Australie: le cœur brisé de Denis Shapovalov

La tête basse, une main qui tentait machinalement de dégager une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux. Deux heures après cet affrontement de troisième tour relevé face au Polonais Hubert Hurkacz, Denis Shapovalov ne ressemblait en rien à l’athlète exubérant qui avait fait la loi sur le terrain durant deux sets, poussant du même coup la confrontation dans une manche ultime.

Le Canadien avait le «cœur brisé». Et ce n’était pas uniquement en raison de ce bris subi à mi-chemin au cinquième set, qui a finalement mené le 10e favori vers une victoire de 7-6 (3), 6-4, 1-6, 4-6 et 6-3, vendredi, aux Internationaux d’Australie.

«Durant la cinquième manche, il a simplement trop bien joué. Je n’aurais rien fait différemment. Mais j’ai eu mes chances dans le premier et dans le deuxième set. Si j’en avais remporté un, ç’aurait changé la donne», a regretté le joueur de 23 ans.

«Shapo» fait le spectacle

«Shapo», 20e tête de série, a effectivement mené par un bris dans chacune des deux premières manches. Mais chaque fois qu’il a eu les devants, l’Ontarien a commencé à multiplier les fautes directes et les doubles fautes – il en a commis 16 au total dans la rencontre -, permettant au puissant Polonais revenir de l’arrière.

C’est une fois le dos au mur, tirant de l’arrière deux sets à zéro, que Shapovalov a laissé aller son jeu. Dans le troisième et le quatrième set, le Canadien a animé le spectacle sur le Margaret Court Arena, rempli pour cette session de soir et principalement dévoué à sa cause.

«Shapo» a d’ailleurs forcé la tenue d’une manche décisive sur un as. Le poing brandi, il a incité la foule à embarquer avec lui et les spectateurs ne se sont pas laissé désirer.

Les nerfs ont lâché

Le hic, c’est que pendant ce temps, Hurkacz laissait simplement passer cette tempête de coups spectaculaires. C’est lui qui s’est imposé au moment le plus important, à 3-2, sur un jeu que Shapovalov menait pourtant 30-0.

«Mes nerfs ont pesé lourd dans la rencontre, a reconnu le Canadien. Je n’ai pas été capable de bien gérer mes émotions. C’est une chose sur laquelle je travaille et je dois continuer à le faire, à m’améliorer sur cet aspect.»

«J’ai toutes les armes, mais je dois être capable de les rassembler et de mieux jouer dans les grands moments. J’ai un plan, mais je ne peux pas tout régler d’un seul coup», a-t-il pointé.

Il croyait en ses chances

Shapovalov a de nouveau eu ses chances en toute fin de match, au moment où Hurkacz servait pour obtenir son billet pour la ronde des 16. Il s’est offert quatre balles de bris au terme de quatre beaux échanges, mais le Polonais les a toutes effacées, dont une sur un as.

Après sa victoire plus tôt en journée, Félix Auger-Aliassime, désormais le seul Canadien en lice en simple à Melbourne, avait relevé à quel point cette confrontation entre son compatriote et le Polonais en était une difficile pour un troisième tour.

«Bien sûr que c’était une troisième ronde difficile, mais il faut s’y attendre dans un tournoi du Grand Chelem, a pointé “Shapo”. Je croyais en mes chances avant la rencontre. Quand on s’entraîne ensemble, j’ai généralement le meilleur sur lui.»

«Je suis déçu de ne pas avoir réussi à remporter la première manche et à garder mon avance au deuxième set. Mais c’est ça, le tennis», a laissé tomber le Canadien.