Le décès du Géant Ferré: déjà 30 ans
Les mythes et légendes entourant le Géant Ferré sont tout aussi connus que ses prouesses dans l’arène. Une de celles qui perdurent est la date de son décès. Eh bien, sachez que c’est le 28 janvier 1993 qu’André Roussimoff nous a quittés.
Alors que nous célébrons ce 30e anniversaire, une question se pose: quel est l’héritage d’André the Giant?
Revenons tout d’abord quelque peu en arrière.
À la fin décembre 1992, André est à son ranch en Caroline du Nord. Il reçoit son neveu, le fils de son frère Antoine, Boris, qui habite au Canada depuis quelque temps. Les deux passent du bon temps ensemble, alors qu’il s’agit de la première fois que Boris côtoie son oncle depuis qu’il est lui-même adulte.
« Habituellement, il partait quelques jours en Europe pour aller voir la famille pour les fêtes de Noël, se souvient Boris. Pas cette année-là. ‘J’ai eu une grosse année et je suis fatigué pour aller voir la famille’, me disait-il. Ce séjour avec lui durant la période des fêtes 92-93 à son ranch d’Ellerbe en Caroline du Nord, où il adorait être, fut incroyable. On jouait aux cartes, on allait se promener. Il avait un Ford Econoline équipé tout spécialement pour lui et on partait sur les routes en Caroline du Nord et du Sud, juste tous les deux. Il se sentait bien, heureux d’avoir un membre de sa famille présent avec lui. On riait en regardant les quiz à la télévision. Quels beaux souvenirs! »
En France pour son père
Une fois le temps des Fêtes terminé, oncle et neveu promettent de se revoir. Peu après son retour à Montréal, le 10 janvier 1993, un message attend Boris sur son répondeur : André l’informe qu’il part pour la France, car son père ne se sent pas bien et il tient à le voir.
« Lorsque j’ai écouté ce message, jamais je ne m’imaginais qu’il s’agirait du dernier message que j’écouterais de lui et que j’avais manqué cette dernière conversation avec lui », raconte Boris.
André arrive assez vite pour voir son père une dernière fois à l’hôpital. Mais celui-ci est dans un état critique et ne peut presque plus parler. Le 15 janvier 1993, il décède à l’âge de 85 ans. André décide de prolonger son séjour à Molien, sa terre natale, afin d’assister aux funérailles et d’être à la maison pour l’anniversaire de sa mère, le 24 janvier. Il veut aussi profiter de sa présence en France pour voir ses amis et sa famille. À l’enterrement de son père, en réalisant à quel point sa famille lui est importante et qu’il l’a trop peu vue, il propose à Antoine et Hortense, les parents de Boris, de venir séjourner chez lui en Caroline du Nord, à ses frais. Ce voyage n’aura malheureusement jamais lieu.
André passe son temps à faire la navette entre Paris, Ussy-sur-Marne et Molien avec son chauffeur habituel.
À Paris, il séjourne à l’hôtel de la Trémoille, un hôtel cinq étoiles reconnu pour avoir accueilli de nombreuses célébrités, au centre de Paris, tout près des Champs-Élysées. À Ussy-sur-Marne, son lieu de prédilection est le Café de la Marne. Il aime y jouer aux cartes avec son frère Jacques, son ami d’enfance Jacques Poulain et d’autres vieux copains.
La chambre 108 : son dernier repos
Le 27 janvier, il joue donc aux cartes et boit quelques bières au Café de la Marne avec son groupe d’amis. On raconte qu’il avait l’air fatigué et qu’il avait mal au dos. Jacques Poulain part vers 23 heures. André reste un peu plus longtemps avec son frère avant de quitter Ussy pour rentrer à Paris, promettant de revenir le lendemain. Comme d’habitude, il retourne à son hôtel après minuit, prend l’ascenseur jusqu’à la chambre 108 et s’endort.
Le jeudi 28 janvier au matin, son chauffeur est de retour pour venir le chercher vers 9h30. Mais André ne répond pas au téléphone. La chose est inhabituelle parce qu’André répond toujours au téléphone. Son chauffeur pense qu’il est peut-être un peu fatigué, alors il décide de le laisser se reposer un peu. Le chauffeur et le portier font une nouvelle tentative à 11h, puis à midi. Mais André ne répond toujours pas. Pendant ce temps, la mère d’André et sa belle-sœur Hortense l’attendent, puisqu’il est convenu qu’André aille déjeuner avec sa mère à midi.
Vers 15 heures, le chauffeur tente de l’appeler de nouveau.
Pas de réponse.
À peu près au même moment, Hortense appelle le chauffeur et lui demande d’aller voir dans la chambre. Sous la supervision du directeur de l’hôtel, le chauffeur et le portier montent à l’étage et frappent à la porte d’André. Toujours pas de réponse. Après quelques instants d’hésitation, ils conviennent qu’ils n’ont d’autre choix que de forcer la porte. Quand ils entrent dans la chambre, André est allongé sur le lit. Il ne respire plus. Il est déjà trop tard.
Sur une note plus personnelle, cette chambre 108, dans laquelle André y a passé ses derniers moments, était l’une des chambres que nous avions lorsque nous sommes allés filmer en France pour le documentaire sur le Géant présenté à HBO. C’est l’un des membres de l’équipe, Thom Stukas, qui l’habitait. C’était complètement le fruit du hasard. C’est en parlant avec les portiers sur place, les mêmes qui y étaient en 1993, que nous l’avions appris. C’est dans cette chambre qu’une caméra a été installée afin de filmer le coucher et le lever du soleil, séquence que nous voyons d’ailleurs dans le documentaire, lorsqu’on parle du décès d’André. C’était une expérience assez irréelle, voire ésotérique.
La date de son décès : une autre légende
Les légendes autour du géant sont nombreuses. J’ai coécrit un livre avec Bertrand Hébert dans lequel nous les passons toutes en revue. Oui, il a mesuré 7 pieds à son maximum. Non, André n’a pas arrêté d’aller à l’école parce qu’il ne rentrait pas dans l’autobus. Oui, il savait à propos de la maladie qu’il avait et qui a mis fin à ses jours de façon prématurée, et ce, depuis 1970. Non, il n’est pas parti de chez lui à 13 ou 14 ans pour revenir des années plus tard, plus grand, au point que ses parents ne le reconnaissaient pas. Bref. Je pourrais faire 10 pages là-dessus uniquement.
Mais son décès a contribué à une autre légende, celle qui est encore, aujourd’hui, très difficile à se débarrasser.
Le certificat de décès indique qu’André est décédé le 28 janvier à 18h20. Il s’agit en fait de l’heure à laquelle le médecin a pu confirmer le décès. Cependant, presque tous les fils de presse de l’époque avaient rapporté qu’André était décédé le 27 janvier, date qui fera office de date officielle jusqu’à la sortie de notre livre. Pourtant, si nous revenons aux événements de cette nuit fatidique, cela ne correspond pas aux faits.
André reste à Ussy-sur-Marne jusqu’à tard dans la soirée du 27. Selon le portier, Noël Mateos, il arrive à l’hôtel bien après minuit, entre 0h30 et 1h. C’est l’heure à laquelle André a l’habitude de rentrer depuis le début de son séjour en France. Donc ses amis et son frère l’ont vu pour la dernière fois le 27, mais son chauffeur et le personnel de l’hôtel l’ont vu dans les premières heures du 28. Bien sûr, on parle de l’heure de Paris, soit six heures plus tard que l’heure de l’Est en Amérique du Nord. Quand il est 1h du matin le 28 janvier à Paris, il est 19h le 27 janvier à Montréal.
Étant donné que le corps d’André n’est découvert que dans l’après-midi du 28 et par le temps que l’annonce de son décès soit rendue publique, il n’est quand même pas logique de fixer au 27 la date de son décès.
Là encore, l’explication réside dans la première histoire publiée à ce sujet.
Le 29 janvier, au Madison Square Garden de New York, la WWF présente un spectacle et observe un moment de silence à la mémoire d’André. La WWF est la première organisation à annoncer son décès. Le premier article publié provient de l’Associated Press, le lendemain, et il est évidemment repris par de nombreux journaux d’Amérique du Nord.
Dans l’article, une citation de Frenchy Bernard, ami d’André et l’une des deux personnes qui s’occupent de son ranch à Ellerbe, précise qu’« André a visité sa famille le mercredi, puis est retourné à sa chambre d’hôtel où il est mort ». L’article poursuit en disant que « la date exacte de sa mort n’a pas été immédiatement connue ». Puisque le mercredi est le 27 et que nulle part dans l’article il n’est mentionné qu’André a réintégré sa chambre après minuit, les gens en ont donc déduit qu’il est mort le 27. Sans avoir confirmé tous les détails, certains journalistes ont commencé à rapporter qu’André était décédé le 27, date qui est malheureusement restée par la suite.
Pour sa part, Boris apprend la nouvelle le lendemain du décès de son oncle.
« Le 29 janvier au matin, lorsque j’ai reçu l’appel de ma mère m’informant du décès d’André, je n’en croyais pas mes oreilles. Ce fut une sensation vraiment bizarre et terriblement triste, sachant que je venais de passer 10 jours incroyables », partage Boris.
Quel est l’héritage du Géant Ferré?
L’héritage d’André est, tout comme son sujet, énorme.
Sans vouloir généraliser, tout le monde se souvient de lui ou a attendu parler de lui. Ceux et celles qui l’ont vu en personne s’en souviendront toute leur vie. Ceux qui ont eu la chance d’être amis avec André Roussimoff vont en parler avec égard et respect. Ceux et celles qui ont vu lutter André the Giant ou le Géant Ferré aux quatre coins de la planète vont se souvenir de ses différents combats.
Parlant de combats, l’héritage d’André the Giant, c’est bien plus que WrestleMania III.
André the Giant a été le lutteur le plus populaire et le plus couru dans les années 1970. Il était le seul lutteur qu’on invitait en entrevue à la télévision. Il était le saltimbanque le mieux rémunéré de cette époque. Puis, sa rivalité avec Hulk Hogan à la fin des années 1980 a aussi été la pierre angulaire des événements spéciaux (PPV) de la WWF.
Après WrestleMania III, il a fait la finale du tout premier Survivor Series, alors que Team André affrontait Team Hogan. Puis, au tout premier Royal Rumble en janvier 1988, la signature du contrat pour son match revanche face à Hogan piquait tout autant la curiosité des amateurs que la bataille royale elle-même. L’événement avait été l’émission de lutte la plus écoutée de l’histoire du câble à l’époque et l’année suivante, on envoyait le Royal Rumble sur PPV.
Le 5 février 1988, sa victoire sur Hogan et la remise de la ceinture à Ted DiBiase, en direct à NBC, a attiré 33 millions de téléspectateurs, le plus gros auditoire jamais enregistré pour de la lutte professionnelle. Présentée aussi en direct à TVA, l’émission avait mieux fait que le match du Canadien du lendemain à La Soirée du Hockey. Le troisième match de la trilogie à WrestleMania IV était sans aucun doute le match le plus attendu de la carte. Et finalement, André a fait la finale du tout premier Summer Slam à l’été 1988, en équipe avec DiBiase contre Hogan et Randy Savage.
Encore aujourd’hui, on peut le voir dans la vidéo qui ouvre chaque émission de la WWE. Un trophée est remis au gagnant d’une bataille royale annuelle qui porte son nom. Et si ce n’était pas encore assez, le documentaire à HBO, diffusé 25 ans après sa mort, a été vu par plus de 10 millions de personnes. Sa biographie, autant en français qu’en anglais, est le livre sur un lutteur décédé qui a suscité le plus de ventes et le plus d’intérêt.
André the Giant et André Roussimoff: deux facettes de sa vie
Mais André the Giant était bien plus qu’un lutteur. Il était avant tout un homme.
Un homme qui était généreux, loyal, agréable, gentil. Un homme qui avait de la peine lorsque les gens riaient de lui. Un homme de peu de mots qui aurait souhaité échanger une journée de sa vie contre une de n’importe qui d’entre nous. Mais André Roussimoff aura toujours vécu dans l’ombre d’André le Géant.
Mon anecdote préférée d’André Roussimoff?
Un jour, André était avec Gino Brito au Ritz Carlton, où André séjournait à Montréal après l’achat de son ranch. Une prostituée s’est présentée au bar en pleurant à chaudes larmes. Elle avait travaillé toute la nuit, mais s’était fait voler tout son argent, 700 dollars au total. André a prélevé la même somme dans son portefeuille et la lui a donnée, sans rien demander d’autre. Une fois la fille réconfortée et repartie, André a expliqué à Brito : « À Paris, quand je débutais dans le catch et que je n’avais pas beaucoup d’argent, ces filles-là, elles m’ont sorti des tas de fois du pétrin, elles me laissaient dormir dans leurs appartements. »
C’était la façon à André de redonner, sa façon d’être généreux. C’était aussi ça André Roussimoff.
« Dans le monde de la lutte, un monde où le mot légende est donné un peu à n’importe qui, André transcende les époques et les générations pour être beaucoup plus qu’une légende, mais bien le symbole de sa discipline, un immortel qui va continuer à faire rêver les générations à venir, un personnage mythique! » explique l’auteur et historien Bertrand Hébert.
Trois décennies plus tard, plus de 50 ans après ses débuts nord-américains à l’Auditorium de Verdun, on se souvient encore du Géant Ferré. Un souvenir qui n’est pas près de s’estomper.
« Depuis son décès et l’avènement de l’internet, il n’a jamais été aussi présent et en même temps, aussi absent, conclut Boris. C’est un sentiment étrange. Je ne sais pas s’il aurait aimé ça. Il voutait être une personne comme une autre, sans différence. »
Royal Rumble ce soir : Sami ou Cody?
Belle coïncidence alors que le 30e anniversaire du décès d’André, le roi des batailles royales, tombe la journée du Royal Rumble.
Je vous donne donc mes prédictions pour ce rendez-vous annuel du mois de janvier.
Roman Reigns c. Kevin Owens
Bien qu’au Québec on aimerait bien que KO remporte le titre unifié, la réalité est qu’on va garder Roman champion jusqu’à WrestleMania. Par contre, il sera intéressant de voir comment ce match va influencer l’excellente histoire entre Owens, Zayn et le Bloodline et par le fait même, influencer ce qu’on va voir à Montréal le 18 février prochain.
Bianca Belair c. Alexa Bliss
La seule façon pour Bliss de peut-être gagner ce match est si on forme finalement et officiellement un clan autour de Bray Wyatt et que celui-ci l’aide à gagner. Mais je serais tout de même surpris. Le trésor de TVA Sports devrait conserver son titre.
Bray Wyatt c. LA Knight
Parlant de Wyatt, il va remporter son combat. La question n’est pas là. Elle réside plutôt dans le type de combat, probablement en partie ou en totalité cinématographique, que nous allons avoir avec le Mountain Dew Pitch Black match. Et aussi, allons-nous voir le retour de son frère, Bo Dallas?
Royal Rumble féminin
Seulement 12 lutteuses ont été annoncées pour le match jusqu’à présent. Rhea Ripley est mon choix. Je crois que c’est elle qui va affronter Bianca Belair à WrestleMania. Dans les autres candidates potentielles, notons Bayley, Raquel Rodriguez, Alexa Bliss (pas annoncée, mais si elle perd son match, elle pourrait être une surprise) et Asuka.
Royal Rumble masculin
Le choix du public est Sami Zayn. Le choix de la WWE devrait être Cody Rhodes. Le procès de Zayn au 30e anniversaire de Raw a été le segment le plus écouté de l’émission. Puis, le deuxième segment le plus écouté a été celui qui a débuté avec Zayn remplaçant Jimmy Uso dans le match et qui s’est terminé avec l’arrivée de l’Undertaker. C’est tout dire.
Dans les autres candidats possibles, il y a Brock Lesnar, Drew McIntyre, Sheamus, Austin Theory et Seth Rollins.
Dans les surprises, je m’attends à quelques personnes de NXT, Gigi Dollin par exemple, de même que Carmelo Hayes. Il pourrait y avoir des légendes telles que X-Pac,. Edge ou Lita, de même que des débuts comme ceux de Chelsea Green ou Dragon Lee. Et peut-être bien un retour pour Naomi. Mais le tout n’est que spéculation.