Bev Priestman est fière de ses joueuses

L’équipe nationale féminine du Canada amorce jeudi en Floride l’important tournoi SheBelieves Cup contre les États-Unis, mais la tête n’est pas entièrement au soccer.
Rappelons que le week-end dernier, les joueuses de l’équipe nationale ont déclenché une grève en demandant un traitement équitable avec celui de leurs collègues masculins. Elles ont aussi dénoncé d’importantes coupes au budget de l’équipe.
Une rencontre avec Canada Soccer, samedi, a incité les joueuses à retourner au boulot sous la menace d’actions légales, la fédération jugeant le débrayage illégal. Les joueuses sont sans contrat de travail depuis la fin de la saison 2021.
L’entraîneuse-chef, Bev Priestman, n’a pas tourné autour du pot lors de son point de presse habituel à la veille d’un match. Elle a abordé la question de front, mercredi midi, en parlant du fond du cœur lors de cette visioconférence.
Un défi
« C’est un défi comme entraîneuse et pour tout le personnel, mais je suis extrêmement fière de mes joueuses. En tant que femme, je crois aussi à l’équité et c’est important.
« Elles se battent pour ce en quoi elles croient et elles ne le font pas uniquement pour elles-mêmes, elles le font en ayant en tête les jeunes filles qui vont marcher dans leurs pas. »
Priestman espère que la situation rentrera dans l’ordre rapidement afin qu’on puisse se concentrer sur le soccer à six mois de la Coupe du monde qui aura lieu cet été en Australie et en Nouvelle-Zélande.
« Je veux tout de même que la situation se règle le plus rapidement possible et je crois que c’est ce que la CSA souhaite aussi.
« Ça doit être notre année la plus importante et elle commence comme ça. Nous avons raté trois séances d’entraînement et les filles sont drainées mentalement. »
Conversation difficile
Comme l’a mentionné Bev Priestman, la situation a grandement affecté ses joueuses, particulièrement les plus expérimentées.
Sophie Schmidt a notamment annoncé qu’elle se retirerait de la compétition internationale après la Coupe du monde. Mais sans une conversation avec son entraîneuse, cette retraite aurait été plus rapide puisque sa joueuse est venue la voir pour lui dire que c’était terminé et qu’elle voulait rentrer à la maison.
« Ma conversation avec Sophie Schmidt a été déchirante pour moi, a reconnu Priestman. C’est un personnage incroyable et elle est tellement importante pour cette équipe. Je suis contente qu’elle ait retardé sa décision. »
Sinon, elle s’attend à ce que toutes ses joueuses soient disponibles pour ce tournoi qui réunit également le Japon et le Brésil, en plus du Canada et des États-Unis.
« Tout le monde est disponible pour ce match et le groupe est concentré malgré les circonstances et l’état émotif de tout le monde. »
Moments difficiles
Bev Priestman reconnaît que ce n’est pas évident de diriger son équipe dans les circonstances.
Elle a donc demandé conseil à son homologue masculin, John Herdman, qui a vécu la même situation avec son équipe quand celle-ci a refusé de disputer un match contre le Panama, l’été dernier, pour protester quant à la façon dont l’argent était redistribué. Les joueurs sont eux aussi sans contrat de travail et viennent de mettre sur pied un syndicat.
« John a vécu la même situation l’année dernière, alors j’ai été en contact avec lui pour discuter de la façon appropriée pour naviguer à travers ces événements. »
Quant aux coupes budgétaires auxquelles ses joueuses font référence, Priestman a été prudente.
« Je suis dans une position difficile parce que je représente les joueuses, mais aussi Canada Soccer. C’est un sujet qui est bien documenté et ce sont des moments difficiles. »