Subban: symptôme de la «financiarisation à outrance» du sport?

Le bureau d’enquête de TVA Nouvelles révélait jeudi que P.K. Subban n’a pas tenu sa promesse d’amasser 10 M$ en sept ans au profit de l’hôpital de Montréal pour enfants; un manquement qui place la campagne dans l’horizon d’une instrumentalisation mutuelle des partis impliqués.

C’est ce qu’à laisser sous-entendre en entrevue à TVA Nouvelles André Richelieu, professeur et spécialiste du marketing sportif

«Vouloir, je dirais, monétiser son image de marque d’un côté, et profiter de la célébrité pour ramasser de l’argent, ce n’est pas quelque chose d’inusité, mais ça peut se terminer en queue de poisson lorsque les choses ne sont pas claires, et lorsqu’on met l’accent sur les relations publiques plutôt que sur le résultat», a-t-il synthétisé.

«Une marque, c’est une promesse, a-t-il ajouté. P.K. Subban est une marque, ce fut un joueur étoile lors de son passage chez les Canadiens de Montréal; sa réputation est en jeu. Lorsqu’on parle d’une cause comme celle de la santé des enfants, il est très dangereux d’instrumentaliser cette cause et de ne pas livrer la promesse de marque.» 

L’ancien défenseur étoile du Tricolore a amassé jusqu’à présent 3,6 M$, et la majorité de cette somme provient du public.

Crédit photo : MAXIME DELAND/AGENCE QMI

Manque de transparence?

Des experts en relation publique dénoncent à cet égard le manque de transparence dans l’entente entre P.K. Subban et l’hôpital de Montréal pour enfants.

Pour plusieurs, la confusion est sémantique, puisqu’un montant est annoncé, on pense que c’est un don, mais finalement la promesse n’est pas tenue, de sorte que l’écart entre «don» et «promesse» en plonge plusieurs dans le désarroi, surtout lorsque l’annonce s’est faite en grande pompe.

«On est aujourd’hui, dans le monde du sport, dans un contexte de financiarisation à outrance, c’est-à-dire que l’argent occupe une place tellement importante, que le sport devient finalement un levier pour monétiser la marque. 

Crédit photo : JOEL LEMAY/AGENCE QMI

«On a donc] des partenaires qui cherchent à s’associer avec des marques sportives fortes pour ramasser de l’argent pour se financer pour différentes causes, et on arrive parfois dans des situations compromettantes. 

«Parce qu’effectivement, les choses ne sont pas claires, parce qu’on met beaucoup l’accent justement sur l’annonce, sur les relations publiques – et vous vous souviendrez de tout le panache qui avait entouré cette annonce des 10 M$ à l’époque», déplore M. Richelieu.

Le professeur et spécialise du marketing sportif balaie par ailleurs les arguments selon lesquels P.K. Subban n’aurait pas été en mesure de remplir ses obligations en raison de la pandémie, ou de son échange à une autre équipe de la Ligue nationale de hockey (LNH).

«Avec toute cette histoire, et la pression qui en découle, je suis convaincu qu’on va trouver une solution pour atteindre l’objectif, mais il n’y a pas vraiment d’excuse qu’on puisse trouver», conclut-il.