La saisissante déclaration d’un espoir des Canadiens

L’an dernier, le défenseur par excellence de la Ligue nationale de hockey (LNH) fut Cale Makar, 23 ans, de l’Avalanche du Colorado.

Sa fiche? 86 points, dont 28 buts (!) en 77 matchs, un différentiel de +48 et une prestance sur la glace à faire frémir.

Âgé de 18 ans, Adam Engström, un arrière gaucher natif de Södertälje (Suède) que le CH a sélectionné au troisième tour du dernier encan, concède cinq ans et 178 parties de la LNH au spectaculaire no 8. Mais ça ne l’empêche pas de voir grand. Très grand. 

«Je veux devenir le meilleur défenseur au monde», lance au bout du fil et sans retenue le jeune homme d’un ton convaincant au possible.

«J’ai toujours voulu être le meilleur. C’est avec cette mentalité et cet objectif que j’enfile mes bottes de travail chaque matin.»

On a souvent l’habitude d’entendre un espoir nous dire qu’il «souhaite bien faire à ses débuts chez les pros». Certains jeunes, et ils sont plus rares, se risquent parfois à exprimer l’envie d’y être «dominants». 

Mais Adam Engström, clairement, n’est pas comme les autres. Le numéro un de sa profession? Vraiment? Et ce n’est même pas la première fois, ces derniers mois, qu’il verbalise ce désir. 

Découverte d’un patineur au profil aussi mystérieux qu’intéressant. 

Une amélioration déroutante 

Engström a 14 ans lorsqu’il joint les rangs de l’organisation de Djurgårdens IF, un club évoluant, au niveau senior, dans l’Allsvenskan (deuxième division suédoise). 

De l’aveu de son entraîneur de l’an dernier Michael Holmqvist, l’athlète, à son arrivée dans le giron de l’équipe en 2018, part de très loin… à plusieurs niveaux. 

«Je connais Adam depuis un moment et il n’était pas dans les meilleurs défenseurs de l’organisation à ses débuts avec nous. Pas du tout, même! Sauf qu’il a redoublé d’ardeur et a connu une fantastique progression. Sa prise de décisions est vraiment meilleure. Il a d’ailleurs passé la dernière saison dans un rôle identique à celui de Calle Odelius (choix de deuxième ronde des Islanders en 2022), qui jouait aussi pour moi. 

«Lui et Adam évoluaient tous les deux en avantage numérique, sur une paire différente. Avec ces deux-là, c’est comme si j’avais deux premières paires! Cette situation à elle seule démontre le type de gars qu’est Adam : un travailleur de tous les instants qui ne néglige aucun détail pour cheminer.»

Porté vers l’attaque, conscient de l’importance de bien défendre

À l’issue de cette campagne 2021-2022 dont fait mention Holmqvist, le défenseur a, en 45 matchs, récolté 28 points, dont huit buts. Des chiffres bons pour le neuvième rang des pointeurs parmi tous les arrières de la ligue junior de Suède (J20 Nationell).

Lorsqu’on lui demande une analyse approfondie de son jeu, Engström y va de cette réponse. 

«Je pense que mon sens du hockey est l’une de mes plus grandes forces. J’aime aussi transporter la rondelle. L’une des choses que j’aimerais améliorer est mon jeu défensif. Je sais pertinemment que les joueurs qui souhaitent atteindre la meilleure ligue au monde doivent être bons dans leur territoire… surtout les défenseurs! Je veux aussi être plus fort et plus imposant physiquement.»

Il est intéressant d’entendre Engström discuter de l’importance de travailler sur l’amélioration de son gabarit et de sa force. Mais il devra aussi savoir utiliser ces deux atouts à bon escient lorsqu’il aura réalisé les progrès désirés. 

L’auteur de ces lignes a constaté, au fil de plusieurs visionnements des matchs du défenseur, qu’il n’avait pratiquement jamais le réflexe d’utiliser son corps pour séparer le porteur de la rondelle. C’est assurément un aspect où il peut/doit faire mieux.

De son côté, un recruteur d’expérience des Canadiens sollicité dans le cadre de ce billet décrit le jeune homme avec beaucoup d’optimisme.

«C’est un solide défenseur dans les trois zones qui démontre davantage de belles qualités offensives, ces derniers temps. Honnêtement, je pense qu’on tient quelque chose de bien avec Adam. Il a une mentalité de gagnant et des habiletés qui méritent qu’on s’intéresse à lui.»

Crédit photo : Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

Si Engström souhaite réellement devenir le meilleur arrière sur la planète, l’idée de prendre exemple sur l’un des plus dominants de la LNH à l’heure actuelle est assurément une excellente idée. Le jeune adulte semble le comprendre et s’abreuve, depuis longtemps, de nombreuses séquences d’un compatriote qui compte un palmarès impressionnant dans le circuit Bettman, 

«Mon principal modèle est Victor Hedman. Tout ce qu’il fait est si fluide!», lance le défenseur avec un sourire dans la voix avant d’enchaîner.

«Mais je crois qu’un joueur à qui je ressemble en termes d’habitudes sur la glace est Oliver Ekman-Larsson. Je ne sais pas si la comparaison est parfaite, mais je pense avoir plusieurs points en commun avec lui.»

Autant Michael Holmqvist que le dépisteur du CH ont finalement tenu à souligner que la plus grande qualité d’Engström était selon eux son aisance à transporter la rondelle.

Débuts prometteurs à Rögle

À l’issue de la dernière campagne, l’espoir du CH a choisi de quitter Djurgårdens IF pour se joindre à l’organisation de Rögle BK, un club de la SHL (ligue élite suédoise).

Pourquoi ce changement? 

«J’ai eu plusieurs bonnes discussions avec les dirigeants et leaders de ce club ces derniers mois, explique le principal intéressé. Je sais que l’équipe est réputée pour bien développer ses jeunes joueurs et c’est évidemment quelque chose qui me rejoint beaucoup.»

Jusqu’ici, force est de constater que le choix du défenseur lui sourit. À son premier match avec l’équipe junior de Rögle, il a donné tout un spectacle, récoltant quatre points. 

Puis, à sa deuxième apparation, le gaucher a récidivé avec deux mentions d’aide… alors qu’il venait tout juste de jouer un match avec l’équipe senior de Rögle! Deux très bons duels dans la même soirée. Pas mal, non? 

Le dépisteur du CH nous confirme qu’Engström est actuellement porté en très haute estime au sein de son nouveau club.

«Il est très bien conseillé sur le plan du développement. Les frères Chris et Cam Abbott accomplissent en ce sens un travail colossal. Jusqu’ici, en plus de son bon rendement avec leur équipe junior, Adam impressionne dans la SHL et on m’a donné des commentaires extrêmement positifs à son sujet. Les dirigeants du club l’aiment beaucoup.»

«Ce ne sont pas tous les joueurs qui ont ce courage…»

On vous disait plus haut qu’on n’était pas les seuls à qui Adam Engström avait confié vouloir être «le meilleur défenseur au monde», ces derniers mois. Eh bien figurez-vous qu’il l’a non seulement souligné à son entraîneur de l’an dernier dans le cadre d’une rencontre individuelle de début de saison, mais il a également balancé la déclaration… aux dirigeants des Canadiens de Montréal! 

«Il nous a dit la même chose!», a confirmé le recruteur du CH en rigolant lorsque l’auteur de ces lignes lui a rapporté les propos précédemment tenus par Engström en entrevue. 

«J’avais déjà entendu ça dans le passé, mais ce ne sont pas tous les joueurs qui ont le courage de dire ça aux dirigeants d’une équipe de la LNH…»

Michael Holmqvist ajoute ceci, concernant les ambitions monstres de son ancien protégé. 

«Tu sais quoi? Il travaille tellement dur que je ne peux m’empêcher de me dire qu’il fait tout ce qu’il faut pour être ce gars (le meilleur arrière au monde). Le deviendra-t-il? Je ne dis pas que ce sera le cas. Mais avec son éthique de travail irréprochable, il se donne au moins une chance d’atteindre cet objectif qui, j’en conviens, n’est pas piqué des vers! (rires)».

Crédit photo : Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

Et même s’il ne devient pas le défenseur le plus dominant de la planète, Engström, avancent nos interlocuteurs, a tout ce qu’il faut pour un jour donner du hockey de qualité au CH.

«Je crois qu’il peut devenir un bon défenseur complet dans la LNH, honnêtement. Et cela pourrait arriver plus vite que vous le pensez, lance Holmqvist. Il est tellement travaillant. La prochaine étape sera de démontrer ce qu’il peut faire en SHL sur une longue période.»

L’expérimenté employé de la Sainte-Flanelle pense sensiblement la même chose.

«Nous le voyons éventuellement dans la LNH, mais il doit commencer par connaître une belle saison senior cette année. Ça nous en dira beaucoup sur la suite.»

La saison sur le Vieux Continent est encore très jeune, mais disons les choses telles qu’elles le sont vraiment: le départ est extrêmement prometteur pour Adam Engström. 

Voyons voir de quoi il aura l’air à l’arrivée, maintenant.