Faut-il s’inquiéter du début de saison de Nick Suzuki? – TVA Sports
Partons d’un principe fondamental, ce soir, au billet de saison: j’adore Nick Suzuki !
Le jeune capitaine du Canadien dispose de tous les outils dans son coffre afin de connaître une grande carrière dans la Ligue nationale. Voyez le billet de saison de «JiC» en vidéo principale.
Intelligent, créatif offensivement, responsable défensivement, Suzuki reconnaît les opportunités sur la glace… généralement avant les autres joueurs autour de lui.
Ça lui confère un avantage indéniable, avantage qui compense largement pour sa vitesse moins grande que plusieurs centres numéros un ailleurs dans la ligue.
Justement, centre numéro un. Certains d’entre vous craigniez que Suzuki n’appartienne pas vraiment à cette catégorie.
Je m’inscris en faux à vos craintes, je ne les partage pas un seul instant. Nick Suzuki n’est assurément pas un joueur «générationnel». Il ne pourra jamais même se pencher pour attacher les patins de Connor, qu’il soit Bédard ou McDavid.
Nick Suzuki n’est pas non plus Sidney Crosby.
Mais peut-il raisonnablement espérer connaître une carrière aussi fructueuse que le nouveau retraité des Bruins Patrice Bergeron ? Sans l’ombre d’un doute à mon avis !
Bergeron a obtenu 39 points en 71 matchs à sa saison recrue, Suzuki, 41 en 71, avec la nuance importante que Nick a joué sa première campagne à 20 ans et Patrice, à 18.
À 20 ans, Patrice a marqué 31 buts et récolté 73 points en 81 matchs.
Suzuki a enchainé des saisons de 41 61 et 66 points à 21-22 et 23 ans, bon pour un total de 209 points en 291 matchs lors de ses quatre premières campagnes dans le circuit. C’est une moyenne de 0,72 points par match.
Patrice n’a pas joué à 19 ans puisque c’était l’année du lock-out. Lors de ses quatre premières campagnes dans le circuit, il avait donc 18-20-21 et 22 ans. Il a totalisé 189 points en 239 matchs, bon pour une moyenne de 0,79 points par match, moyenne avantageuse par rapport à Suzuki mais pas autant qu’on pourrait l’imaginer…
Le différentiel de celui qui est devenu monsieur trophée Selke s’est établi à moins 18 sur ses quatre premières campagnes. Celui de Suzuki : moins 62. À la décharge du capitaine du Canadien, il a disputé ces quatre saisons dans des équipes de moyennes à faibles, à très faibles. Patrice avait de bien meilleures équipes à Boston pour au moins deux de ses quatre premières campagnes.
Mais trêve de comparaisons statistiques. La ligue a beaucoup changé depuis 20 ans de toute façon.
Un point par match?
Revenons au sujet de ce soir, Nick Suzuki. Je serais étonné que «Suzy» atteigne la barre des 100 points ou mieux lors d’une même saison, en dépit du fait que la ligue nationale entre dans une ère plus offensive.
Quatre-vingt-dix points au mieux, selon moi dans son cas, mais fort probablement avec un différentiel positif.
Sa moyenne au zénith de sa carrière pourrait fort bien s’établir à un point par match, donc 80 ou mieux sur une période entre maintenant et l’âge de 30 ans, mais j’insiste, avec un différentiel positif !
Ce différentiel est lié à la progression du Canadien comme entité, comme équipe, à l’émergence de bons centres derrière Suzuki, idéalement en santé, donc d’un Kirby Dach soudainement homme de fer.
Il est aussi lié à une brigade défensive devenue plus mature et donc très solide.
Il est évidemment lié à un système ou un concept de jeu qui sera plus imperméable défensivement, tout en n’altérant pas la créativité offensive.
Ça fait bcp de « si » qui n’ont rien à voir avec Suzuki, si ce n’est que ça rime !
Mon point étant le suivant : Nick Suzuki va réussir car il a tous les outils et qu’il a une formidable tête sur les épaules.
Mais en même temps, le succès d’un joueur de hockey repose, outre sur lui-même, sur un ensemble de facteurs hors de son contrôle, mais essentiels à la rencontre des espoirs et objectifs statistiques placés en lui.
Alors, faut-il s‘inquiéter du début de saison de Nick Suzuki ? Absolument pas ! Est-ce que ses trois premiers matchs sont préoccupants ? Certainement ! Est-ce que ça s’explique ? Tout à fait ! Josh Anderson et Cole Caufield ne sont pas à proprement dit des petits princes de la défensive. Ils ne servent pas beaucoup la cause des plus et des moins du capitaine.
Par contre, le job d’un bon joueur de centre et d’un bon leader, c’est de trouver des solutions et de rendre ses ailiers meilleurs…
Nick Suzuki a ce qu’il faut pour trouver le chemin. Il a surtout ce qu’il faut pour mener la charge dans un comité de joueurs de centres qui, seuls, ne seront pas grand-chose, mais qui, mis ensemble, seront dominants d’ici quelques années.
Une force qui, combinée à une maturité accrue, de défenseurs talentueux, va certainement conduire le Canadien vers quelques printemps des plus excitants !