CH: l’équipe médicale fait-elle le travail?

L’annonce du forfait de Cole Caufield pour le reste de la saison est une autre tuile venue s’abattre sur le Canadien. Depuis le début de la campagne, l’infirmerie du Tricolore a paru plus occupée que l’urgence de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

En incluant Carey Price et Paul Byron, qui n’ont disputé aucun match, le Tricolore a présentement 12 joueurs blessés. Outre les Golden Knights de Vegas, qui sont privés de 10 joueurs, aucune autre formation n’a plus que sept joueurs sur la touche.

Comment expliquer pareille hécatombe ? D’autant plus que ce n’est pas la première fois que le Tricolore flirte avec le sommet de cette catégorie peu enviable.

L’an dernier, selon le site mangameslost.com qui compile les absences de tous les joueurs de la LNH, le taux d’absentéisme chez le Canadien a été le plus élevé avec 731 matchs ratés. Les Coyotes de l’Arizona suivaient avec 627.

Évidemment, ce n’est pas toujours une question de blessure dans le sens classique du terme. Les absences de Price et de Jonathan Drouin, pour des raisons de santé mentale, et les cas de COVID ces dernières années, ne sont pas des maux qui surviennent dans le feu de l’action.

Hughes se questionne

Néanmoins, que le Canadien se classe parmi les pires de ce classement année après année a de quoi soulever des points d’interrogation. Jusqu’à quel point l’équipe médicale du Tricolore peut être pointée du doigt pour ces problèmes récurrents !

Les emplois des membres de ce personnel médical, avec à sa tête Graham Ryndbend, le thérapeute sportif en chef, pourraient-ils être menacés ?

Des questionnements qui, apparemment, ont maintenant atteint la direction de l’équipe. Lors de son bilan de mi-saison, Kent Hughes a paru quelque peu chatouillé lorsque questionné à ce sujet.

«On va continuer d’évaluer la situation à la fin de la saison. C’est vraiment surprenant le nombre de blessures qu’on a», a indiqué le directeur général du Canadien.

Au-delà des blessures, une situation normale dans un sport comme le hockey, c’est la gestion de celles-ci qui semble faire défaut. Qui ne se souvient pas de la saga entourant la blessure de Shea Weber ?

Victime d’une fracture au pied gauche, résultat d’un tir bloqué, dès le premier match de la campagne 2017-2018, il avait enduré la douleur jusqu’à la mi-décembre (ratant des matchs à l’occasion) avant de déclarer forfait pour le reste de la saison.

L’opération subie en mars 2018 avait alors obligé une consultation visant à évaluer l’état de son genou droit. Genou qui a, finalement, dû être opéré en juillet de cette même année, gardant le capitaine sur la touche pendant deux mois et hypothéquant fort possiblement le reste de sa carrière.

Byron amoché

Byron a également chèrement payé son entêtement à vouloir continuer de jouer malgré les blessures. Deux opérations aux hanches ont grandement nui à son avenir.

Ce qui fait réaliser que, oui, les joueurs ont également leur part de blâme à l’occasion.

«Parfois, on a des joueurs qui veulent revenir au jeu, qui veulent repousser les limites. Avec eux, on doit faire un meilleur travail pour les protéger d’eux-mêmes», a signifié Hughes.

Vrai, mais ont-ils toutes les informations nécessaires pour prendre les bonnes décisions ?

On peut se poser de sérieuses questions sur des dossiers beaucoup plus près de nous dans le temps. À commencer par l’an dernier.

2021-2022

Joel Edmundson

Au premier jour du camp d’entraînement, on apprend que Joel Edmundson souffre d’une blessure au haut du corps et que son état sera réévalué quotidiennement. Finalement, blessé au dos, le défenseur ratera les 57 premiers matchs de la saison.

Jonathan Drouin

Blessé au poignet droit, il rate un mois d’activité entre la mi-novembre et la mi-décembre.

En dépit de cette blessure, il dispute 20 des 21 matchs suivants avant de se rendre à l’évidence. La douleur est trop intense. Il doit subir une opération qui lui fait rater le reste de la saison.

Samuel Montembeault

Gardant le filet en relève de Jake Allen, d’abord blessé au bas du corps, puis à l’aine (était-ce la même blessure ?) Samuel Montembeault connaît plusieurs sorties difficiles. On le sent hésitant devant son filet. Croyant d’abord à une confiance fragilisée, on finira par apprendre qu’il a joué en dépit d’une blessure à un poignet droit pendant trois mois. Au mois de mai, il subit une opération.

Jake Allen

Blessé au bas du corps à la mi-décembre, il tente un retour au jeu rapide. Le 12 janvier, il se blesse de nouveau. Il ratera les 25 matchs suivants.

David Savard

Le 12 janvier, à Boston, il subit une blessure à la cheville droite en bloquant un tir. Il joue sept autres matchs en dépit de cette blessure avant d’être retiré de la circulation. Il ratera sept semaines d’activité.

2022-2023

Mike Matheson

Le 13 octobre, le Canadien inscrit le nom de Matheson sur la liste des blessés pour une période de huit semaines. Cinq semaines plus tard, soit trois avant l’échéancier initialement prévu, il revient au jeu. Ce retour ne dure que neuf rencontres. Il repart sur la touche pendant cinq semaines. Dans ce laps de temps, il tente un retour. Un seul match au cours duquel il joue plus de 22 minutes.

Sean Monahan

Ne voulant pas rater son retour à Calgary, il a continué de jouer en dépit d’une fracture au pied droit. En le retirant de la formation immédiatement, le Canadien aurait évité bien des ennuis dans ce dossier. Son absence aurait été minimale. Possiblement deux semaines. Or, plus tôt, cette semaine, l’organisation a placé son nom sur la liste des blessés à long terme, rétroactivement au 6 décembre, lendemain de son dernier match, il y a près de sept semaines. Lors du dernier entraînement, il a passé les 10 premières minutes à s’étirer les hanches et l’aine, signe que son corps a compensé pour sa blessure initiale.

Brendan Gallagher

On comprend que son seuil de tolérance à la douleur est élevé et qu’il voudrait jouer même s’il devait être amputé des deux jambes. Au début décembre, le Canadien annonce que Gallagher, blessé au bas du corps (on sait que c’est à une cheville) ratera au moins deux semaines d’activité. L’Albertain revient au jeu un mois plus tard. Après trois matchs, la même blessure le force de nouveau à déclarer forfait.

Jonathan Drouin

Il a subi une fracture aux côtes, le 5 novembre, contre les Golden Knights. Il a disputé les trois matchs suivants. Il est sur la touche depuis le 12 janvier. Et tout indique qu’il pourrait s’agir d’un problème similaire.