Jean-François Houle mérite sa chance à Montréal

Cette semaine, attardons-nous à un sujet dont on ne parle pas assez souvent à mon goût : le bon travail accompli par Jean-François Houle avec le Rocket. 

Chaque fois qu’un de ses joueurs est rappelé par les Canadiens, on sent qu’il est bien préparé pour faire face au défi de jouer au plus haut niveau. Une grande partie du crédit revient à Houle et au reste du personnel d’entraîneurs à Laval. 

Les gars promus au cours des dernières semaines jouent de la bonne façon et montrent une attitude exemplaire. On constate qu’ils sont responsables sur la patinoire. Les heureux élus, peu importe leur âge, amènent de l’énergie et de l’enthousiasme au groupe en place à Montréal. Ils sont loin de nuire à l’équipe, au contraire. 

Martin St-Louis a d’ailleurs récemment louangé le boulot d’Houle, qui a su enseigner à ses joueurs comment se comporter pour connaître du succès. J’ai bien aimé entendre cette marque de respect de la part de St-Louis, qui a montré une grande classe avec ses propos élogieux. Il a pris conscience de son immense impact sur les joueurs du Rocket. La preuve : chaque attaquant rappelé en renfort a démontré de belles choses avec le grand club.

Un travail ingrat mais gratifiant 

Diriger dans la Ligue américaine, c’est un travail ingrat. Pour être moi-même passé par là, je peux en témoigner. On ne se rend pas compte à quel point c’est exigeant.

Tu dois toujours être en mode solution puisque ta formation change continuellement à cause des rappels et des rétrogradations, sans oublier les blessures. Malgré tout, tu dois obtenir des résultats et aider tout le monde à progresser. 

Tu dois aussi souvent jouer au psychologue auprès des joueurs qui n’obtiennent pas une chance de se faire valoir dans la LNH alors qu’ils croient que ce devrait être leur tour. Tu dois donc constamment renforcer ton message. 

C’est un beau bonus pour un «coach» de la Ligue américaine de voir ses meilleurs éléments performer de la sorte dans la LNH. Houle doit en retirer beaucoup de fierté et de satisfaction. Et avec raison. 

Je suis convaincu que Jeff Gorton et Kent Hughes reconnaissent eux aussi le travail colossal qu’effectue Houle dans l’ombre avec le club-école.

De l’ombre à la lumière 

J’espère qu’il sera récompensé pour ses efforts. Il le mérite amplement. Je lui souhaite de diriger un jour les Canadiens.

Houle a d’ailleurs clairement le CH tatoué sur le cœur depuis sa naissance, lui qui a grandi dans l’entourage de l’équipe aux côtés de son père, Réjean.

Je connais Jean-François personnellement pour l’avoir dirigé avec les Canadiens de Fredericton à la fin des années 90. C’était un travaillant. Je suis toujours de près la carrière de mes anciens joueurs. 

Après avoir accroché ses patins, il s’est exilé en 2003 aux États-Unis, où il a agi pendant sept ans comme entraîneur adjoint avec l’Université Clarkson dans la NCAA. Il est ensuite revenu au pays pour devenir l’entraîneur-chef des MAINEiacs de Lewiston dans la LHJMQ en 2009-2010. Deux ans plus tard, il a été nommé à la barre de l’Armada de Blainville-Boisbriand.

À l’époque, en 2012, j’étais de retour à Montréal, mais c’était l’année du lock-out dans la LNH. J’en ai profité pour assister à plusieurs matchs de l’Armada. Ça sautait aux yeux : l’équipe jouait de la bonne façon sous les ordres de Jean-François.

Ses succès lui ont permis de graduer dans la ECHL en 2014. Il a poursuivi sa progression l’année suivante en acceptant un poste d’adjoint dans la Ligue américaine avec les Condors de Bakersfield, affiliés aux Oilers d’Edmonton. Six ans plus tard, en 2021, il a pris les commandes du Rocket. Il roule donc sa bosse depuis longtemps dans la Ligue américaine, qui constitue une excellente école pour apprendre le métier d’entraîneur.

J’espère qu’il aura le même parcours que moi et qu’il aura éventuellement sa chance avec les Canadiens, comme son père me l’a offerte en 2000.

Une dette morale

Quand tu es dans une position comme la sienne, tu dois être un bon soldat et aller au front pour l’organisation, mais dans le fond de toi-même tu espères que tes sacrifices rapportent. 

Il ne faut pas perdre de vue qu’être entraîneur-chef dans la Ligue américaine est demandant sur le plan personnel, alors que tu es loin de ta famille et que les conditions de travail sont difficiles, comme les longs trajets en autobus. 

Les dirigeants devraient avoir une dette morale envers ces employés-là. C’est rare qu’une autre organisation vient te chercher pour être entraîneur-chef. Il faut avoir une continuité. J’ai toujours cru à ce principe, qui m’a amené à une carrière satisfaisante comme «coach».

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