Adam Engstrom à Montréal: l’échéancier probable

Avant de remporter le trophée Calder avec les Red Wings de Detroit, le brillant jeune défenseur Moritz Seider a terminé son développement avec Rögle en Ligue suédoise, à 19 ans. C’est le parcours que l’espoir des Canadiens Adam Engstrom devrait imiter l’an prochain, à l’occasion de sa deuxième saison post-repêchage. 

Le potentiel d’Adam Engstrom fascine beaucoup d’observateurs montréalais impatients de le voir débarquer en Amérique du Nord. Mais jusqu’à preuve du contraire, le plan pour lui est de retourner en Suède pour honorer la dernière année de son contrat.

«Je pense bien que je vais revenir en Suède pour une dernière saison, a mentionné le principal intéressé lors d’un entretien téléphonique avec le TVASports.ca. Je n’ai pas encore parlé aux Canadiens par contre.» 

En vertu des règlements mis en place par les hautes instances du hockey international, Engstrom peut jouer seulement en Suède ou à Montréal la saison prochaine. Avec la congestion qui s’annonce à la ligne bleue l’an prochain et le nombre d’espoirs qui lutteront pour un poste, il serait surprenant que le CH convoque Engstrom à son camp d’entraînement et lui fasse manquer son calendrier préparatoire en Suède, à moins d’avoir la ferme conviction de le garder au sein de sa formation. Évidemment, à l’impossible, nul n’est tenu. 

Crédit photo : Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

«Ma présomption, c’est qu’il sera avec nous, a fait savoir le directeur général de Rögle, l’Ontarien Chris Abbott. Je ne peux partager la teneur des discussions que nous entretenons avec Montréal, mais en général, nous préférons voir nos joueurs s’établir dans notre formation lors de notre camp d’entraînement. Nous espérons qu’il sera avec nous dès la reprise de nos activités.» 

Quoi qu’il en soit, Abbott a des idées alléchantes en tête pour Engstrom la saison prochaine : celle notamment d’en faire le pilier de l’équipe, comme il l’a fait avec Seider il y a quelques années et cette saison avec un autre jeune arrière de l’organigramme des Red Wings, William Wallinder. 

«Quand Seider est venu jouer pour nous, il avait déjà trois ans de hockey professionnel derrière la cravate et il a tout de même bénéficié énormément de cette année dans la SHL, a rappelé Abbott. Il a dominé la ligue, si bien qu’il était prêt à avoir un impact dans la LNH. Vous avez vu ce qui est arrivé ensuite. 

«Je pense que pour bien des joueurs, le scénario idéal est de demeurer dans un environnement qui leur permet d’obtenir une tonne de minutes, et ce, à un haut niveau. C’est ce qu’offre la SHL. Ainsi, les jeunes arrivent dans la LNH pour avoir un impact et non pas seulement pour survivre. 

«Je vois Engstrom jouer dans toutes les situations pour nous la saison prochaine.»

Pour l’arrivée du jeune blondinet à Montréal, visons donc 2024-2025. 

La pépinière de Rögle 

Lorsqu’ils l’ont repêché au troisième tour (92e au total) en 2022, les Canadiens étaient enchantés de savoir qu’Engstrom allait poursuivre son développement avec Rögle dans la SHL. 

C’est que le programme de développement de cette formation jouit d’une réputation extrêmement enviable depuis quelques années. Des joueurs comme Nils Höglander, Simon Ryfors, Marco Kasper, Wallinder et Seider y ont connu une progression phénoménale. 

Engstrom est en voie d’être la prochaine réussite des frères jumeaux Chris et Cam Abbott, respectivement DG et entraîneur-chef de Rögle. 

«À partir du moment où on a commencé à le suivre, l’année de son repêchage, on a observé chez lui des qualités qui laissaient croire qu’il pouvait devenir un joueur très efficace dans la SHL, a raconté Chris Abbott. Par là, je fais allusion à sa capacité de faire des jeux avec la rondelle en n’ayant pas froid aux yeux, sans se rabattre sur les autres. Il avait aussi une grande mobilité et un don pour échapper à la pression en gardant la tête haute, ce qui augurait bien dans une ligue suédoise qui met autant l’accent sur la possession de la rondelle.»

Pour les frères Abbott, c’est donnant-donnant : Rögle est un club reconnu pour confier beaucoup de temps de jeu à ses jeunes, mais c’est une stratégie qui lui rapporte des dividendes en fin de saison. 

«La priorité, c’est de gagner des matchs de hockey, mais nous pensons être en mesure de le faire tout en donnant des occasions à nos jeunes de se faire valoir, a expliqué le directeur général. Nous pensons que tout ce millage accumulé pendant l’année les aide à devenir des joueurs importants au moment où nous avons le plus besoin d’eux, soit lors des séries au mois d’avril.»

L’homme des grandes occasions

C’est exactement ce qui est arrivé avec Engstrom. Le jeune homme a d’abord connu une brillante saison, récoltant 16 points, dont six buts, en 43 matchs, d’excellentes statistiques pour une verte recrue dans une ligue réputée pour son jeu défensif – pendant ce temps, trois Suédois repêchés au premier tour dans la cuvée d’Engstrom évoluaient dans la Allsvenskan, le deuxième palier (Jonathan Lekkerimaki, Liam Öhgren, Noah Östlund). Puis en séries, Engstrom a enclenché une autre vitesse. Il était partout sur la patinoire, lui qui a amassé cinq points, dont trois buts, en neuf rencontres.

Une fois Rögle éliminé, il a poursuivi dans cette veine, s’amenant en renfort dans les rangs juniors et aidant l’escouade des moins de 20 ans à remporter le championnat dans la Nationell. 

Si le Tricolore en est venu à la conclusion qu’Engstrom pourrait s’épanouir éventuellement dans un marché comme celui de Montréal, c’est parce qu’il n’est pas du tout intimidé par les plus grandes scènes. 

«J’adore les grands moments, a lancé l’audacieux défenseur à l’auteur de ces lignes. J’adore les séries, avec la température qui monte et tout ce que cela implique.»

SPO- IIHF

Crédit photo : John Morris / Agence QMI

Protéines au menu 

Engstrom n’est pas dupe. Avec sa silhouette élancée, il sait que le jeu musclé de la Ligue nationale de hockey pourrait le mettre à rude épreuve. Les Canadiens lui ont dit. Ses entraîneurs aussi. 

«Oui, je sais ce que je dois améliorer, a-t-il mis au clair. C’est évident. J’ai essayé de prendre de la masse, mais je ne peux pas exagérer non plus, car je dois rester vif sur mes patins. C’est un plan à long terme pour moi, de devenir plus fort pour mieux rivaliser avec les adultes en zone défensive.»

Chris Abbott se fait toutefois rassurant : avec un peu de rodage, Engstrom pourrait devenir un joueur très efficace sur le plan défensif. Il n’est pas question ici de faire le strict minimum pour se maintenir à flot. Engstrom pourrait avoir un impact déterminant dans cet aspect du jeu.  

«Je pense que ça peut en fait devenir une de ses forces, le jeu défensif, a affirmé son directeur général. Il a un très bon bâton, il est vraiment mobile et il ne recule pas devant les duels. Il travaille fort et il affiche constamment un bon niveau de compétition en défensive. Il n’abandonne jamais sur le jeu.»

Autrement dit, ne sabrez pas le champagne tout de suite, mais Engstrom pourrait jouer dans la Ligue nationale pour un petit bout de temps. 

Questionné sur les perspectives de son poulain au plus haut niveau, Abbott voulait se garder une gêne: il n’a jamais évolué dans la LNH et n’a jamais travaillé pour une équipe de la LNH, alors qui est-il pour identifier un futur joueur de ce circuit? Or, lorsqu’on lui a rappelé qu’il avait développé plusieurs joueurs s’étant éventuellement établis dans la plus grande ligue, il s’est un peu dégourdi, y allant d’une prédiction du bout des lèvres.

«Je dois dire que je vois beaucoup de choses chez Adam qui, combinées à son désir de s’améliorer, font en sorte qu’il est sur cette voie… Si on lui donne une vraie chance et qu’on l’encadre de la bonne façon, je crois que, oui, il a ce potentiel de jouer dans la LNH pour plusieurs années.»

En vrac

Rapport exhaustif du profil d’Adam Engstrom, vu par son DG Chris Abbott : «Adam est un défenseur mobile, très intelligent et habile avec la rondelle. Il est très bon pour détecter la pression autour de lui. Il est très compétent défensivement. Sur le plan physique, il s’améliore dans l’art de défendre le devant de son filet. C’est un joueur qui aime se porter à l’attaque et traverser la patinoire; il un bon instinct pour le faire. Il est un joueur d’équipe; un petit gars qui travaille fort et qui arrive à l’aréna chaque jour avec une bonne attitude et un sourire rayonnant.»

Lors des séries de la SHL, Adam Engstrom a affronté son compatriote Emil Heinman, lui aussi un espoir des Canadiens. Engstrom n’est pas surpris du succès que connaît Heineman à Laval, dans la Ligue américaine : «Je l’ai rencontré au camp de développement de l’équipe l’été dernier, mais on ne se connaît pas plus que ça. Il a un très bon lancer. De ce que j’ai pu voir, il a d’excellentes habiletés offensives.»

Même son de cloche du côté de Chris Abbott, qui avait épié Heineman étroitement dans le but de l’amener à Rögle : «Je vois du potentiel en lui. Il y a eu une possibilité de l’avoir avec nous à un certain moment. J’ai vu un gars qui était prêt à franchir une autre étape dans son développement.»