Denis Savard a hâte de voir Connor Bedard l’imiter – TVA Sports

La première visite de Connor Bedard à Montréal coïncide, à quelques jours près, avec le premier match de Denis Savard avec les Blackhawks de Chicago au Forum. Ça fait 43 ans, ce qui ne rajeunit pas les amateurs qui ont été témoins de cette soirée d’octobre 1980.

Au bénéfice de ceux qui n’étaient pas nés, passons les faits en revue. Contrairement à Bedard, Savard n’avait pas été le premier choix au repêchage, cette année-là. Le Canadien avait hérité de cette sélection dans une transaction avec les Rockies du Colorado effectuée quatre ans auparavant par le rusé Sam Pollock.

Crédit photo : Le Journal de Montreal

Le Tricolore avait choisi Doug Wickhenheiser, un joueur de centre grand format de l’Ouest canadien qui était considéré comme le meilleur joueur junior disponible. Au deuxième rang, les Jets de Winnipeg avaient opté pour le défenseur Dave Babych. Parlant troisièmes, les Blackhawks avaient jeté leur dévolu sur Savard, qui avait soulevé les foules montréalaises avec son style électrisant pendant trois ans avec le Junior de Montréal.

On le voyait comme le successeur de Jacques Lemaire comme joueur de centre au côté de Guy Lafleur.

Contexte identique

Quatre décennies plus tard, Savard ressasse ces souvenirs avec l’entrée en scène du jeune Bedard chez les Blackhawks.

«On est différents comme joueurs», estime Savard alors que je le joins pendant une ronde de golf.

«Mais le contexte dans lequel Connor arrive dans l’organisation est identique à celui que j’ai vécu à mes débuts. L’équipe était en reconstruction dans mon cas aussi.

«Connor est spécial, ça ne fait pas de doute. Il donne la chance aux Blackhawks de relancer leur concession. Tu vois qu’il est à sa place.»

C’est ce qu’on appelle un joueur générationnel.

Spectacle à lui seul

Savard l’a été lui aussi. Il est arrivé à Chicago la saison suivant le départ à la retraite du grand Stan Mikita, qui a joué 22 ans avec les Hawks. L’équipe était maître dans la faible division Smythe, qui regroupait les Blue de St. Louis, les North Stars du Minnesota, les Canucks de Vancouver et les Rockies. Elle terminait première avec des fiches légèrement supérieures à ,500 et a même remporté un championnat avec 73 points dans une division de quatre équipes en 1978-1979.

Les gradins du vaste Chicago Stadium étaient passablement dégarnis. Mais les amateurs ont été vite conquis quand ils ont vu le petit joueur de centre originaire de Verdun étourdir les défenses adverses avec son style à l’emporte-pièce et ses spin-o-rama. Les foules de 20 000 spectateurs sont redevenues la norme au vieil amphithéâtre.

Le premier match de Savard au Forum avec les Hawks est encore frais à sa mémoire.

«Tout le monde me demandait si j’étais nerveux. Ce n’était pas vraiment le cas, raconte-t-il.«J’étais jeune et, à 19 ans, tu n’as peur de rien. Tu es excité, tu as hâte de jouer.»

À son baptême dans la Ligue nationale, deux soirs plus tôt, Savard avait participé aux trois premiers buts des siens dans une victoire de 4 à 3 à domicile contre les Sabres de Buffalo.

Pas de problème, papa!

En première période, face au Canadien, il marqua son premier but en débordant dans un premier temps Larry Robinson au centre de la patinoire, pièce de jeu spectaculaire, qui fut saluée par les spectateurs entassés au Forum. Savard a terminé la soirée avec deux points et une deuxième victoire en autant de matchs.

«J’ai saisi la rondelle en zone neutre et j’ai coupé sur la gauche devant Robinson pour ensuite me diriger vers le territoire du Canadien, relate-t-il.

«J’ai décoché un tir frappé [Denis Herron était le gardien], mais aujourd’hui, tu ne scores pas de là où j’ai lancé. Les gardiens arrêtent ça les mains nues!»

Pour ce but, il en a réussi un tas d’autres que même les gardiens d’aujourd’hui ne seraient pas en mesure d’arrêter. Savard ne doutait pas de ses capacités.

«J’ai pris part à 11 des 12 matchs préparatoires (!!!) de mon équipe à ma première année, souligne-t-il.

« Un jour, j’ai dit à mon père qui m’appelait: “Inquiète-toi pas, ’pa.” Les nombreux matchs auxquels j’avais participé pendant le camp d’entraînement m’avaient convaincu que j’étais prêt à jouer dans cette ligue-là.»

La suite est passée à l’histoire.

Savard a hâte de voir le match de Bedard contre le Canadien. C’est toujours particulier pour une recrue native du Québec et des autres provinces canadiennes de jouer à Montréal ou Toronto le samedi soir.

«Ça va être le fun de voir Connor et le petit Cole (Caufield) sur la même glace», termine-t-il.

On devrait passer, effectivement, une belle soirée.