Joshua Roy: l’espoir qui dissipe les doutes un à un

Beaucoup de choses ont été dites sur Joshua Roy depuis deux ans. De joueur « lâche » ou à « l’éthique de travail douteuse » à son année de repêchage, en 2021, il est maintenant l’un des plus beaux espoirs du Canadien de Montréal. Et ça ne surprend à peu près aucun intervenant ayant travaillé avec lui à un moment ou un autre de sa carrière.

Choix de cinquième tour du Canadien en 2021, Roy était le joueur ayant été repêché le plus loin parmi tous les membres d’Équipe Canada junior à l’occasion du récent Mondial, qui a pris fin par le but en or de Dylan Guenther, en finale, sur une passe de Roy.

Malgré tout, il a été l’un de leurs joueurs les plus importants, terminant au deuxième rang des pointeurs de l’équipe derrière Connor Bedard. Il a été nommé parmi les trois joueurs du tournoi pour la sélection nationale, avec Bedard et leur partenaire de trio, Logan Stankoven.

Mais il y a un contexte à son rang de repêchage et il a déjà été documenté, en partie. À 17 ans, avec les Sea Dogs de Saint-Jean, Roy avait demandé une transaction à la mi-saison, ne sentant pas que l’encadrement offert par l’organisation du Nouveau-Brunswick cadrait avec ses besoins.

Il avait finalement abouti à Sherbrooke, mais le mal était fait et il avait glissé jusqu’au cinquième tour, comme l’expliquait le recruteur du Canadien Serge Boisvert dans ces pages samedi.

En mauvaise forme

Roy est arrivé en mauvaise condition physique à Sherbrooke. Sa remise en forme, qui lui avait permis de perdre entre 20 et 25 lb, a elle aussi été souvent racontée depuis. En entrevue au Journal, l’agent de Roy, Olivier Fortier, a accepté d’offrir un regard différent sur la situation de Roy, qui, à ce moment, pouvait sembler comme un joueur à l’éthique de travail inégale.

« Dans les rangs pee-wee et bantams, Josh était chétif, raconte l’ancien choix de troisième ronde du Canadien. À son année midget AAA, il venait d’avoir sa puberté et son corps a changé. Il a réalisé qu’il prenait du poids dans le temps de le dire. Il avait réussi à s’en sortir cette année-là parce qu’il ne pratique pas le style de jeu le plus actif. C’est un joueur plus cérébral. »

L’été suivant, il était parvenu à perdre du poids.

« Quand il est arrivé à Saint-Jean à sa première année, il ne savait pas trop comment gérer son nouveau corps. »

Manque d’encadrement

Puis, sa première saison dans la LHJMQ a été annulée à la toute fin en raison de la pandémie de COVID-19. Roy s’était donc retrouvé chez lui, en confinement, sans réels accès aux gymnases et avec une méconnaissance toujours présente de la façon avec laquelle il devait gérer sa prise de poids.

Il s’était donc présenté, à sa saison de 17 ans, sans avoir pu s’entraîner comme il l’aurait souhaité. À ce moment, la pandémie de COVID-19 était à son plus fort et les mesures sanitaires, les quarantaines et les matchs présentés dans des environnements protégés rendaient également la routine d’entraînement difficile à respecter, particulièrement pour un jeune avec la personnalité de Joshua Roy. Jugeant, avec l’aval de sa famille et de ses conseillers, que Saint-Jean n’est peut-être pas le bon endroit pour lui, il est finalement échangé à Sherbrooke. Le changement est alors immédiat.

« Stéphane Julien ne l’a pas lâché d’un pouce. Il le poussait au quotidien et dans les deux derniers mois, on voyait le Joshua qu’on avait vu durant toute sa jeunesse. »

Disipline

Pour son entraîneur dans les rangs bantams Simon Larouche, avec qui il travaille toujours durant l’été, la prise de poids de Roy n’a jamais été causée par de la paresse ou un manque d’intérêt pour l’entraînement.

« Ça n’a jamais été une princesse ou un bébé gâté comme certains disaient. Pour l’avoir vu de l’intérieur, il aurait été prêt à ne pas être repêché dans la LNH pour se retrouver dans un environnement qui lui convenait », assure-t-il.

« Par la suite, je pense que les gens ne réalisent pas tous les efforts qu’il a mis. Derrière la gloire du Mondial junior, il y a aussi un matin du mois de juillet où il pratique sans arrêt son explosion sur patins et qu’il finit tout blanc, près de la poubelle. Et ce n’est pas parce que je lui impose, c’est lui qui veut le faire », poursuit Simon Larouche.

Haut niveau d’engagement

Même son de cloche chez son entraîneur M18 AAA, autrefois midget AAA, avec les Chevaliers de Lévis, Mathieu Turcotte.

« C’était l’un de nos joueurs les plus travaillants dans les entraînements. Son niveau d’engagement était excellent parce qu’il voulait devenir meilleur et il ne s’assoyait pas sur son talent. Ce n’était pas un paresseux et ce qu’on a dit sur lui par la suite, ce n’est pas l’individu que j’ai connu. »

SON ENTRAÎNEUR PRÔNE LA PATIENCE

Stéphane Julien l’a déjà dit : il croit qu’on verra, un jour, Joshua Roy porter l’uniforme du Canadien de Montréal. Il faudra être patient, tient-il toutefois à préciser.

L’entraîneur-chef du Phœnix de Sherbrooke a été à même de constater la progression de son attaquant depuis qu’il en a fait l’acquisition en janvier 2021. Mais on est encore loin d’un produit fini, souligne-t-il.

« Depuis le Mondial junior, les gens s’excitent. C’est correct, mais il faut arrêter. Historiquement, il faut quand même voir que même si tu as un bon tournoi, le chemin [jusqu’à la LNH] peut être long. »

Julien passe actuellement ses derniers mois avec Roy, car il semble évident que le jeune Beauceron fera le saut chez les professionnels la saison prochaine.

Encore du travail à faire

Au cœur même de la remise en forme de l’ailier depuis son arrivée à Sherbrooke, l’entraîneur-chef estime que le plus gros du travail reste à venir.

« Cet été, il faut que ce soit son meilleur été d’entraînement. Il devra prendre ses séances au gym très sérieusement. Il faut aussi qu’il travaille sur son patin puisque ce n’est pas un patineur naturel. Il est très solide sur ses deux pieds, mais il faut qu’il travaille sur sa vitesse parce que pendant plus de 80 matchs dans la LNH, ça peut faire mal. Josh possède beaucoup d’atouts qu’on ne peut pas enseigner, que ce soit son intelligence hockey ou son sens de marqueur. Mais il a une autre coche à aller chercher. »

Sur la bonne voie

Celui qui agissait à titre d’adjoint à l’entraîneur-chef Dennis Williams lors du dernier Mondial junior assure une chose, toutefois : l’espoir du Canadien est sur la bonne voie.

« On a beaucoup parlé de Josh et de sa remise en forme, mais il n’est pas le seul à qui on demande ça dans l’équipe. On n’est pas sur son dos à tous les jours. Tous les joueurs viennent nous voir pour nous demander un plan et savoir ce qu’ils peuvent faire pour s’améliorer, mais il y a une différence entre le demander et le faire. Josh l’a fait. »

BÂTI POUR LES GRANDES OCCASIONS

Olivier Fortier et Simon Larouche étaient assis autour d’une bière lors de la saison 2017-2018. « Joshua va marquer le but gagnant pour Équipe Canada junior, un jour », s’étaient-ils alors mis à rêver.

Le croyaient-ils pour vrai à ce moment ? L’histoire ne le dit pas. Cinq ans plus tard, Roy n’a peut-être pas inscrit le but gagnant, mais sa passe en prolongation à Dylan Guenther a permis à ÉCJ de remporter l’or. Donnons-leur quand même la moitié des points ! C’est surtout qu’à ce moment – Roy en était à sa deuxième année bantam AAA –, le Beauceron montrait déjà les attributs d’un joueur qui se lève dans les moments importants.

« Je vais toujours me rappeler, lors de sa deuxième année bantam, on était au tournoi de Saint-Jean-sur-Richelieu et on avait eu beaucoup de blessés. On avait quand même atteint la finale, mais on était diminués et j’avais dit à Josh qu’il allait probablement devoir coucher sur la glace tellement on aurait besoin de l’utiliser. On avait finalement gagné 5-4 contre les Lions du lac Saint-Louis et Josh avait terminé avec trois buts et deux passes », se remémore Larouche, son entraîneur de l’époque.

Mais c’est la suite de l’histoire qui a marqué l’esprit de l’homme de hockey.

« Le lendemain, à l’école, tous les gars en parlaient encore, mais lui était venu me voir pour me dire qu’il avait de la misère sur les mises au jeu et qu’il voulait les travailler. […] Ç’a toujours été un gars très humble. Il connaît la grandeur des opportunités qu’il obtient, mais sa plus grande force, c’est sa façon de gérer la pression du moment. Que ce soit un match au Mondial junior, le camp du Canadien, il n’est jamais stressé. Quand c’est fini, il redevient le même Josh. Il n’a jamais changé. »

LA PRESSION ?

Son entraîneur-chef de l’année suivante avec les Chevaliers de Lévis midget AAA, Mathieu Turcotte, a ensuite été en mesure de constater ce que Joshua Roy était en mesure de réussir, sous pression. Et pas juste sur la glace.

« Toute l’année, il était classé numéro un en vue du repêchage de la LHJMQ et avec la séquence qu’on avait [ils n’ont perdu qu’un seul de leurs 42 matchs de la saison], les caméras étaient souvent là. La façon avec laquelle il a géré cette pression pour son âge, c’est exceptionnel. Quand il a été repêché par Montréal en 2021, je me suis dit : s’il y en a un pour qui la pression de Montréal ne va pas déranger, c’est Josh. »