Longue convalescence pour Cole Caufield

Josh Anderson avait la voix éteinte en parlant de la perte de son coéquipier, Cole Caufield. On le sentait grugé par les émotions samedi matin avant le match contre les Maple Leafs de Toronto.

À l’intérieur du vestiaire du Canadien, Anderson est l’un de ceux qui peuvent comprendre parfaitement ce que Caufield vivra d’ici les prochains mois.

Le CH a laissé tomber l’équivalent d’une bombe dans l’univers du hockey en annonçant que la saison de Caufield était déjà terminée. Blessé à l’épaule droite, il subira une opération dans un avenir rapproché.

«J’ai parlé un peu avec Cole avant l’entraînement. Il est positif. Il sait qu’il reviendra à 100 % et il se sentira mieux.»

«Après que je me suis fait opérer, mon épaule gauche était plus forte que ma droite. Il a aimé entendre ce bout-là. J’ai confiance qu’il marquera encore plus de buts. Il reviendra plus fort.»

Anderson n’est pas un médecin. Mais le gros ailier droit s’y connaît en matière d’opération à une épaule.

En 2019-2020, lorsqu’il portait les couleurs des Blue Jackets de Columbus, il était passé sous le bistouri pour une déchirure au labrum à son épaule gauche.

Anderson avait joué près d’un mois avant de finalement jeter l’éponge. Il avait eu besoin d’une période de rééducation de sept mois avant de retrouver toute sa vigueur avec son épaule.

Caufield pourrait maintenant suivre une route semblable. Il aura besoin d’une longue période de repos avant de redevenir une menace près d’un filet adverse.

Revenir à 100 %

Cole Caufield traînait ce malaise depuis longtemps.

«Ça faisait deux ou trois mois qu’il avait une blessure qui le fatiguait et qui faisait en sorte qu’il n’était pas à 100 %, a confié Pat Brisson, l’agent de Caufield, sur les ondes de TVA Sports. C’est une accumulation, c’est arrivé quelques fois que son épaule débarquait. Dans son cas, ça ne lui faisait pas trop mal, mais on a voulu faire de la prévention pour ne pas que ce soit pire et qu’il manque le début de la prochaine saison. Là, on est convaincu à 100 % ou à 99,9 % que l’opération se déroulera bien et qu’il sera capable de revenir pour le camp à l’automne prochain.»

Voyez la mise au point de l’agent Pat Brisson dans la vidéo principale ci-dessus.

L’attaquant n’avait pas raté un seul match cette saison. Il participait aussi aux entraînements, n’obtenant pas de fameux congé thérapeutique.

Le docteur Éric Schlader, un chirurgien orthopédiste qui est affilié à l’hôpital Saint-Eustache, apporte une lumière importante.

«Il y a des athlètes qui peuvent bien aller même avec une dislocation de l’épaule, explique-t-il en entrevue au Journal. Dans les sports de contact comme le hockey ou le football, la dislocation antérieure de la tête de l’humérus par rapport à la surface glénoïde (une portion de l’omoplate) est une blessure fréquente. Les récidives de luxation sont fréquentes et peuvent demander une stabilisation chirurgicale.»

«Entre les épisodes de luxation, les athlètes peuvent se sentir super bien. Mais il peut arriver un geste anodin et l’épaule ressort encore, mais ça fait soudainement très mal. Après trois ou quatre épisodes où l’épaule débarque, tu n’as pas vraiment le choix d’intervenir», ajoute-t-il.

Reconditionnement de six mois

En lisant sur la blessure à Caufield et en écoutant les propos d’Anderson, le docteur Schlader a comme sentiment que le numéro 22 a également subi une déchirure du labrum à son épaule droite.

«Anderson a eu une réparation d’une déchirure labrale, a rappelé le spécialiste en chirurgie arthroscopique ainsi qu’en reconstruction de l’épaule et du genou. Les médecins ont possiblement obtenu une récente imagerie par résonnance magnétique pour l’épaule de Caufield et ils ont mis en lumière cette blessure.»

«Si la déchirure est plus extensive, incluant le labrum antérieur, il y a un risque d’une autre dislocation dans le futur. La rééducation est d’autant plus importante après l’opération. Il ne faut pas précipiter un retour au jeu avant d’avoir complètement récupéré le contrôle des muscles stabilisateurs de l’épaule.»

Un reconditionnement de six mois est donc à envisager avant de reprendre un entraînement avec des contacts.

Une référence au golf

Le docteur Schlader a fait une comparaison avec le golf pour vulgariser le tout.

«Il faut imaginer l’épaule comme une balle de golf sur un tee. Avec un bourrelet de tissus semi-rigide [le labrum] au pourtour du tee qui aide à garder la tête de l’humérus centrée dans l’articulation. Dans le cas du labrum antérieur, les ligaments s’attachent dessus et empêchent la dislocation de l’épaule. Réparer le labrum aide à stabiliser la balle sur le tee.»

Caufield et les dirigeants du CH prieront maintenant pour que la petite balle blanche ne bouge pas trop du tee dans le futur.