Ces gagnants inattendus du troph̩e Conn-Smythe РTVA Sports

La finale de la Coupe Stanley pourrait se conclure mardi soir par une victoire des Golden Knights de Vegas, et l’attaquant Jonathan Marchessault a d’excellentes chances de quitter le T-Mobile Arena avec le trophée Conn-Smythe dans le coffre arrière de sa voiture, ce qui constituerait une surprise pour de nombreux observateurs s’étant prononcés avant le début des séries. 

Autant Vegas que le Québécois ne figuraient pas dans l’esprit de la plupart des journalistes et des partisans au moment de prédire l’issue des éliminatoires 2023, même si les Knights ont terminé le calendrier régulier au sommet de l’Association de l’Ouest. Et au plan individuel, le nom de Marchessault passait bien après ceux de David Pastrnak, Auston Matthews et Connor McDavid, entre autres. Or, les dernières semaines ont réservé leur part de surprises, comme ce fut le cas quelques années auparavant. 

Voici d’ailleurs des récipiendaires du Conn-Smythe que nous n’attendions pas nécessairement. 

Bill Ranford, Oilers d’Edmonton, 1990 

Crédit photo : Tom Braid/Edmonton Sun/Postmedia Network

À l’époque, peu croyaient voir les Oilers répéter leurs exploits des printemps antérieurs, car Wayne Gretzky avait quitté les lieux depuis plus d’un an et demi. Et dans leur section, les Flames de Calgary demeuraient redoutables, forts de leur coupe remportée en 1989. Toutefois, le départ du numéro 99 a permis à Mark Messier de s’élever au rang de leader numéro 1 des siens, qui ont d’ailleurs balayé les Kings de Los Angeles et leur ancien coéquipier au deuxième tour.

En revanche, ce n’est pas Messier qui a mis la main sur le prix du joueur le plus méritant des éliminatoires. Le gardien Bill Ranford avait présenté un taux d’efficacité de ,887 et une moyenne de buts alloués de 3,19 en saison, mais il a rehaussé son jeu de plusieurs crans dès le mois d’avril. Avec un taux de ,912 et 16 victoires en 22 décisions, il a mené Edmonton vers le cinquième championnat de son histoire. Au passage, il s’est dressé en finale devant les Bruins de Boston, les seuls à avoir atteint les 100 points cette année-là et le club avec lequel il a amorcé sa carrière. 

Claude Lemieux, Devils du New Jersey, 1995 

Crédit photo : Mark O’Neill, Toronto Sun

Détestable à souhait sur la patinoire, le vétéran québécois était notamment reconnu pour son habileté à rendre fou de rage l’ennemi, ses 10 campagnes de 100 minutes de punition ou plus le prouvant bien. Par contre, Claude Lemieux a aussi offert cinq productions de 30 buts ou plus. D’ailleurs, une fois les séries commencées, il avait le don d’inscrire des points importants, tel qu’il l’avait fait à ses débuts avec le Canadien de Montréal en 1986. Neuf ans plus tard, Claude Lemieux a excellé pour gagner la coupe avec une deuxième organisation différente, les Devils; il allait refaire le coup avec l’Avalanche du Colorado en 1996. 

Pourtant, rien ne laissait présager pareil scénario au New Jersey. Dans un calendrier écourté par un lock-out, les hommes de Jacques Lemaire avaient conclu au cinquième échelon de l’Est, tandis que Lemieux s’était contenté de six buts en 45 rencontres. Or, celui-ci s’est ressaisi avec 13 filets et 16 points en éliminatoires, permettant aux Diables de renverser de grosses pointures comme les Penguins de Pittsburgh et Jaromir Jagr, ou encore, les Flyers de Philadelphie et leur trio formé d’Eric Lindros, de John LeClair et de Mikael Renberg. Néanmoins, les futurs champions ont réservé leur plus gros coup d’éclat aux Red Wings de Detroit, sèchement battus en quatre parties d’affilée au tour ultime. Lemieux a ainsi donné le ton en marquant le but décisif en troisième période du premier duel. 

Par ailleurs, le numéro 22 a empoché le Conn-Smythe en dépit de son huitième rang chez les pointeurs de la ligue: ses coéquipiers Stéphane Richer (21) et John MacLean (18), en outre, ont terminé devant lui. 

Ryan O’Reilly, Blues de St. Louis, 2019 

Crédit photo : AFP

Ici, non seulement la présence de Ryan O’Reilly aux côtés du trophée à la feuille d’érable fut étonnante, mais celle des Blues de St. Louis aux côtés du saladier d’argent également. Faut-il rappeler que les Blues de St. Louis se trouvaient dans la cave du classement général au début janvier, ayant dû effectuer un changement de garde pour octroyer le titre d’entraîneur-chef à Craig Berube? Dès lors, ils ont renoué avec le succès, même s’ils ont eu besoin de 26 matchs éliminatoires pour offrir à la concession le premier championnat de son histoire. 

O’Reilly a aussi donné raison aux Blues de l’avoir obtenu des Sabres de Buffalo dans une transaction ayant coûté deux choix et trois joueurs, dont Tage Thompson, en juillet 2018. Auteur d’une récolte de 28 buts et de 77 points en saison, il a poursuivi dans la même veine en amassant 23 points en séries, se démarquant par ses qualités de leader et de spécialiste des mises au jeu. 

Jean-Sébastien Giguère, Mighty Ducks d’Anaheim, 2003 

Crédit photo : REUTERS/ Andrew Wallace

Comme il l’a récemment déclaré à l’émission JiC de TVA Sports, Jean-Sébastien Giguère garde un souvenir quelque peu aigre-doux de la finale de 2003. Effectivement, il est le dernier individu à avoir gagné le Conn-Smythe sans mettre la main sur la coupe. Cette année-là, le Québécois a été l’une des principales raisons de la présence des Canards au quatrième tour. Il a entre autres remporté un match en cinquième prolongation en demi-finale de l’Ouest et éliminé les deux premières têtes de séries de son association, les Wings et les Stars de Dallas. 

Avec cinq blanchissages, un taux de ,945 et 15 victoires, il avait pratiquement tout pour obtenir la coupe… enfin, presque. Il lui a manqué un gain et s’il a raté son coup, c’est particulièrement à cause de Martin Brodeur et des Devils, qui se sont montrés intraitables dans le septième match d’une finale marquée par sept triomphes des clubs jouant à domicile. 

Justin Williams, Kings de Los Angeles, 2014 

Crédit photo : AFP

À l’image du parcours des Kings, qui tiraient de l’arrière 3 à 0 dans leur série de premier tour contre les Sharks de San Jose, les exploits de Justin Williams ont constitué un fait plutôt renversant; l’ancien des Hurricanes de la Caroline s’était contenté de 43 points en 82 sorties durant la saison. C’était également bien moins que les 70 d’Anze Kopitar, meneur des siens à ce chapitre. Toutefois, il a repris du poil de la bête au bon moment grâce à 25 points, dont neuf buts, et procuré au club un deuxième titre en trois ans, les Kings défaisant Chris Kreider et les Rangers de New York en cinq rencontres au dernier tour. À Los Angeles, le récipiendaire du Conn-Smythe a quand même eu de la concurrence, puisque Marian Gaborik a enfilé l’aiguille 14 fois en séries éliminatoires, tandis que Kopitar et Jeff Carter ont totalisé 26 et 25 points respectivement. 

Ce que plusieurs ont retenu, cependant, c’est la capacité de Williams à faire parler de lui dans les moments cruciaux. Le vétéran a ainsi symbolisé la détermination du groupe, qui avait disputé trois parties numéro 7 avant de se frotter aux Blueshirts. Dans chacune d’entre elles, il a inscrit son nom sur la feuille de pointage.