Coupe des Présidents: construction perpétuelle

Alors que le rideau est tombé sur cette édition de la Coupe des Présidents à Quail Hollow, on peut réfléchir à l’avenir de cette compétition. Avec la tempête que traverse le monde du golf professionnel depuis six mois, on se doute que les tournois en équipes continueront de souffrir de l’exode des golfeurs pompés par la ligue saoudienne.
Car une trêve n’est pas dans les cartes des prochains mois. Pas plus qu’un cessez-le-feu ou l’enterrement de la hache de guerre.
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Il importe de rappeler que six déserteurs qui ont rejoint LIV Golf ont déposé une action collective contre leurs anciens collègues du circuit de la PGA.
Celle-ci ne devrait pas se rendre devant le tribunal avant l’automne prochain.
En parallèle, les équipes américaines et européennes de la Coupe Ryde continuent d’avancer.
La formule actuelle de la Coupe des Présidents, modifiée en 2015, ne devrait pas être révisée.
Malgré les nombreuses idées lancées cette semaine pour améliorer la formule, celle de joindre les femmes à la compétition n’apparaît pas dans les plans, selon les propos de la commissaire de la LPGA, Mollie Marcoux Samaan.
Bien que secouée dans les derniers mois, la structure de l’équipe internationale regarde vers le futur avec optimisme. En route vers l’édition 2019 en Australie, le capitaine Ernie Els avait coulé la fondation et établi l’identité de la formation. Le logo en forme de bouclier vise à rassembler toutes les nations, hors de l’Europe, pour rivaliser contre les États-Unis.
Le capitaine de 2022, Trevor Immelman, a poursuivi la tradition vieille de trois ans. Et le prochain capitaine, fort possiblement Mike Weir, fera pareil à Montréal en 2024.
Développer une culture
«Ernie avait sa façon d’assembler l’équipe. Et j’ai appliqué ma manière. Ernie a travaillé pour améliorer la structure de cette équipe pour faire en sorte que les golfeurs qui grandissent à travers le monde visent un jour percer notre alignement pour accomplir leurs objectifs», a expliqué Immelman, dont les hommes représentent sept pays cette année.
«On commence à voir les résultats de cette transformation organique, a-t-il enchaîné. Il faut continuer à construire notre culture d’équipe où ces gars, provenant des quatre coins du monde, sont excités de jouer dans ce tournoi», a-t-il ajouté.
Une crainte quant à la puissance de ces formations remonte toutefois constamment à la surface. Comment assembler un alignement pour tenir tête aux puissants Américains ?
Depuis 2009, ceux-ci ont mené 18 des 21 sessions menant à la ronde finale des simples. La seule avance des Internationaux fut au Royal Melbourne, en 2019.
Meilleure confrontation
Le processus d’identification pour cette formation débute bien avant la période de qualification. Pour permettre une meilleure unité et créer une chimie d’équipe, les dirigeants identifient plus d’une vingtaine de golfeurs ayant un potentiel de percer l’alignement.
«Il faut constamment repousser nos limites en innovant. Nous regroupons ces gars le plus rapidement possible non pas pour se préparer uniquement à la prochaine compétition, mais aussi pour les futurs tournois. Ils doivent comprendre la philosophie de l’équipe, l’identité et le fonctionnement. De cette façon, ils sont mieux préparés», a expliqué l’actuel capitaine.
Reste toutefois que sans répétition officielle, les Internationaux sont rapidement jetés dans la gueule du loup. L’identité américaine est depuis très longtemps forgée. Cette année, l’alignement compte sept golfeurs ayant participé à l’écrasante victoire à la Coupe Ryder il y a 12 mois.
Bien qu’ils aient dû composer avec plusieurs obstacles de dernières minutes cette année et qu’ils soient sur la bonne voie, les Internationaux devront user de créativité pour arriver fin prêts aux prochaines compétitions. Ils assureraient ainsi un meilleur avenir à l’évènement biennal.
Des étoiles sont nées
Les Internationaux n’ont pas connu la meilleure sortie de leur histoire à Quail Hollow. Dans une véritable bataille identitaire, de nombreuses étoiles sont par contre nées.
Tom Kim, la vedette du troisième jour de compétition, K.H. Lee et Cam Davis se sont démarqués en faisant écarquiller bien des yeux à travers le monde.
D’après le vétéran Adam Scott qui en était à sa 10e participation au tournoi de la Coupe des Présidents, ceux-ci sont le cœur et le noyau des futurs alignements. À 20 ans, Kim vivra plusieurs de ces moments au fil de la prochaine décennie s’il parvient à conserver sa cadence chez les professionnels. Idem pour Davis, âgé de 27 ans.
«Ils sont le futur de notre équipe, car ils ont prouvé cette semaine qu’ils possèdent les habiletés et la force de performer sur cette scène, a signalé Scott. Ce genre d’expériences les propulsera aussi dans leur carrière respective pour qu’ils accomplissent de grandes choses.»
«Quand tu réussis à te démarquer comme ils l’ont fait en fin de duel face à cette équipe américaine, tu peux gagner de grands tournois», a-t-il poursuivi.
Encore jeune
Cette année, les Internationaux ont formé la plus jeune équipe de leur histoire à cette compétition. L’âge moyen s’est arrêté à 28,8 ans.
«Je suis persuadé que chacun d’eux travaillera fort pour participer à la prochaine édition», a ajouté Scott.
La formation internationale continuera à greffer l’expérience à son équipe de meneurs pour encadrer les jeunes. À titre d’exemple, K.J. Choi a largement soutenu et conseillé ses compatriotes coréens dans son rôle d’assistant au capitaine. Mike Weir a fait pareil avec les Canadiens.
Une relève qui se développe
En regardant vers les prochaines éditions, on peut constater que la pépinière de talents est vaste. Plusieurs golfeurs asiatiques ont connu du succès lors de la saison 2022 du circuit Korn Ferry, l’antichambre de la PGA.
Des absents de marque cette année voudront certainement vivre leurs moments sur les allées du Royal Montréal en 2024. En regardant encore plus loin, le capitaine Trevor Immelman a noté les bonnes performances des Internationaux à l’édition junior du tournoi.
«Nous constatons que plusieurs pays ont collaboré en déployant beaucoup d’énergie à la base du sport. Nous voyons les talents percer parmi l’élite mondiale, a analysé le Sud-Africain Immelman. Nous sommes sur la bonne voie.
«Cette compétition nous permet de nous frotter à la meilleure équipe au monde. Elle permet aux jeunes de rêver un jour y participer.»
