L’heure des choix

Les Canadiens ne connaissent certainement pas la fin de saison qu’ils auraient souhaitée. C’est la débandade totale depuis deux semaines. 

Lorsqu’il est question de reconstruction, un mot qui devient très important, c’est patience. Autant les entraîneurs que les dirigeants et les partisans doivent s’armer de patience. C’est à mon avis le plus grand défi que doit faire face l’organisation.

J’en conviens, ce n’est pas toujours facile d’être patient. Après tout, le sport professionnel est une «business» de performance. Les victoires font foi de tout. 

Les partisans comprennent cependant que le CH est en plein processus de reconstruction et que ça prendra un certain temps avant de voir des résultats concrets.

En tant que jeune entraîneur, Martin St-Louis peut se permettre d’être patient. Mais honnêtement, je ne voudrais pas être dans ses souliers! Je ne sais pas si j’aurais la patience nécessaire. Ça prend des individus particuliers pour accepter ça, et St-Louis entre dans cette catégorie.

Dans les circonstances, je trouve qu’il accomplit un travail remarquable. Comme les joueurs, il s’améliorera avec les années. Je parle par expérience. Je n’étais pas le même entraîneur à mon deuxième séjour à Montréal qu’à mes débuts dans la LNH à Pittsburgh à 38 ans. Je pense humblement être devenu meilleur au fil des ans. 

Par contre, contrairement à St-Louis, la patience n’a jamais fait partie de mes priorités! J’ai toujours cherché à obtenir rapidement des résultats. C’est ce qui te permet de survivre dans le monde du hockey et de gagner ta vie. St-Louis est un cas à part. 

Sa patience est mise à rude épreuve en cette fin de saison. Même si celle-ci le déçoit assurément, il doit garder en tête qu’il ne peut pas faire de miracles avec toutes les blessures qui affectent son équipe. 

Un mal pour un bien 

Cette situation extrême a chambardé le plan de développement. Mais au moins elle nous aura permis de découvrir plusieurs joueurs que nous n’aurions autrement pas eu la chance de voir à l’œuvre avec le grand club.

Rafaël Harvey-Pinard en est le meilleur exemple. Il a profité des nombreuses blessures pour envoyer le message à la direction qu’il doit maintenant être considéré comme un joueur de la LNH. Il devra le démontrer de nouveau au camp d’entraînement, mais je ne suis pas du tout inquiet pour lui. Il y arrivera dans de bonnes dispositions, j’en suis convaincu. 

On a aussi assisté à l’émergence de Samuel Montembeault. Il a su faire effacer les points d’interrogation à son endroit. 

Alex Belzile a également fait parler de lui pour les bonnes raisons. 

Mike Matheson est un autre Québécois que j’ai grandement apprécié cette année. Il a élevé son jeu d’un cran à Montréal. On remarque qu’il a gagné en confiance et fait preuve de leadership auprès de ses nouveaux coéquipiers.

Kaiden Guhle a aussi fait une bonne première impression. Avant de se blesser, il a démontré qu’il peut être une valeur sûre à la défense. 

Arber Xhekaj est une autre belle révélation de la saison. C’est vraiment une histoire digne d’un scénario de Hollywood.  

C’est important de pouvoir compter sur des joueurs de caractère comme lui qui imposent leur présence chaque fois qu’ils embarquent sur la patinoire. En plus, Xhekaj est visiblement heureux et fier de porter le chandail du CH. 

On avait de la misère à épeler son nom correctement au camp d’entraînement, mais plus maintenant! 

Il ne faudrait pas oublier le jeune Juraj Slafkovsky. Même si sa première saison professionnelle n’a pas été facile, rappelons-nous qu’il n’a que 18 ans. Revenons au mot d’ordre : patience. 

Beaucoup de gens ont remis en question la décision de le garder dans la LNH. Seul le temps nous donnera la réponse. Nous aurons une meilleure idée du repêchage de 2022 seulement dans 4-5 ans. 

Un été encore chargé 

C’est maintenant l’heure des choix pour les dirigeants des Canadiens. Kent Hughes et Jeff Gorton doivent décider quels joueurs méritent de rester et lesquels doivent partir. Pour ce faire, ils se fieront sur les rapports d’évaluation que produira St-Louis. 

Les trois hommes doivent regarder la progression de tous les joueurs, les jeunes comme les vétérans, et identifier ceux qui permettront à l’équipe d’avancer et ceux qui peuvent être tassés. 

C’est donc un autre gros été qui s’annonce, ce qui est tout à fait normal pour un club en reconstruction. 

Si Hughes est capable d’aller chercher un autre joueur comme Kirby Dach pendant le week-end du repêchage, ça aiderait à accélérer la reconstruction. Dach a grandi beaucoup cette saison. Il n’était plus le même joueur qu’au camp au moment de se blesser. Je trouve qu’on a bien géré son développement.

Ce serait encore mieux si Hughes réussissait à mettre la main sur Pierre-Luc Dubois, qui a exprimé depuis longtemps son souhait de jouer dans le marché montréalais. Il ferait énormément avancer le processus.

Bravo aux Bruins!  

Par ailleurs, je veux souligner l’exploit des Bruins, qui ont battu le vieux record des Canadiens de 1976-1977 avec une saison de 133 points. Ils pourraient même terminer avec 135 points s’ils l’emportent à Montréal jeudi soir. Faut le faire! Wow!  

Avant le début de la saison, de nombreux observateurs pensaient que les Bruins n’allaient même pas participer aux séries éliminatoires, mais ils ont fait mentir leurs détracteurs de façon impressionnante. C’est exceptionnel ce qu’ils ont accompli.

Vu de l’extérieur, on sent que les joueurs se sont ralliés derrière Patrice Bergeron, qui en est peut-être à sa dernière année. Sans être chauvin, Bergeron s’avère un des grands leaders de la LNH. La chimie dans cette équipe est évidente. 

Une partie du crédit revient aussi à Jim Montgomery. Il n’y a aucun doute dans mon esprit que le Montréalais gagnera le trophée Jack-Adams pour son fantastique travail.

Les Bruins ont été clairvoyants en offrant une deuxième chance à Montgomery, qui a remis de l’ordre dans sa vie après un parcours parsemé d’embûches. On doit tous être fiers de lui. 

En terminant, je voudrais féliciter Joël Teasdale, qui a joué son premier match dans la LNH, mercredi. C’est une belle récompense pour sa persévérance.  

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