Cet instructeur des Alouettes est le plus québécois des Américains

Si quelqu’un cherche à illustrer ce que représente un bon exemple d’intégration à une communauté francophone, il n’a qu’à prendre une photo de Tyrell Sutton.

L’Américain de 36 ans a grandi en Ohio, bien loin de la neige et de la poutine. Son parcours comme porteur de ballon l’a cependant mené à Montréal, où il a porté les couleurs des Alouettes de 2013 à 2018.

Dans la métropole québécoise, il est tombé en amour. La maxime est bien connue : «Qui prend mari prend pays». Dans le cas de Sutton, on doit plutôt remplacer le «mari» par «épouse».

Celui qui portait le numéro 20 avec les Moineaux s’est pris d’affection pour Émilie Desgagné, qui travaillait pour le club à l’époque. Les tourtereaux se sont mariés en 2019, quand Sutton évoluait pour les Tiger-Cats de Hamilton. Ils sont revenus à Montréal, leur domicile, pendant la saison morte suivante et n’ont plus jamais bougé. À ce moment, Sutton espérait encore pouvoir disputer au moins une autre saison dans la LCF, mais la pandémie de COVID-19 a mis fin à ce rêve.

Aujourd’hui, il est de retour avec les Alouettes, comme entraîneur des porteurs de ballon. Pendant les trois ans qui séparent ces deux moments, la famille Sutton-Desgagné s’est agrandie et a accueilli un petit garçon.

«C’est chez moi ici!»

C’est principalement en raison de la présence de ce petit humain que Sutton a décidé d’apprendre le français.

«C’est chez moi ici! Je voulais parler la langue. J’ai donc suivi un cours intensif de trois mois à l’automne», a-t-il dit dans un excellent français.

«C’était principalement pour mon fils, qui aura bientôt 3 ans. Il apprend rapidement. Je veux pouvoir le suivre et le comprendre.»

À entendre Sutton s’exprimer en français, on dirait qu’il le parle depuis des années. C’est d’ailleurs ce qu’a fait remarquer le coordonnateur à l’attaque, Anthony Calvillo.

Comme Sutton, «AC» est un Américain ayant fait de Montréal sa ville de résidence et qui a décidé d’apprendre la langue de Molière.

«Nous sommes ici depuis tellement longtemps. Quand je jouais, ce n’était pas une priorité. Quand j’ai accroché mes épaulettes, je me suis dit qu’il était le temps de m’y mettre, a indiqué l’ancien quart-arrière des Alouettes. Mes filles allaient à l’école en français et mon épouse parle quatre langues. Je n’avais aucune excuse.»

Calvillo a d’ailleurs été touché de savoir qu’il a été une inspiration pour Sutton dans son objectif de comprendre et de parler la langue d’ici.

«C’est important de donner l’exemple, a-t-il dit. L’an dernier, je me suis adressé à notre groupe de joueurs assez rapidement en français. J’ai fait ça pour deux raisons. Premièrement pour montrer aux gars d’ici que j’essaie. Deuxièmement, je veux montrer aux nouveaux qu’il est possible d’apprendre le français.»

Un privilège

Pour revenir à Sutton, le nouvel adepte du français se trouve très chanceux de pouvoir amorcer sa deuxième carrière près de son chez-soi.

«C’est un privilège de pouvoir être un entraîneur à la maison. J’ai la chance de faire le saut dans ce métier, tout en restant proche de ma famille», a-t-il soulevé en ajoutant qu’il n’aurait pas imposé un déménagement aux siens, mais qu’il aurait accepté un rôle d’instructeur ailleurs si les «Als» n’avaient pas été intéressés par ses services.

Avec son expérience comme demi à l’attaque dans la LCF, Sutton croit posséder ce qu’il faut pour permettre aux William Stanback, Walter Fletcher et Jeshrun Antwi de connaître du succès en 2023.

Et qui sait? Il donnera peut-être l’envie à ceux-ci d’apprendre quelques mots en français.