Jiri Kulich pourrait hanter le CH… dès cette saison – TVA Sports
Un peu plus d’un an après que les Canadiens de Montréal lui eurent préféré Filip Mesar au 26e rang du repêchage de 2022, Jiri Kulich pourrait effectuer sous peu ses débuts dans la Ligue nationale de hockey avec les Sabres de Buffalo.
À son retour dans le giron des Sabres après un été d’entraînement rigoureux, Kulich affichait un progrès notable sur le plan physique. On parle d’une prise de masse considérable de 16 livres, 16 bonnes livres. On y reviendra plus tard.
«Il a connu un été incroyable. Il cogne à la porte de la LNH», a concédé Seth Appert, l’entraîneur-chef des Americans de Rochester, club-école des Sabres dans la Ligue américaine.
Depuis notre conversation avec Appert après le tournoi des recrues à Buffalo, les choses se sont compliquées un peu pour Kulich, qui de son propre aveu, n’a pas bien joué lors des matchs préparatoires auxquels il a pris part. «Ça ne s’est pas bien passé. Je sais que je dois être meilleur», a confié le principal intéressé.
Rien pour inquiéter vraiment les Sabres. L’organisation est persuadée d’avoir mis la main sur un attaquant qui aura un impact considérable au sein de ses deux premiers trios. Ce n’est pas si, mais quand.
«Nous croyons fermement à ceci : Kulich sera un très bon joueur dans la Ligue nationale de hockey, a affirmé Appert. Si ça arrive dès le début de la saison, eh bien, excellent. Si c’est un peu plus tard cette année, qu’importe. Notre directeur général Kevyn Adams et notre entraîneur-chef Don Granato ont prouvé qu’ils n’avaient pas peur de donner des chances aux jeunes.»
On dit souvent dans le milieu du hockey que l’on doit attendre cinq ans avant de tirer des conclusions sur les espoirs. Soit. Au repêchage de 2022, l’écart entre Mesar et Kulich pouvait sembler négligeable. Une question de préférence. Kulich semblait avoir un léger avantage dans les classements : il était 18e sur la liste de Bob McKenzie, 13e sur la liste européenne de la Centrale de recrutement de la LNH; Mesar 30e sur la liste de McKenzie et 20e sur la liste européenne.
Depuis, un énorme fossé s’est creusé entre les deux joueurs. Alors que Mesar flirtait de peine et de misère avec la barre du point par match dans la Ligue de l’Ontario, Kulich a accompli des choses qu’un joueur de 18 ans n’est pas censé accomplir dans la Ligue américaine, devenant le quatrième joueur de l’histoire du circuit à marquer 20 buts à cet âge.
Mesar peut encore devenir un très bon joueur. Peut-être a-t-il seulement besoin de plus de temps. Mais il est difficile de croire que les Canadiens ne regrettent pas jusqu’ici avoir levé le nez sur l’autre attaquant européen.
Si cette réalité choque les partisans des Canadiens, elle ne fait aucun pli à Kulich, qui n’en a que faire du fait qu’il aurait dû être repêché plus tôt, avec le recul : «Mon rang de sélection m’importe peu», a-t-il dit dans un fort accent tchèque, limité par la barrière de la langue.
Le développement à la sauce des Sabres
Revenons à cette information selon laquelle Kulich aurait pris 16 livres en un été – parce qu’elle circulait bel et bien dans les coulisses de la Ligue nationale de hockey. C’est énorme et, surtout, invraisemblable quand il est strictement question de masse musculaire.
Après vérifications, l’info est exacte. À quelques nuances près. C’est un travail qui a commencé la saison dernière.
«Dans ces 16 livres, il y en a peut-être sept ou huit qu’il a gagnées au cours de la saison l’an passé, a précisé Appert. Il faut donner le crédit à notre responsable du conditionnement physique. Jiri et nos autres recrues ont levé beaucoup de fonte pendant la saison.
«C’était évident durant le camp des recrues qu’il était plus puissant, plus explosif. Il était plus fort sur la rondelle.»
Kulich corrobore. «Le plus grand changement observable est mon jeu physique.»
En gardant Kulich dans leur filiale de la Ligue américaine l’an dernier, les Sabres ont pu accélérer sa progression en supervisant étroitement tous les aspects de son développement, dont la musculation.
Les Sabres ont une vision, un plan précis établi avec leurs meilleurs espoirs. Ils estiment qu’il vaut mieux s’investir directement dans le développement de ceux-ci que de confier les clés à une équipe du junior majeur canadien ou de l’Europe.
«Les Sabres ont embauché notre personnel pour développer des espoirs avant tout, a rappelé Appert. Quand ils sont à Rochester, on a mainmise sur leur développement. Quand ils jouent en Europe ou dans le junior, c’est hors de notre contrôle. Parfois, on croit que c’est mieux d’avoir notre mot à dire sur le temps de jeu et la façon de s’entraîner sur glace et hors glace de nos espoirs.»
Ce ne sont pas tous les attaquants européens de 18 ans qui s’adaptent bien au jeu musclé de la Ligue américaine. Les Sabres ont pris un risque en donnant immédiatement un tel défi à Kulich; les effets sur sa confiance auraient pu être néfastes. Le pari était néanmoins calculé.
«Nous croyions que son coup de patin était assez puissant, même à 18 ans, pour jouer dans la LAH. Je crois aussi que l’adversité te rend plus fort. Je ne crois pas à ça, moi, empiler 120 points dans le junior. Tu ne te développes pas quand c’est trop facile.
«Tu progresses en tant que joueur quand tu connais des difficultés, car ces difficultés te forcent à trouver des solutions et à t’ajuster.»
Des solutions, Kulich a dû en trouver après un départ difficile dans la LAH l’an dernier, avec seulement deux buts à ses 16 premiers matchs. Il disait même avoir de la difficulté à tirer sur réception.
«Il avait surtout de la misère quand la passe était diagonale et provenait du défenseur à la pointe, a expliqué Appert. Isak Rosen et lui ont passé énormément de temps ensemble après les entraînement, dans notre salle de tirs. Ensemble, ils ont mis un nombre incalculable d’heures à tenter d’améliorer leur lancer.»
L’explosion a été spectaculaire: 22 buts pour Kulich à ses 46 prochains matchs. Il en a remis en séries éliminatoires, terminant au premier rang des buteurs de son équipe même si une blessure l’a forcé à rater deux rencontres.
«Avant qu’il ne revienne au jeu, on tirait de l’arrière 2-0 au premier tour, a mentionné Appert. Il est revenu et il nous a aidé à atteindre les finales de conférence. Notre périple s’est arrêté à deux petites victoires de la finale de la Coupe Calder.»
Le Rocket de Laval aurait certainement pu bénéficier des services d’un joueur de cette trempe.
L’histoire nous dira si le CH a choisi le bon attaquant au 26e rang en 2022. Mais le fait demeure : alors que Kulich cogne à la porte de la LNH, Mesar tente de faire sa place au camp du Rocket, où son poste n’est pas garanti.
En vrac avec Seth Appert
Une anecdote qui en dit long sur la type de personne qu’est Jiri Kulich
«Lukas Rousek effectuait ses débuts dans la LNH. Jiri a conduit jusqu’à Buffalo pour assister à ce moment. Il y a une photo de Jiri dans les gradins qui célèbre et qui rit joyeusement, car il était si heureux pour son ami. Ça vous donne une très bonne idée de la personne qu’il est.»
La qualité principale de Kulich
«Il a un tir incroyable; sa dégaine, son tir frappé, son tir des poignets… la rapidité avec laquelle il décoche. Aussi, il commence à utiliser de plus en plus sa vitesse et sa puissance, tant offensivement que défensivement.»
Kulich au centre ou à l’aile?
«Au début, on présumait qu’il allait jouer à l’aile chez les professionnels. Il a joué au centre à cause des blessures l’an dernier et il a fait un très bon boulot dans les deux sens de la patinoire. Je crois que ça a ouvert les yeux des gens. Cette polyvalence le rend encore plus précieux.»
Sur la mentalité des Sabres au repêchage et leur préférence pour les petits joueurs talentueux
«À la base, on avait aussi plus de choix que d’habitude [en raison de la reconstruction]. Nos recruteurs ont abattu une besogne remarquable. Nous sommes certainement une organisation qui croit à la vitesse, au talent et au QI hockey. Cela ne veut pas dire que nous préférons les petits joueurs aux gros joueurs, mais parfois, en raison des critères susmentionnés, les joueurs que l’on prend se trouve à être de petits joueurs talentueux.»