Le grand patron du CH Jeff Gorton se dévoile – TVA Sports

Jeff Gorton pouvait se promener incognito à New York lorsqu’il était avec les Rangers. À Montréal, il a compris que c’était complètement différent. Le vice-président du Canadien s’est confié sur sa nouvelle vie à Montréal et son difficile apprentissage du français. 

« Je retiens bien les mots et leur signification, mais il m’est difficile de construire des phrases », m’a-t-il raconté lors d’une longue entrevue cette semaine. 

Il ne se décourage pas, toutefois.

Depuis un an, une professeure lui donne des cours sur une base hebdomadaire.

« Si vous me donnez un paragraphe à lire, j’en comprends la teneur dans une proportion de 80 % », indique celui qui fêtera ses deux ans comme patron hockey de l’équipe en fin novembre. 

« Mais si je suis avec des gens et qu’ils parlent vite, je ne suis pas capable de suivre la conversation. Mon cerveau pense en anglais. »

C’est la plus grande difficulté chez les gens qui apprennent une nouvelle langue. Il faut penser avec celle dans laquelle la conversation se déroule.

Ça vient avec le temps, l’enseignement et de l’entraînement.

« Ma professeure me parle très lentement de sorte que j’arrive à saisir ce qu’elle dit, continue Gorton.

« Mais quand je suis en public et que ça parle vite, j’ai des difficultés à suivre. »

Il ne faut donc pas s’attendre à voir Gorton accorder des entrevues en français de sitôt, mais bon.

Donnons-lui la chance et on verra. 

Fini l’anonymat

Crédit photo : Photo d’archives, Agence QMI (Joël Lemay)

C’est en habitant une ville qu’on apprend à la connaître vraiment, constate Jeff Gorton après près de deux ans passés à Montréal.

« Je pensais en savoir beaucoup sur Montréal avant ma venue ici, mais aujourd’hui, je sens que ce n’était pas le cas », affirme-t-il.

Comme il ne faut qu’environ 75 minutes en avion aux équipes de la côte est américaine pour atteindre Montréal, elles débarquent généralement en ville en fin d’après-midi les veilles des matchs.

Joueurs et dirigeants vont chacun de leur côté dans des restaurants, puis ils rentrent à l’hôtel. Cela laisse peu de temps pour faire du tourisme et en apprendre sur la mentalité et les habitudes des gens.

« Je comprends mieux aujourd’hui ce que le Canadien représente pour Montréal », est en mesure de dire Gorton. 

En famille francophone à Verdun

Dans sa tendre jeunesse, le gardien de but qu’était Gorton a pris part avec son équipe de hockey à un programme d’échange avec une organisation sportive de Verdun. 

Il a vécu dans une famille unilingue francophone quand son équipe est venue ici, tandis que les jeunes Verdunois ont séjourné dans des familles unilingues anglophones quand leur tour est venu d’aller à Boston.

Plus tard, Gorton a fait un voyage de ski avec son collège au Mont-Sainte-Anne.

Plus reconnu qu’à New York

Depuis son arrivée chez le Canadien, Gorton réside au centre-ville, tout comme Martin St-Louis, avec qui il va souvent manger. Si son entraîneur n’a pas besoin de présentation à Montréal, les amateurs ont vite appris à reconnaître le vice-président aux opérations hockey.

« L’autre soir, Martin et moi sortions d’un restaurant dans le Griffintown où c’était sombre à l’extérieur, raconte Gorton.

« En nous apercevant, des gars ont crié nos noms », ajoute-t-il avec un air amusé.

C’est différent de New York, où les membres des Rangers peuvent se promener dans un relatif anonymat dans Manhattan. Guy Lafleur avait bien apprécié pendant son séjour d’un an dans l’uniforme des Rangers.

« Là-bas, avec trois ou quatre équipes en ville [Yankees, Mets, Knicks et Rangers, sans oublier les Giants et les Jets qui jouent au New Jersey], les amateurs sont portés surtout sur le baseball, le football et le basketball.

« De plus, vous pouvez croiser quantité d’acteurs et d’actrices en ville. » 

Au diable le golf !

Crédit photo : Photo d’archives, Martin Chevalier

Dans ses temps libres, Gorton joue occasionnellement au golf.

« Les gars [ses collègues de travail] jouent tous, mais pour ma part, je fréquente moins les clubs qu’autrefois, indique-t-il.

« L’explication vient du fait que je suis moins bon que je l’ai été et que ça me rend amer. C’est démoralisant de se sentir aussi mal alors que l’on jouait aussi bien autrefois. C’est frustrant. »

Ses loisirs préférés sont donc les voyages en famille, la lecture, le cinéma et la musique.

Tom Hanks est son acteur préféré.

« Il est bon dans tous ses rôles, peu importe le type de personnage qu’il est appelé à jouer, fait-il remarquer.

« Dire qu’il a commencé sa carrière en jouant des petits rôles dans des sitcoms. » 

Adepte de country

En ce qui a trait à la musique, Gorton écoute beaucoup de country depuis un certain temps.

« Mes garçons sont des adeptes depuis longtemps, fait-il savoir.

« Je passe tellement de temps avec eux l’été que j’en suis venu à développer un goût pour cette musique. Je suis allé voir Morgan Wallen lors de son passage à Montréal dernièrement. Il était très bon.

« Mais j’ai des goûts variés. Je raffole du groupe Coldplay et de Billy Joel aussi. »

Martin St-Louis est devenu lui aussi un adepte de country. C’est ce qu’il a confié à Paul Arcand, cette semaine, lors de son passage à l’émission Puisqu’il faut se lever.

À quand un duo Gorton–St-Louis en karaoké ? 

Sérieux ? Pas toujours !

Quand on demande à Jeff Gorton de faire son autoportrait, il réagit comme toute personne interrogée à cet effet. 

« Vous devriez le demander aux gens qui me connaissent le mieux », dit-il.

Mais il ne se fait pas prier pour jouer le jeu.

« Les gens seront surpris d’apprendre que j’ai le sens de l’humour et que j’aime bien m’amuser, continue-t-il.

« On a tendance à croire que j’ai un tempérament sérieux. Mais je blague beaucoup avec ma famille. Je fais des farces à leur sujet et ils me le rendent bien. »

Deux hockeyeurs dans la famille

Sa famille, c’est son épouse, Cyndi, son fils aîné, Jack, recrue des Terriers de l’Université de Boston, et Sam, le cadet qui en est à sa dernière année à l’école secondaire. Il porte les couleurs des Rangers de Forest Lake, qui font partie d’un circuit scolaire en banlieue de New York.

Gorton recrée cette atmosphère au bureau dans le but de maintenir un environnement de travail familial.

« Mon boulot me passionne énormément », reprend-il.

« J’adore ma famille, le Canadien de Montréal, mes amis et le hockey. Je n’ai pas vraiment le sentiment de travailler. J’ai du plaisir chaque jour. 

« Je sais qu’il y a beaucoup de pression quand on bâtit une équipe dans un marché comme celui de Montréal, mais j’adore ça. »

Deux alliés de taille

Crédit photo : Photo d’archives, Pierre-Paul Poulin

Gorton s’estime bien entouré à cet égard avec Kent Hughes et Martin St-Louis.

« Ils sont capables de gérer la pression, ils sont ouverts à ça et ils veulent être ici », souligne Gorton.

Les trois passent beaucoup de temps ensemble, puisque leurs conjointes s’occupent des plus jeunes de leurs enfants qui sont encore à la maison. »

L’an prochain, l’épouse de Gorton viendra le rejoindre à Montréal, alors que leur fils cadet commencera ses études au collège.

« Le hockey prend beaucoup de mon temps », enchaîne Gorton.

« C’est comme si on travaillait 24 heures par jour, sept jours par semaine, 12 mois par année. Il faut trouver le moyen de s’évader à un moment donné.

« L’été venu, nous passons beaucoup de temps en famille. Je suis mon épouse et nos enfants dans tout ce qu’ils désirent faire. »

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que dans sa jeunesse, Gorton était partisan des Bruins, des Red Sox et des Patriots.

« Quand tu viens de Boston, tu es bien malvenu de favoriser des équipes de l’extérieur », dit-il.

Les amateurs québécois qui vont voir le Canadien à Boston en savent quelque chose !