Marie-Pier Houle en a vu d’autres

Les preneurs aux livres sont très pessimistes quant à la possibilité de voir Marie-Pier Houle devenir championne du monde, le 22 avril, au Pays de Galles. Après deux années en montagnes russes, la principale intéressée est très confortable à l’idée de défier les pronostics.

Depuis 2021, Houle (8-0-1, 2 K.-O.) a surmonté la mort tragique de son adversaire Jeanette Zacarias Zapata et a remporté quatre autres combats.

Un peu à la surprise générale, voilà que la fierté du Cap-de-la-Madeleine pourrait mettre la main sur la ceinture des mi-moyennes de la WBO. Sur son chemin, la Britannique Sandy Ryan (5-1-0, 2 K.-O.) a sept fois plus de chances de l’emporter, selon Las Vegas.

La boxeuse représentée par le Groupe Yvon Michel devra livrer une performance irréprochable pour convaincre les juges en territoire ennemi, ou encore passer le K.-O. à sa rivale. L’expérience de la Québécoise lui permet de voir l’adversité comme une source de motivation.

«Je n’ai pas vécu tout ce que j’ai vécu dans les dernières années pour que ça ne se termine pas comme je voudrais, a-t-elle estimé lors d’un entraînement médiatique à Montréal, jeudi. Je n’en suis pas à mon premier rodéo. J’ai eu des moments vraiment difficiles, j’ai eu des moments où le monde me détestait et me traitait de tous les noms.

«Je suis prête à aller au Pays de Galles. Ils me traiteront de ce qu’ils veulent, je m’en fous. J’en ai entendu d’autres. C’est mon moment de briller pour l’aboutissement de ces deux années-là.»  

Notre chroniqueur Russ Anber a soutenu à l’émission JiC, jeudi à TVA Sports, qu’une victoire est à la portée d’Houle. Voyez sa chronique dans la vidéo ci-dessus.

Une adversaire émotive

Malgré la lourde charge émotive qui accompagne un combat de championnat du monde, Houle et son entraîneur, l’ex-boxeur Sébastien Gauthier, ont œuvré dans la bonne humeur pendant le camp d’entraînement.

Ryan, qu’elle qualifie comme une boxeuse «ayant les mains lourdes, mais qui n’a pas un énorme volume», perdra justement le combat en raison de ses lacunes psychologiques, selon Gauthier.

«Elle n’est pas capable de s’ajuster pendant un combat, elle est trop émotive, a-t-il dit au sujet de celle qui a perdu 19 de ses 70 combats amateurs. On s’attend à ce qu’il y ait une petite panique qui s’installe. Je pense qu’on va beaucoup la déstabiliser.»

La boxe féminine québécoise s’est rangée derrière Houle en vue de ce combat, qui aura lieu au Cardiff International Arena. Elle a ponctué sa préparation de séances de «sparring» avec des athlètes aguerries comme Sara Kali, Jessica Camara et même la protégée d’Eye of the Tiger Management Mary Spencer.

«Les filles étaient super optimistes et étaient vraiment contentes pour moi quand on leur a annoncé qu’on avait ce combat entre les mains, a raconté Houle. J’ai eu la chance de m’entraîner avec plein de filles, de plein de styles différents, mais surtout des grandes filles. C’est ce qu’on voulait, parce qu’on sait que Sandy Ryan est un peu plus grande.»

De quoi préparer Houle à toute éventualité en vue du jour J, qu’elle n’associe néanmoins pas avec le mot «stress».

«Je sais que c’est un gros amphithéâtre et un gros défi. Mais c’est un combat de boxe. Je ne m’en vais pas jouer au bowling, même si je suis très bonne», a-t-elle conclu, le sourire aux lèvres.