Mikaël Kingsbury: pas de victoire sans échec – TVA Sports

Le triomphe de Mikaël Kingsbury aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018 n’aurait pas pu se produire sans une terrible désillusion. 

Médaillé d’argent en 2014 à Sotchi, l’objectif pour le natif de Sainte-Agathe-des-Monts était clair, surtout qu’il avait parfaitement entamé la saison précédant les Jeux en Corée du Sud. Il a récolté neuf victoires, dont sept d’affilée, mais les choses ont déraillé à la toute fin, sur les pistes de Sierra Nevada, en Espagne. Il n’a pas pu faire mieux qu’une médaille de bronze à l’épreuve des bosses, avant de terminer 13e en parallèle.

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La déception était immense et cette contre-performance en a inquiété plus d’uns parmi les spécialistes et les partisans. Pourtant, c’est peut-être la meilleure chose qui ait pu arriver au «Roi des bosses», si l’on s’en tient aux propos de Jean-François Ménard, le préparateur mental du Québécois.

«Je m’en souviens très bien, les médias en ont fait un grand plat, a déclaré l’auteur des best-sellers “L’olympien au bureau” et “Chimie d’équipe” en entrevue avec l’Agence QMI cette semaine. Toute son équipe d’entraîneurs et moi, on ne lui souhaite jamais cela, mais nous étions quasiment contents que ça arrive. C’était justement un moment où on a eu tellement d’apprentissage. Même Mikaël, dans les médias et dans ses conférences, il parle de cette expérience-là, que ça lui prenait quasiment cela pour gagner les Jeux olympiques par la suite.»

La suite de l’histoire, nous la connaissons tous: Kingsbury est allé chercher la médaille d’or olympique quelques mois plus tard. Il a toujours eu le dernier mot en Championnat du monde, en plus d’obtenir deux médailles d’argent à Pékin, en Chine, lors des Jeux olympiques tenus en février 2022.

L’utilité de la défaite

Sur un spectre plus large, Ménard a rappelé à quel point l’échec était primordial pour atteindre les objectifs que l’on se fixe.

«Peu importe le résultat, il y a toujours quelque chose dont on peut apprendre. Je dirai même que dans les défaites, c’est là où l’on retire le plus de leçons parce que ça fait mal. Les athlètes de pointe ont des gros égos, ils n’aiment pas perdre, et c’est souvent dans les défaites où l’on se pose beaucoup de questions, dans le but de ne pas revivre ça. Je suis un grand croyant qu’il faut perdre», a-t-il conclu.

Voici des mots inspirants pour les plus jeunes d’entre nous.

Sport et santé mentale: s’amuser avant tout

Parmi les 18,3 % des Canadiens de 15 ans et plus qui répondaient aux critères d’un trouble de l’humeur, d’un trouble d’anxiété ou d’un trouble lié à l’utilisation d’une substance, seuls 48,8 % ont déclaré en avoir parlé à un professionnel de la santé selon une étude de Statistique Canada publiée le 22 septembre dernier.

La problématique est la même dans le monde du sport selon le préparateur mental Jean-François Ménard, qui s’est entretenu avec l’Agence QMI dans le cadre de la Journée mondiale de la santé mentale de mardi dernier.

«La première chose, c’est qu’il faut en parler, a déclaré le conférencier. C’est encore, à ce jour, un sujet sur lequel les gens sont mal à l’aise d’aborder […] C’est clair qu’il y a des enjeux de santé mentale dans le monde du sport […] Il faut absolument le normaliser, et peu importe si ce sont les athlètes, entraîneurs ou les gestionnaires du sport, ça fait partie de la déduction quotidienne. Il faut enlever l’inconfort d’en parler.»

Ménard a d’ailleurs travaillé avec Marie-Eve Dicaire et Mikaël Kingsbury.

«On comprend en tant qu’entraîneur en préparation mentale qu’il y a des enjeux en santé mentale qu’on doit considérer de plus en plus», a poursuivi l’auteur des best-sellers «L’olympien au bureau» et «Chimie d’équipe».

La pratique d’une activité sportive de haut niveau apporte forcément son lot de stress. L’anxiété de performance est d’ailleurs courante chez les sportifs, mais une partie importante de cette angoisse est provoquée par l’athlète lui-même.

«Nous sommes coupables à titre d’athlètes pour la majorité de l’anxiété que nous vivons. Les mots qu’on utilise pour expliquer une situation […] sont très menaçants. On se dit: “D’accord, le week-end qui arrive, je veux performer et j’ai hâte d’être défié”, pour voir ça comme une occasion de mettre en évidence tout ce que l’on a pratiqué pendant l’entraînement. […] On parle de la même compétition et des mêmes athlètes, mais le langage interne est complètement différent.»

L’importance de l’entourage

Les jeunes sont également en proie à ces inquiétudes. Le rôle des parents est donc primordial dans l’épanouissement de leurs enfants.

«On explique aux parents que le sport est un jeu, a-t-il dit. On ne travaille pas un sport. Jouer, c’est synonyme de s’amuser, se divertir. Les parents ont un rôle extrêmement important d’appuyer nos athlètes; on ne doit pas les forcer ou les obliger à faire quelque chose. Il faut les encadrer, les appuyer.»

Les entraîneurs, quant à eux, portent également une grosse responsabilité dans l’évolution des jeunes adolescents, que cela soit dans la vie ou sur le terrain.

«Il faut qu’ils se souviennent de leur rôle. Ils auront un impact majeur dans la carrière et la vie en général d’un athlète. À l’âge de 13, 14, 15 ou 16 ans, on vit beaucoup de changements psychologiques et physiologiques. Le rôle d’un entraîneur, et ils l’oublient parfois, est énorme», a conclu Ménard.