NFL: la foule la plus hostile

C’est arrivé en 1968, mais l’événement fait encore partie du folklore de Philadelphie. Les bouillants partisans des Eagles ne s’en prenaient à nul autre qu’au père Noël en le huant et en lui lançant des boules de neige. L’anecdote qui perdure démontre à quel point les supporteurs des Eagles sont uniques pour rendre la vie infernale à leurs visiteurs.

Difficile d’imaginer à quel point les 69 000 spectateurs au Lincoln Financial Field seront bruyants demain lorsque viendra le temps de soutenir leurs Eagles et de réserver leur accueil typique aux 49ers, en finale de la conférence nationale.

Chose certaine, la réputation de durs à cuire des partisans des Eagles dépasse largement Philadelphie. Au point où hier, lors du point de presse de l’entraîneur-chef Nick Sirianni, un journaliste venu de l’Allemagne l’a abordé sur les mauvais traitements réservés aux équipes adverses… et à ce cher père Noël !

«Ce n’est pas pour rien qu’on en parle encore !» a répondu le pilote délecté.

«Notre foule nous inspire et elle rend la vie difficile aux autres équipes. Les partisans peuvent être très hostiles. Je suis déjà venu ici avant dans le personnel d’entraîneurs d’autres équipes et je sais à quel point c’est intimidant.

«Comme joueurs et entraîneurs, nous sommes obligés de traiter ce match comme n’importe quel autre. Les fans, eux, ne sont pas comme ça. Ils vont être surexcités à cause de l’enjeu et je les incite à l’être. Ce sera toute une atmosphère !», a-t-il ajouté, avec un sourire machiavélique.

Une réputation unique

Le week-end dernier, lorsque les Giants étaient de passage à Philadelphie, le New York Post a évoqué sur sa page frontispice des sports le stade des Eagles comme étant «la maison des horreurs».

Il y a quelques années, un sondage du magazine GQ statuait que les partisans de Philadelphie étaient les «pires du sport».

Aux aguets

Cette semaine, le receveur des 49ers Deebo Samuel a laissé entendre que la foule de Philadelphie ne serait pas plus bruyante que les supporteurs des 49ers.

L’as bloqueur des 49ers, Trent Williams, a maintes fois eu sa dose au cours de son illustre carrière et a amené un autre son de cloche.

Celui qui a passé ses neuf premières saisons à Washington a vécu l’incomparable bonheur de visiter le «Linc» à neuf reprises à titre d’ancien rival de division.

«Cet endroit, c’est beaucoup plus que le bruit. Philly, c’est un marché où les fans font vraiment une différence. Ils ont le don de nous jouer dans la tête. Ils nous crient après et n’arrêtent jamais. Dès que tu entres dans le stade, ils s’assurent de te faire sentir que tu n’es pas le bienvenu», a-t-il décrit.

Les temps ont changé

N’empêche que même si l’ambiance au Lincoln Financial Field est survoltée, l’image des partisans n’est plus celle de l’époque déchaînée du défunt Veterans Stadium.

Dans un match en novembre 1997, ironiquement face aux 49ers, de nombreuses batailles avaient éclaté entre les partisans des deux équipes.

La direction des Eagles avait choisi d’attaquer ce problème récurrent en installant une prison et une véritable Cour de justice pour les malfrats, à même les catacombes du vieux stade. Le juge Seamus P. McCaffrey, qui présidait les audiences de la «Cour des Eagles», était devenu une véritable célébrité à Philadelphie.

Cette époque est révolue, mais l’énergie sera à son comble, comme lors de la dernière finale sur place, en janvier 2018.

«C’était tellement électrique ! Je n’avais jamais vécu une expérience aussi intimidante», s’est remémoré le coordonnateur défensif des Eagles, Jonathan Gannon, qui faisait partie il y a cinq ans des Vikings, écrasés lors de cette journée fatidique.

Dans la ville de l’amour fraternel

Partis, mais pas oubliés

Plusieurs s’amusent à dire que la NFL signifie «Not for Long» (pas pour longtemps). On a tendance à leur donner raison lorsque l’on marche aux abords du stade des Eagles, le Lincoln Financial Field, et que l’on aperçoit une statue du quart-arrière Nick Foles et de l’entraîneur-chef Doug Pederson. Les deux ont marqué Philadelphie à jamais au Super Bowl 52, et la statue immortalise le moment où ils ont discuté du désormais célèbre jeu truqué «Philly Special». Cinq ans plus tard, Foles est parti et est devenu un réserviste qui n’a jamais rien gagné ailleurs. Pederson dirige maintenant les Jaguars. Disparus de la scène sportive de Philly, mais jamais oubliés !

Le quartier des sports

À quelques kilomètres au sud du centre-ville de Philadelphie, les férus de sport ont tout à disposition dans le secteur du Sports Complex. À côté du stade des Eagles se trouvent le Wells Fargo Arena, qui loge les Flyers et les 76ers, ainsi que le Citizens Bank Park des Phillies. L’aréna est le doyen des lieux, lui qui a ouvert en 1996, tandis que les Eagles (2003) et les Phillies (2004) ont suivi. La ville de Philadelphie estime que ce terrain de jeu des amateurs de sports reçoit environ 7 millions de visiteurs par an, dans le cadre de quelque 380 événements. En janvier, seulement neuf jours sont inoccupés et il arrive que des journées soient remplies par deux événements. C’est le cas demain, avec le basketball de l’Université Villanova à l’aréna à midi et les Eagles au «Linc» à 15 h.

Les fameux Philly Cheesesteaks

Aller à Philadelphie sans croquer dans l’un de ses renommés «Philly Cheesesteaks» serait presque considéré comme un affront à la gastronomie locale ! Blague à part, ce sandwich de type sous-marin débordant de tranches de bœuf et de fromage fondu fait courir les locaux et touristes depuis les années 1930. Évidemment, de nombreux restaurants se targuent de servir le meilleur en ville. Au centre-ville sur l’heure du midi, l’un des endroits prisés est le Reading Terminal Market, où les kiosques servant ce mets typique côtoient des tonnes d’autres étalages de bouffe en tous genres.

Défi de taille pour le jeune Brock Purdy

À ce jour, la jeune sensation des 49ers Brock Purdy a participé à huit rencontres, dont seulement deux sur la route. C’est une lourde commande qui attend le quart-arrière en terrain hostile, à Philadelphie.

L’échantillon est bien mince, mais Purdy a bien paru lors de ses deux matchs à l’étranger avec deux victoires, quatre passes de touché et une interception. Il avait même orchestré une remontée de 10 points en deuxième demie à Las Vegas.

C’est cependant à Seattle, à la semaine 15, dans un stade très bruyant, qu’il a obtenu sa meilleure préparation en vue du défi qui l’attend. Même si l’amplitude du moment sera à une tout autre échelle.

«Quand nous avons joué à Seattle, coach [Kyle] Shanahan disait que c’était une bonne situation pour ce que nous pourrions éventuellement avoir à vivre en séries à Philadelphie. Dans ces matchs très bruyants, tout repose sur la communication, la façon de gérer le caucus et d’amorcer le jeu de la bonne façon à la ligne de mêlée. Nous avons mis l’accent là-dessus cette semaine et ce sera gros pour nous», a mentionné Purdy, dans un point de presse à Santa Clara.

Le respect de L’adversaire

Le choix de septième ronde au dernier repêchage tentera de devenir le premier quart-arrière recrue de l’histoire de la NFL à remporter un match de finale de conférence. Il deviendrait du même coup le premier pivot recrue à gagner trois matchs éliminatoires.

Purdy représente l’une des belles histoires dans le circuit Goodell cette saison et les Eagles sont loin de crier au mirage, au contraire.

«Trop de gens catégorisent les joueurs en fonction de leur rang au repêchage. Il joue vraiment bien. Il a prouvé qu’il pouvait gagner de gros matchs. Il est très bien entouré à l’attaque, ce qui l’aide à prendre de bonnes décisions», a louangé le secondeur T. J. Edwards.

Un parcours suivi

Le pilote des Eagles, Nick Sirianni, a déjà été le coéquipier et le co-chambreur de Matt Campbell, entraîneur-chef de Purdy à l’Université Iowa State. Il a donc suivi avec intérêt la carrière de Purdy, bien avant son éclosion inattendue cet automne.

«Je voyais qu’il était un gagnant et il fait encore les gros jeux quand vient le temps d’aller chercher des victoires», a-t-il dit cette semaine, au sujet du quart-arrière de 23 ans.

D’ailleurs, les quatre quarts-arrière dans le carré d’as présentent une moyenne d’âge de 25 ans et 98 jours, ce qui est du jamais-vu, selon NFL Research.

«C’est bon pour la ligue, s’est réjoui Sirianni. Plus il y a de jeunes quarts-arrière qui jouent à un haut niveau, plus le sport est excitant.»