La vérité, et juste la vérité, sur la renaissance de Mattias Norlinder – TVA Sports

LAVAL – On dit de Mattias Norlinder qu’il est transformé, qu’il a changé depuis qu’il a posé les pieds à Montréal pour le camp d’entraînement. 

Ce n’est pas que Norlinder a changé. C’est qu’il réussit enfin à être lui-même. 

Une fois l’entraînement du Rocket de Laval terminé à la Place Bell, mercredi, on le sent d’humeur à ricaner à sa sortie de la patinoire. 

«Salut les gars!», lance-t-il joyeusement aux membres de la presse dans le corridor.  

Il regarde d’un air incrédule le clavier en composant le mot de passe qui ouvre les portes du vestiaire. «Oh, je l’ai eu du premier coup!», célèbre le joyeux luron, qui fait enfin rayonner son unique personnalité, celle d’un jeune homme tout aussi lunatique qu’attachant. 

Il revient quelques instants plus tard pour offrir une entrevue. 

«Seulement une minute!!!», crie-t-il à la blague. Il raconte ensuite à quel point il a été dominant sur les verts de Tremblant, si bien que le groupe formé de Jake Evans, Cayden Primeau, Josh Anderson et lui a joué -14.

Norlinder l’avoue lui-même : son attitude n’était pas la même, l’an passé, quand il s’est rapporté au camp des Canadiens. 

«Avant, j’étais juste tellement concentré à atteindre la LNH, explique-t-il. Oui, tu pourrais dire que je me mettais une pression malsaine sur les épaules. Cette année, je suis venu avec la mentalité de m’amuser, d’essayer d’apprécier le moment.»

Dieu sait que le jeune défenseur revient de loin. Lors de la saison 2021-2022, après s’être blessé au camp préparatoire, il est resté pris à Montréal alors que la pandémie faisait rage, avant de finalement faire ses débuts dans la LNH au mois de novembre. Norlinder a été sporadiquement utilisé par Dominique Ducharme. 

Crédit photo : Martin Chevalier / JdeM

Cette année-là, il a joué dans la LNH, dans la Ligue américaine et en Suède. Il est retourné à Laval en fin de saison pour aider le Rocket en séries éliminatoires. 

«C’était assez fou. Dans ma tête, c’est comme si ça faisait 10 ans. C’était une bonne expérience par contre. Quand je suis arrivé au camp à Montréal cette année-là, je sentais que j’avais envie d’une deuxième saison à la maison avec Frölunda», avoue Norlinder.

C’est une réalité facile à oublier, mais les Européens arrivent dépaysés en Amérique du Nord, et pas seulement parce que la glace est plus petite. Ce facteur peut ralentir le développement d’un joueur comme Norlinder, qui a connu de sérieuses difficultés la saison dernière, sa première à temps plein dans la Ligue américaine. 

«Ce n’est pas facile pour aucun Européen qui est jeune et loin de sa famille, loin de sa blonde, loin de plein de choses qui entrent en ligne de compte auxquelles les gens ne pensent pas, fait valoir l’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Jean-François Houle. Ils sont des mois à ne pas être à la maison sans voir leurs parents. Ça peut affecter la personne. 

«Dans le cas de Norlinder, il connaît tous les joueurs maintenant. Il connaît le staff. Juste connaître le monde qui t’entoure, ça, ça aide.» 

Une faiblesse criante

Tout cela pris en considération, Houle ne met pas pour autant les gants blancs lorsqu’il est question des difficultés de Norlinder l’an dernier. En travaillant avec lui, il a rapidement constaté qu’un aspect en particulier allait demander beaucoup de travail : les batailles pour la rondelle.

«Pour nous, c’était les batailles dans les coins de patinoire et en avant du filet, note Houle. Ramasser son joueur devant le filet, ne pas le perdre de vue. Tous ces petits détails-là. Dans nos entraînements, il y a beaucoup de situations de batailles à un contre un. C’était une place où il avait besoin d’une nette amélioration. Il n’allait pas au corps, il n’était pas assez physique. Il ne fermait pas l’espace.»

«Une chose qui m’a sauté aux yeux, c’est la rapidité avec laquelle les joueurs se dirigent droit au filet dans la Ligue américaine», souligne de son côté Norlinder, corroborant sans le savoir les propos de son entraîneur. 

Heureusement, Norlinder voulait apprendre. Il a passé beaucoup de temps à analyser des vidéos avec l’entraîneur adjoint responsable des défenseurs, Kelly Buchberger. 

«Il était très réceptif, mentionne Houle. Lui-même, il l’a dit. Il se cachait un peu. C’est parce qu’il n’avait pas confiance. Ce n’est pas parce qu’il était au-dessus de ses affaires. Ce que j’aime, c’est qu’il a avoué qu’il se cachait l’an passé. On espère que là, il ne se cachera pas et qu’il va montrer à tout le monde qu’il est capable de jouer.»

Houle est juste, mais ferme. Il reconnaît le travail de son poulain. Sauf que le travail ne fait que commencer.

«On est super contents pour lui qu’il ait eu un bon camp. On espère que ça va se transposer à Laval ici. Il y a aussi sa constance. Il faut qu’il ait de la constance. Il ne peut pas jouer deux bons matchs et quatre mauvais. Il faut que ce soit six matchs de suite qui sont solides», fait-il comprendre.

Quel genre de joueur sera Norlinder une fois son développement terminé? Un défenseur à vocation offensive ou un défenseur pouvant bien bouger la rondelle et récolter des points ici et là? 

«Je le vois un peu des deux, prédit Houle. Il est capable d’être offensif et de bien jouer défensivement. Je le vois comme un gars capable de “runner” le powerplay. Mais pour jouer constamment dans la Ligue nationale, il faut que tu sois bon défensivement aussi. Je pense qu’il s’est amélioré dans cet aspect. Il faut juste qu’il continue comme ça. Peut-être qu’il pourrait “runner” une deuxième vague d’avantage numérique de la Ligue nationale.»

«Je me vois comme un défenseur qui est efficace dans les deux sens et qui peut jouer en avantage numérique», confie Norlinder, qui ne veut pas être perçu comme un défenseur strictement offensif. 

Pour en finir avec les rumeurs

Avant même que Norlinder ne débarque au camp du CH, la plupart des partisans avaient démissionné sur lui. Une rumeur circulait même selon laquelle il ne se présenterait pas au camp et demeurerait en Suède. 

Cette rumeur nous venait de Grant McCagg, qui annonçait que l’association entre Norlinder et le CH était pratiquement terminée. Et elle reposait essentiellement sur le fait que Norlinder aurait pris part à un match préparatoire en Suède durant l’été : s’il avait l’intention d’aller au camp, pourquoi risquer inutilement de se blesser?

Or, ça aussi, c’était faux. 

«Honnêtement, je n’ai aucune idée ça venait d’où, se questionne Norlinder. Je m’entraînais normalement en Suède. J’ai pris part à deux entraînements avec le club de MODO, juste pour me mettre en forme. Je n’ai jamais joué un match préparatoire.»

On peut enterrer une fois pour toutes cette histoire qui n’en était pas une.