Le frère de Cole Caufield s’accroche au rêve de la LNH

Brock et Cole Caufield sont deux petits attaquants. À 5 pieds 9 pouces, Brock se veut un peu plus grand et plus vieux d’un an. Regardez leurs traits de visage et la ressemblance est frappante; on croirait presque qu’ils sont des jumeaux. 

Mais en réalité, les deux frères sont sensiblement différents. Cole est exubérant : sa personnalité rayonne dès qu’il entre dans une pièce et son énergie est contagieuse. Brock, lui, est manifestement plus réservé. Sur la glace, Cole est un franc-tireur électrisant et une vedette avec les Canadiens de Montréal; Brock, un joueur de soutien à la croisée des chemins qui s’accroche obstinément au rêve d’atteindre la Ligue nationale de hockey.

«Je veux jouer au hockey le plus longtemps possible, confie l’aîné de Cole au bout du fil, en entrevue avec le TVASports.ca. Je ne veux pas renoncer au rêve de jouer dans la LNH. J’y pense tous les jours. Je ne me vois pas lâcher prise en ce moment.» 

À 23 ans, Brock Caufield a décidé de jouer une cinquième saison avec les Badgers du Wisconsin dans la NCAA, et ce, même s’il a obtenu l’an dernier son diplôme en finances personnelles. Il s’est prévalu de l’année supplémentaire accordée par la NCAA aux joueurs dont la saison 2020-2021 a été chamboulée par la COVID-19. 

Crédit photo : Badgers du Wisconsin

Brock n’a pas le profil d’un futur joueur de la LNH. Pas du tout, même. Ses 10 buts en 31 matchs cette saison constituent un sommet personnel; il n’en avait auparavant jamais marqué plus de sept. C’est toutefois plus fort que lui : il rêve encore à la plus grande ligue et semble prêt à considérer n’importe quelle offre qui lui permettrait de garder espoir.

Qu’il soit question du Rocket de Laval ou des Americans de Rochester, peu importe…

«Je peux compter sur des conseillers qui ont mes intérêts à cœur et qui ont des contacts, mentionne Brock. Une fois ma saison terminée, je verrai ce qui s’offre à moi et je prendrai une décision.»

Le plus grand atout dans sa manche n’est pas son tir, mais bien sa fiabilité. Ce n’est rien de très sexy, mais obtenir la confiance de son entraîneur pourrait lui ouvrir des portes au niveau professionnel. 

«Je crois que je suis un joueur responsable sur les 200 pieds, affirme l’attaquant des Badgers. Je suis bon des deux côtés de la rondelle. Mon point fort, c’est ma prise de décision. Je veux qu’on puisse compter sur moi dans les situations défensives et offensives. J’essaye de développer mon côté offensif un peu plus cette saison, tout en demeurant efficace dans les autres aspects du jeu.» 

De retour sur le radar 

S’il y a une parcelle d’espoir à laquelle Brock peut s’accrocher, c’est l’invitation que les Sabres de Buffalo lui ont tendue l’été dernier. Le plus vieux des frères Caufield a effectivement pu prendre part au camp de développement de l’équipe au mois de juillet. 

Pour Brock, il s’agissait du premier signe de vie de la part d’un club de la LNH depuis belle lurette. Depuis 2019, plus précisément. Après sa saison recrue dans la NCAA, les Kings de Los Angeles l’avaient invité à leur camp de perfectionnement. 

«C’était spécial pour moi, car ça faisait quelques années que je n’avais aucune option, souligne le principal intéressé. C’était cool qu’on s’intéresse à moi. 

«Évidemment, je crois que les Sabres ont un bon coach [Don Granato est le frère de Tony Granato, l’entraîneur de Brock au Wisconsin].»

Plan B 

Brock Caufield n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Il n’a pas besoin de percer au niveau professionnel pour gagner sa vie. Avec un diplôme en poche, il mise sur un très bon plan B et il s’est trempé les pieds dans le monde de la finance lors d’un stage au sein d’une firme de gestion de patrimoine, Capital Management LLC. 

Il est toutefois impossible pour Brock d’envisager une carrière qui n’implique pas jouer au hockey. Pas avant d’avoir tout essayé. 

«Oui, tu es prêt pour la vraie vie quand le hockey est terminé, mais tu espères que ce jour ne viendra jamais, admet-il. Évidemment, je suis réaliste. Je sais que toute carrière de hockeyeur a une fin.» 

Brock, qui aime les chiffres et tout ce qui touche le secteur financier, ne peut même pas s’imaginer dans un rôle de gestionnaire au sein d’une équipe de hockey. 

«Je suis incapable de voir plus loin que jouer au hockey en ce moment. Je ne peux abandonner cette passion. C’est quelque chose que je veux dans ma vie pour le restant de mes jours.»

Cole, son meilleur ami 

Même s’il décrit son frère Cole comme «son meilleur ami», Brock n’est pas pour autant obsédé par l’idée de jouer dans la même équipe que lui s’il atteint la LNH contre vents et marées. Ils ont après tout déjà joué ensemble avec les Badgers et pendant le plus clair de leur enfance. 

«Je ne pense pas que ça a vraiment effleuré notre esprit depuis qu’il a fini son parcours universitaire, avoue Brock. Je n’y pense pas autant que je pense à la possibilité de jouer au plus haut niveau un jour.»

Pratiquement toutes leurs expériences au cours de leur enfance, les deux frères les ont vécues ensemble. Ils ont lancé un nombre incalculable de rondelles. Brock se doute bien de ce que traverse présentement son frère, qui se remet d’une opération à une épaule et ne peut toucher à ses bâtons durant sa convalescence. 

«Ça doit le rendre fou, reconnaît Brock. C’est contre nature pour lui. Mais il est dans de bonnes dispositions en ce moment. Je lui parle chaque jour. Il met tout en œuvre pour revenir le plus rapidement possible et parfois, c’est juste accepter de se reposer. Il a déjà hâte à la prochaine saison, ça c’est sûr.»

C’est lorsque Cole a commencé à être dominant au sein du programme américain de développement que Brock a compris que son frère allait devenir un joueur spécial. Un joueur, ultimement, au style bien différent du sien. 

Une différence perceptible à l’extérieur de la patinoire, où Cole est aussi plus flamboyant. Et ça convient à Brock. 

«Je suis un peu plus solitaire. Nous sommes frères, nous avons beaucoup de choses en commun, mais nos personnalités sont différentes. Il n’y a rien de mal à ça. Nous sommes attachés l’un à l’autre et nous apprécions nos différences.»