«Je devrai éviter de me laisser influencer par ça» – Hughes
Kent Hughes était tellement habitué à vivre dans l’ombre que lors de sa nomination au poste de directeur général du Canadien, le 18 janvier 2022, une seule photo de lui circulait dans les médias : un portrait maladroitement découpé provenant du site de son agence, Quartexx Management, et datant probablement de plusieurs années.
Au sein de la confrérie des agents, on peut dire qu’il était aux antipodes d’Allan Walsh, qui n’hésite pas à sortir publiquement sur les réseaux sociaux pour louanger les joueurs qu’il représente ou les défendre.
«Quand j’étais agent, je travaillais pour le joueur. L’agent n’est pas l’histoire, c’est le joueur qui l’est. C’est pour ça que j’ai toujours cru que l’agent devait être en arrière de la scène», a-t-il expliqué lors d’une récente entrevue accordée au Journal.
Depuis maintenant près de neuf mois, il se retrouve à l’autre bout du spectre. Il est l’une des trois personnes les plus en vue au Québec après le premier ministre et… Martin St-Louis.
On a pu le constater, il y a quelques semaines, lors du tournoi des recrues tenu à Buffalo, alors que son entraîneur-chef et lui ont été sollicités à plusieurs occasions par des partisans qui souhaitaient leur dire quelques mots ou prendre une photo en leur compagnie.
«Ça vient avec le poste. Pendant que je travaille, je veux pouvoir me concentrer sans être interrompu. Mais, si je suis en mesure de le faire et que ça fait plaisir à quelqu’un, je le ferai. Je ne veux pas m’asseoir dans un coin et ne pas parler à personne», a-t-il souligné.
Gêne et humilité
Du type plutôt réservé, Hughes admet toutefois ne pas être encore tout à fait à l’aise avec cette popularité.
«Parfois, c’est gênant, parce que je sens que les gens me regardent dans la rue. J’essaie de trouver un équilibre entre les moments où je regarde mes pieds et ceux où je dis bonjour aux gens», a-t-il lancé dans un éclat de rire.
«Je ne veux pas être arrogant. Je suis conscient et j’espère que j’aurai toujours l’humilité pour savoir que ce n’est pas moi, mais le poste que j’occupe qui fait que les gens veulent me parler», a poursuivi le directeur général.
Le degré d’humilité de celui qui a grandi à Beaconsfield en rêvant de jouer pour le CH et en écoutant les Expos dans la voiture de grand-papa, entre la maison et le chalet de Saint-Jérôme, semble encore bien élevé. À ce propos, une anecdote.
«Récemment, on est allé souper au restaurant, ma femme et moi. À un certain moment, elle m’a dit que je parlais trop fort. Je n’en ai pas fait de cas, car elle m’a toujours dit que je parlais trop fort. Et là, elle a insisté : “Ne parle pas trop fort parce que tout le monde te regarde. Tu es maintenant le directeur général du Canadien.” J’oublie que je ne passe plus inaperçu.»
Le conseil de Boivin
Au moins, pour l’heure, les partisans l’abordent avec le sourire. Ils voient en Hughes celui qui redonnera du prestige à cette concession. Les mouvements de personnel qu’il a effectués depuis qu’il est en poste cultivent leur enthousiasme.
Néanmoins, Hughes n’est pas dupe. Il sait qu’il se trouve encore en lune de miel. Cette lune de miel dont la majorité de ses prédécesseurs a également bénéficié, incluant Marc Bergevin, ce que plusieurs semblent avoir oublié.
Mais pour combien de temps?
«Je n’ai aucune idée. Jusqu’au 12 octobre [date du premier match de la saison], peut-être? On verra», a-t-il lancé, sourire en coin.
«La semaine dernière, j’ai rencontré Pierre Boivin [ancien président du Canadien] lors d’un événement. Je lui ai demandé s’il avait un conseil pour moi. Il m’a répondu : “Non. Je n’ai pas vraiment de conseils, mais j’espère que tu as la couenne dure.”»
Maintenir le cap
En effet, quand la grogne et la houle se lèvent, ce n’est pas toujours facile de maintenir le cap.
«Je connais la passion que les gens ont pour le Canadien. Mais je sais aussi qu’il y en a pour qui être négatif, ça fait partie de leur nature. Je devrai éviter de me laisser influencer par ça.»
Bon plan, sans quoi il se transformera en véritable girouette.