Boxeuse et infirmière auxiliaire: les dualités de Kim Clavel – TVA Sports
Kim Clavel donne des coups de poing dans un ring pour réaliser son rêve comme boxeuse, mais elle est aussi infirmière auxiliaire. Deux opposés qui résument ses dualités.
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Clavel montera dans le ring face à Evelin Bermudez pour tenter de lui ravir ses titres de championne du monde des mi-mouches IBF et WBO samedi soir à la Place Bell, mais depuis qu’elle est petite, elle oscille entre douceur et force.
«Ma mère est préposée aux bénéficiaires dans un centre pour personnes âgées atteintes d’alzheimer à Joliette et elle y est depuis longtemps. J’avais huit ou neuf ans et j’y allais, je faisais manger les résidents, je parlais avec les madames.
«J’ai toujours eu ce besoin d’aider en moi. Je sauvais les souris de la bouche des chats à la ferme quand j’étais jeune.»
Contradictoire
Clavel sait très bien que tout ça est en contradiction avec le sport qu’elle pratique, mais c’est ainsi que sa personnalité s’est forgée.
«C’est complètement contradictoire, mais j’ai ça en moi. J’ai ce côté un peu plus méchant quand il faut, j’ai besoin d’être active et de me surpasser. La boxe me nourrit beaucoup là-dedans.»
Et ces deux aspects de sa personnalité se côtoient au quotidien, c’est un peu comme ça qu’elle garde son équilibre.
«Je travaillais avec les bébés naissants. Le matin, j’étais douce, je leur donnais leur premier bain ou je les mettais au sein, et le soir je tapais dans un sac quand je boxais.»
«Une vieille madame»
«Quand je suis à la maison, c’est un peu des deux. Je n’ai pas deux personnalités, ça fait partie globalement de ce que je suis. Je suis une fille assez solitaire, j’habite dans mon 3 1⁄2, je suis tranquille.
«J’aime ça quand je reçois du monde, mais j’aime ça quand ils partent. Je suis bien dans mes affaires, ma routine, regarder mes émissions le soir. Je suis une vieille madame dans l’âme.»
Elle a une façon un peu drôle de se décrire pour une jeune femme de 33 ans.
«J’ai un grand besoin de générosité envers les autres. Quand tu vas chez ta grand-mère et qu’elle te fait manger, bien ça c’est moi.»
Encore de l’aide
Il y a trois ans, Kim Clavel avait entrepris des démarches auprès de l’hôpital où elle travaillait afin d’obtenir une année sabbatique pour se consacrer à la boxe. La COVID est arrivée et elle a passé l’essentiel de cette année à aider dans un CHSLD.
Puis elle a reçu une offre de contrat de trois ans d’Yvon Michel, elle a pu s’installer à Montréal, dans le quartier Ahuntsic. Elle n’avait plus à faire la navette entre la métropole et Joliette.
«Je voyais mes performances s’améliorer parce que j’étais concentrée sur la boxe», souligne-t-elle.
«Je me trouve vraiment chanceuse. J’ai un petit appartement qui ne me coûte pas cher, mais qui est bien placé et j’ai une bonne propriétaire. Je suis à cinq minutes de vélo de mon gym, alors je suis bien.»
Perspective
Elle ne cache pas toutefois qu’elle se remet parfois en question puisque sa vie est atypique.
«Des fois tu te remets en question, je regarde les filles de mon âge, elles ont des enfants, une maison, elles sont mariées. Je n’ai rien de ça alors je me demande si je suis en retard sur ma vie parce que j’ai trop mis l’accent sur la boxe.
«Au final, je me dis non, j’ai la vie que je veux. Je suis en train de me créer des souvenirs pour la vie. C’est unique ce qui m’arrive, il n’y a pas beaucoup de monde qui vit ça et ce n’est pas de la chance parce que j’ai travaillé corps et âme pour être là aujourd’hui.»