Mito Pereira : se relever après la déconfiture – TVA Sports
C’est le meilleur résultat du Chilien sur la LIV. -10. Troisième position en solo. C’est remarquable. Mais Mito aurait pu soulever le trophée et repartir avec le gros chèque. La nervosité s’est imposée vite en début de ronde finale. Je ne peux m’empêcher, quand je vois Mito Pereira, de voir sa balle à l’eau au 18e trou du Championnat de la PGA en 2022. Je vois automatiquement Mito s’exclure lui-même d’une victoire d’un tournoi majeur. Ces images-là résonnent longtemps, j’imagine.
Le cerveau humain est mal fait. Oui, on se souvient des grands moments, mais on garde aussi en mémoire les moments ou des gens trébuchent, ou des gens l’échappent. On aime se réconforter j’imagine. On aime se rappeler que les supers athlètes sont aussi humains. On aime le drame. Les athlètes eux, ils détestent. Mito l’a dit en entrevue: son coup de départ au 18e à Southern Hills, son mauvais swing, coupé, bas… il l’a revu dans sa tête des milliers de fois.
Cette scène l’a hanté pendant 6-7 mois. Imaginez. Personnellement, je peux ruminer quelques jours un coup roulé raté pour un aigle ou un birdie dans une ronde pour le plaisir et je suis le plus amateur des amateurs. Je n’ose même pas imaginer pour l’élite mondiale, pour les meilleurs des meilleurs. La fausse balle en fin de 9e, le poteau en prolongation, le botté raté en fin de match. Cette chaleur qui t’habite l’estomac quand tu rates. Quand tu passes à coté.
Quand nous nous sommes installés en studio Steve et moi pour la ronde finale dimanche matin, Mito était au top, au sommet du classement. C’était mon choix. Je disais à Steve: pour conjurer le sort, c’est maintenant. Pereira doit passer par-dessus, il doit gagner. Pour lui, Pour qu’on oublie.
Bogey.
Bogey.
+2 en deux trous. Ça pince. Ce qui saute au yeux tout de suite : son élan. Nerveux, court, coupé. Hommage à son élan au 18e à Southern Hills un an avant. Oh non. Pereira va s’enfoncer. Il aura fallu attendre le 10e trou pour que sa balle trouve l’allée. Dix trous. À gauche, à droite. Partout sauf dans le milieu. Alors que tu te bats, tu te bats pour oublier. Tu te bats pour passer à autre chose. Tu te bats pour qu’on oublie et qu’on se souvienne de toi avec un gros trophée dans les mains.
Une victoire en tournoi majeur vs une victoire sur la LIV, ça n’a rien à voir. C’est deux choses complètement différentes. Mais dans ton cœur d’athlète, c’est pareil. Tu veux gagner. Tu veux juste gagner. Toujours.
Mito peut se consoler. La chaîne n’est pas débarquée trop longtemps. Il s’est battu. Fort. Mais pas assez. Pas de trophée individuel, mais la plus haute marche du podium pour la jeune brigade des Torque. C’est déjà ça. Il reviendra, fort. Mito gagnera, assurément.
28 ans. La vie devant lui.
La discussion dans les corridors de la station en quittant les bureaux de TVA Sports, entre Steve et moi: l’entourage. Ce n’est même plus une question d’élan, de «course management». Ça se passe en haut. Ça se passe dans la caboche.
Il y a une expression dans le sport qui dit: «il faut bâtir là-dessus». Là, Mito doit bâtir un village complet sur ce qu’il a fait en ronde finale. Il doit se remémorer comment il se sentait au dessus de la balle au 13e quand il l’a envoyée au fond de la coupe pour un aigle improbable. Il doit se rappeler de cet état à chaque coup, toujours.
Une troisième position, après avoir amorcé la ronde finale au sommet du tableau: le scénario se répète, mais l’intrigue est différente.
Mon seul questionnement: qui conseille Mito? Qui est son mentor? Piot a Phil. HVIII a Bubba. Les Majesticks, c’est la ligue du vieux poêle du golf pro. Ne manquerait-il pas un vétéran dans l’entourage des Torque, pour calmer le jeu, les ardeurs? Quatre «kids» dans la vingtaine à qui on remet des millions de dollars et qu’on lâche lousse dans notre 2023 un peu «différent» des années précédentes… Est-ce de bon augure? Le temps nous le dira!
Bravo à HVIII. Après une mauvaise deuxième ronde, il à été ultra solide en parcours final. Il a surtout été très «lousse». Très HVIII. C’est une victoire pleinement méritée pour un gars qui représente bien ce que la LIV veut dégager comme image. Une troisième pour les Range Goats cette saison.
US Open les amis
Trois des cinq derniers US Open ont été remportés par des golfeurs de la LIV. Brooks Koepka (2017, 2018) et Bryson Dechambeau (2020).
Ils sont 12. Onze à avoir obtenu des exemptions alors que la planète golf avait un système de points qui voulait dire quelque chose et Sergio Garcia qui est entré par le chemin de gravelle, soit les qualifications régionales. Comme les 10 000+ qui se sont essayés, Garcia est passé par le chemin le plus ardu et il a prouvé pourquoi il fait partie des meilleurs de l’histoire. Encore.
Comme si Martin Matte allait jouer son numéro de gala dans une soirée d’humour dans une salle communautaire de La Pocatière.
C’est honorable.
Ce qu’on surveille? Brooks qui va se qualifier pour la Ryder Cup seulement par les points dans les majeurs. Accomplissement majestueux et immense.
Bryson qui retrouve son jeu lentement, mais sûrement. Si le bois no 1 peut fonctionner, il a une chance.
Et en terminant. On surveille les meilleurs contre les meilleurs, comme ça devrait toujours l’être dans les tournois majeurs. Toujours.
Rahm, Scheffler, Koepka, Finau, JT, Jordan, Rory, Cameron Smith, Phil, etc. Quatre fois par année, les meilleurs, ensemble. Pour toujours.
Et ne tweetez pas mon texte à Brandel Chamblee. Il m’a bloqué de Twitter. Ce sera en vain. Il aime mieux «s’auto congratuler» dans sa chambre d’écho personnelle ou seule sa voix résonne avec sur les murs garnis de photos de son idole, lui-même.
Bon US Open tout le monde!
Direction Valderrama, fin juin!