«C’est juste une malchance» – Vincent Desharnais
Connor McDavid a pris la feuille de statistiques dans le petit vestiaire de l’équipe adverse au Centre Bell. Il l’a regardé pour deux secondes et il l’a relancé sur un comptoir.
McDavid n’était pas un homme heureux lui qui venait d’être blanchi pour une sixième fois seulement en 54 matchs. Dans le camp des Oilers, il n’y avait pas juste le capitaine qui avait de la difficulté à sourire.
À son premier match en carrière à Montréal, Vincent Desharnais avait pourtant toutes les raisons du monde de se réjouir. À 26 ans et à son 12e match dans la LNH, le défenseur des Oilers découvrit la réalité du Centre Bell pour une première fois.
«C’était un bon sentiment, a murmuré le colosse de 6 pi 6 po et 215 lb. J’avais plusieurs amis et de la famille dans les gradins. Mais je voulais les deux points.»
«Nous n’étions pas prêts, nous n’avons pas d’excuses, a-t-il poursuivi. Le Canadien était prêt pour ce match. Ils ont bloqué des tirs, nous ne le faisions pas. Ils ont mieux joué que nous. Il n’y a pas d’excuses. C’était un match à 12h30, mais nous n’avons pas commencé à 12h30.»
La voix de Michel Lacroix
Rappelé des Condors de Bakersfield le 9 janvier, Desharnais a gagné sa place à la ligne bleue des Oilers en participant aux douze dernières rencontres.
Malgré le revers de 6 à 2 contre le CH, il gardera de bons souvenirs de son premier passage en sol montréalais.
«Pendant l’échauffement, je l’appréciais plus, a-t-il dit. Mon frère était là. J’ai vu ma petite nièce et des amis. C’était vraiment cool. Mais quand le match commence, ça redevient un aréna comme les autres. Dans un match comme ça, les émotions veulent prendre le dessus. Mais je suis rendu à 26 ans, j’ai plus d’expérience et j’ai appris. À 21 ou 22 ans, je n’aurais pas géré une telle journée de la même façon. Je me sentais bien au niveau de la gestion de mes émotions. Je voulais toutefois venir ici et gagner devant ma famille.»
Desharnais n’a pas obtenu de point, mais il a tout de même entendu son nom sortir du micro de l’amphithéâtre pour sa bagarre contre Arber Xhekaj en deuxième période.
«C’est spécial. Juste d’entendre la voix de Michel Lacroix, je trouvais ça assez spécial, a-t-il souligné. Je ne sais pas combien de fois j’ai entendu sa voix dans mon salon en regardant un match du Canadien. J’ai grandi avec lui. Il y avait des moments durant le match ou l’échauffement qui m’ont procuré un sourire. C’était spécial.»
La cathédrale
Jay Woodcroft, l’entraîneur en chef des Oilers, était heureux pour son jeune défenseur.
«Tous les joueurs québécois qui ont l’occasion de jouer un match dans la cathédrale qu’est le Centre Bell, ce n’est pas le Forum, mais c’est quand même spécial pour n’importe quel jeune de la province de jouer un match ici. Je suis certain qu’il est au ciel non seulement d’avoir atteint la Ligue nationale, mais d’être un membre productif de notre brigade défensive et de jouer un match ici à Montréal.»
Un premier combat
Au niveau de la LNH, Desharnais n’avait jamais encore jeté les gants. Il a brisé la glace contre Xhekaj qui s’est rapidement forgé la réputation d’un homme fort. Le défenseur originaire de Laval a renversé le numéro 72 du Tricolore à la fin du combat.
Xhekaj a immédiatement pris la direction du vestiaire en pointant son épaule droite avant de parler à Graham Rynbend, le thérapeute de l’équipe.
Durant la bagarre, Desharnais n’a jamais senti que son rival venait de se blesser.
«Ça se déroulait vite. Il n’a rien dit. On s’est battu et il est tombé. J’ai immédiatement arrêté. Je l’ai vu sortir de la glace, il avait l’air d’avoir mal à l’épaule ou à son bras. Tu ne veux pas voir ça. Je ne jouerai jamais pour blesser un joueur. C’est juste une malchance. Je connaissais sa réputation. Il s’est battu contre des hommes forts. Il a pogné pas mal les plus gros. Il se débrouille bien. Il est solide. Mais que ce soit Xhekaj ou Josh Anderson, je voulais procurer une étincelle et apporter de l’émotion.»