Villeneuve regrette encore aujourd’hui de ne plus être en mesure d’enfourcher sa motoneige.

«Je vous mentirais si je disais que ça ne me manque pas. J’aurais voulu courir jusqu’à l’âge de 80 ans, mais j’ai réalisé à un moment donné que je ne pouvais plus donner mon 100 %. Je suis moins cowboy que je l’étais à l’époque. Or, il est préférable d’arrêter quand vous avez un doute sur vos capacités et votre volonté à prendre des risques.»

C’est à Valcourt, en février 2016, qu’il a annoncé sa retraite définitive, à la suite d’une blessure sérieuse à la jambe droite subie après une autre embardée
spectaculaire sur la surface glacée.

Au GP3R cet été?

Malgré son âge vénérable, Villeneuve n’a toujours pas renoncé à défier les circuits de course, du moins sur l’asphalte. En août dernier, il a participé aux épreuves de la Série des Légendes Modifiées, ces petits bolides qui ont été intégrés à la programmation du Grand Prix de Trois-Rivières en 2022.

«C’est certes moins dangereux que de rouler en motoneige, mais on n’est jamais à l’abri d’un accident», prétend-il.

Il souhaite renouer avec le GP3R cet été, moyennant, dit-il, une meilleure préparation. 

«Je suis ouvert à toutes les propositions», conclut-il.